Interview : Maude Jnvx

A l’occasion du jumelage du Cabaret Vert entre Charleville, Charleroi et Liège, on a eu l’opportunité de discuter avec Max Meli, cofondateur de Back in the Dayz, super structure belge comprenant une agence de management, de booking et d’organisation d’événements active depuis 2009.

iHH™ Magazine : Salut Max ! Merci de nous donner un peu de ton temps !

Max Meli : Avec plaisir, c’est normal.

iHH™ Magazine : Je voulais revenir avec toi en premier lieu sur Back In The Dayz, cette année vous fêtez vos 10 ans c’est bien ça ?

Max Meli : Exactement, tu es bien renseignée !

iHH™ Magazine : Qu’est-ce que tu retiens de ces 10 années de travail qui vous ont mené à cette grosse structure que vous avez aujourd’hui ?

Max Meli : Ce qui est vraiment top, c’est que c’est toujours les mêmes personnes, l’équipe est plus grande certes mais ceux présents depuis le départ sont toujours là. De la même manière pour les artistes qu’on encadre, un mec comme Jean Jass, à l’époque son groupe (Exodarap) roulait déjà avec nous. En 10 ans, on a vécu de nombreuses aventures humaines et il y a eu beaucoup de développement. On a bien avancé et on a prit part dans le développement du rap belge, en France notamment. C’est cool de voir qu’en 10 ans, la reconnaissance du rap belge à l’étranger a énormément changé, et pour nous c’est une aventure de dingue, on a pu faire de beaux voyages, on a sorti des albums qui vont perdurer, on a réalisé énormément d’évènements. Que des bons souvenirs ! Beaucoup de taff mais aussi beaucoup de plaisir. On a grandi avec ça du coup.

iHH™ Magazine : Toi tu es co-fondateur de Back In The Dayz avec Anthony Consiglio.

Max Meli : C’est ça.

” A la base, on voulait faire venir Orelsan à Charleroi”

iHH™ Magazine : Donc, d’un projet qui est parti à deux, aujourd’hui vous êtes bien implantés et vous avez développé plusieurs branches, par exemple Studio Planet (studio d’enregistrement avec Caballero et Jean Jass), Studio38 (studio photo avec Guillaume Kayacan) entre autres. C’était le but depuis le départ d’être complètement autonome ?

Max Meli : Non non, à la base Back In The Dayz a été crée parce qu’on voulait faire venir Orelsan à Charleroi, il est venu on a réussi à l’avoir, et ça c’était notre premier vrai concert, organisé de bout en bout. Ca a bien marché, du coup on en a organisé un deuxième, un troisième et puis on avait des amis rappeurs donc on leur faisait faire les premières parties. Le projet s’est développé comme ça, ensuite on a cherché des labels pour ces jeunes rappeurs là, il n’y en avait pas donc on a pris les choses en main. Tout s’est fait comme ça mais ça n’a pas vraiment été calculé, au fur et à mesure du temps on a grandi, grandi, grandi. Tu vas d’opportunité en opportunité et puis voilà. Ca s’est fait naturellement !

iHH™ Magazine : C’est vraiment cool, et puis maintenant que vous êtes plus nombreux, il y a plein de métiers différents au sein de Back In The Dayz, les talents se croisent.

Max Meli :Ah oui clairement, on peut dire qu’on est une structure à 360 degrés. On encadre à 100% les artistes avec lesquels on travaille, que ce soit au niveau du management, de la musique, du studio, les concerts, l’aspect live.

“On peut dire qu’on est une structure à 360 degrés”

iHH™ Magazine : Et même l’esthétique au final !

Max Meli : Oui ! C’est des choses qu’on travaille c’est certain. Il y a des gens dans l’équipe qui sont forts là dessus. On écoute toujours les artistes, on en discute tous ensemble. Après tu vois, quelqu’un comme Roméo Elvis, il a vraiment son identité et ça sort de sa tête. Nous on l’aide avec les moyens dont on dispose.

iHH™ Magazine : Votre écurie est majoritairement composée de rappeurs francophones, voire anglophones. Est-ce que vous avez déjà pensé à collaborer avec des artistes flamands ?

Max Meli : Pour le moment on en a pas ! Après tu sais, chez nous c’est vraiment une famille, les artistes qu’on a en management, pour la plupart, c’est vraiment notre équipe. On parlait de Roméo, Caba et Jean Jass, la Smala…

iHH™ Magazine : C’est une bande d’amis avant d’être une bande de mecs qui bossent ensemble.

Max Meli : Voilà, exactement. On travaillait ensemble avant que ça décolle, ça a marché et on a continué. Les choses se sont faites naturellement, et maintenant il y a de nouveaux artistes comme 47Ter, Todiefor, Ico qui nous ont rejoint. Ils sont arrivés un peu plus tard et c’est génial, mais de base c’était vraiment en famille. C’est vrai que, du coup, le rap néerlandophone c’est peut être pas un truc sur lequel on se sent encore à l’aise. On se dit qu’il y a des gens qui vont vraiment le faire mieux que nous ! Je pense qu’on connait bien le marché français, francophone, et on peut très bien accompagner nos artistes là dedans. Pour ce qui est du rap néerlandophone, moi personnellement je ne vois pas bien ce que je pourrais apporter à ces artistes.

“Je pense qu’on connait bien le marché francophone, et on peut très bien accompagner nos artistes là dedans”

iHH™ Magazine : Je pensais à ça parce que Bruxelles est tout de même une ville très cosmopolite, ça parle plusieurs langues. Avec IHH, on revient tout juste d’un gros festival hip hop en Hollande, et on était surpris de voir à quel point les hollandais sont friands de rap belge flamand. C’est ultra présent là bas, alors qu’en France ou en Belgique francophone, ça ne revient pas souvent.

