Un beat sec qui découpe des nappes lointaines et élégiaques, tout en pianos et flûtes filtrées. Un boom-bap classique mais élégant, calé aux alentours de 80 BPM. Une voix légèrement brisée à la rage contenue, à deux doigts de la rupture. Ici, pas de fioritures inutiles, pas de démonstration technique tapageuse, pas d’appuis de voix superflus, pas de refrains racoleurs. Le prodo s’efface pour laisser tout l’espace aux mots possédés d’un MC qui ne donne pas dans l’esbroufe. Hartigan n’a pas quitté le gouffre pour t’ambiancer. Il a des choses à nous dire. Froidement. Mais comme si le futur en dépendait.

En 3 clips, Hartigan est devenu à nos oreilles une plume qui compte, déroulant ses rimes implacables d’ange déchu, qui tombent comme des couperets sur les illusions dont les hommes se bercent pour faire semblant de vivre. Les mots d’Hartigan sont comme suspendus hors du temps, ils semblent ceux d’une âme perdue qui contemple sa morne existence au moment de quitter une Terre sans joie. Une Terre qui n’est sans doute que l’Enfer d’une autre planète. Et la seule lueur qui vienne éclairer ces plages désolées est celle des flammes qui nous sont promises.

« Laissez tout espérance vous qui entrez ici ». Comme Dante, Hartigan ne rebrousse pas chemin devant la mise en garde qui surplombe la porte maudite. Il garde les yeux grands ouverts, et nous invite à le suivre si on a comme lui le courage d’affronter notre damnation, et si comme lui on « garde en mémoire que même le diable était un ange avant ».

« Purgatoire », le projet commun d’Hartigan et Mani Deiz, débarque début mai. On vous en reparlera forcément, si l’on est toutefois parvenu à revenir d’entre les morts.

MaNu