Max Meli : En France non. A Bruxelles oui ! C’est très récent en fait. Il y a toute une nouvelle scène belge, c’est cette génération qu’en France vous connaissez avec Damso, Hamza, Roméo, Krisy. Pour nous en Belgique, il y a quand même une percée du rap néerlandophone avec des mecs comme Zwangere Guy, Coely, Darrel Cole qui arrivent fort. Ce sont des artistes qui montent en même temps que leurs collègues francophones, sauf qu’au lieu de s’exporter vers le marché français, ils s’orientent vers les Pays Bas.

iHH™ Magazine : Ca a été un beau coup de force de votre part de réussir à forcer le marché de français qui est quand même très fermé sur lui même pour pas mal de choses. Chaque chose en son temps !

Max Meli : Tu sais, des gens comme Damso ou Hamza, ils se sont faits tout seuls et ils ont tout raflé en France ! Nous on a participé pour certains groupes, mais Damso a tout pété sans notre aide, on a rien à voir dans son succès.

iHH™ Magazine : Cette année, une corde de plus à votre arc avec ce jumelage du Cabaret Vert. Il y avait déjà une scène “Bruxelles Arrive” à Dour en 2017, c’était un peu sur la même idée

“Le live c’est le truc par lequel on a commencé”

Max Meli : Ouais, en fait “Bruxelles Arrive” c’était un show spécial pour Dour, c’était un plateau monté par Caballero, Jean Jass et Roméo. Là, on avait invité justement Zwangere Guy, La Smala, Krisy, les rappeurs avec lesquels on bosse tout les jours et qui font partie de la nouvelle génération dont on parlait juste avant. On a toujours aimé faire des créations, bosser avec des festivals, le live c’est le truc par lequel on a commencé donc on commence à avoir un bon réseau. Nous, ça nous permet aussi de gérer de bons spots en festival pour nos artistes, on tâche de placer ceux qui “font l’année“. On est toujours partants !

iHH™ Magazine : Comment s’est passé la rencontre avec le Cabaret Vert ? C’est de longue date ou c’est quelque chose de récent cette idée d’un plateau Back In The Dayz à Charleville ?

Max Meli : On a rencontré les organisateurs du Cabaret Vert très récemment, avec la Magnifique Society. C’était il y a un peu moins d’un an, on est partis au Japon ensemble et c’est là que Christian Allex [programmateur du Cabaret Vert, ndlr] nous a proposé de monter une scène Back In The Dayz au Cabaret Vert. On a suggéré des artistes et pour nous c’est cool car c’est pas loin de la Belgique tout en étant un festival important. Ca permet de faire rayonner la marque et en même temps ça nous permet de programmer des artistes qu’on aime bien et qui sont, selon nous, les artistes de l’année. Un mec comme Zola, je suis bien content de l’avoir suggéré à Christian parce qu’il a tout pété entre temps ! Di-meh, c’est un gars avec qui on bosse depuis longtemps et c’est cool que ça commence à bouger. Todiefor, c’est un artiste qu’on manage mais qui est plutôt electro/hip hop et qui commence à vraiment bien fonctionner, on est très contents de pouvoir le placer aussi. Et voilà, Krisy pareil, c’est un des gars qui va faire l’année pour nous. C’est top de pouvoir faire tout ça.

“Les noms qui figurent sur la programmation du Cabaret Vert cette année, c’est vraiment ceux qui ont un énorme potentiel pour nous”

iHH™ Magazine : C’est vraiment l’occasion de mettre en avant les nouvelles recrues, les rookies du rap qui débarquent.

Max Meli : Les noms qui figurent sur la programmation du Cabaret Vert cette année, c’est vraiment ceux qui ont un énorme potentiel pour nous, après c’est simplement des suggestions à Christian. Zola par exemple, on a rien à voir avec lui, c’est juste qu’on trouve que ce qu’il fait c’est mortel et qu’il avait sa place sur ce plateau là, donc on est super contents de l’avoir.

iHH™ Magazine : D’accord, c’est comme un petit coup de pouce !

Max Meli : On peut dire ça oui.

iHH™ Magazine : Il y a également Caballero, Jean Jass et Roméo Elvis qui figurent à la programmation du Cabaret Vert, ils ont participé aux sélections ? Entre Todiefor, Di-meh, Zola, Krisy, ou c’est uniquement toi et Anthony ?

Max Meli : En fait c’est pas les mêmes jours, Caba Jass et Roméo étaient déjà programmés. Le plateau Back In The Dayz c’est en plus de ça ! C’est génial. Pour nous c’est clairement du branding.

iHH™ Magazine : Okay ! Dernière question, vous avez des projets à venir ? De nouvelles structures ou quelque chose que vous voudriez grossir encore ?

Max Meli : On a surtout beaucoup d’espoir dans les artistes qu’on défend actuellement. Que ce soit avec Ico, Todiefor, 47Ter, ou même Yanso. Le but ça va être de pousser encore plus loin les artistes qui sont déjà reconnus et d’amener plus haut nos rookies. C’est surtout ça le challenge pour nous actuellement.

“On a des conditions de travail optimales !”

iHH™ Magazine : On avait rencontré Caba et Jean Jass pendant leur dernière tournée de promo (pour Double Hélice 3) à Paris et ils nous avaient longuement parlé du Studio Planet. On avait trouvé ça très cool !

Max Meli : C’est top, ça permet d’avoir un studio dans lequel l’équipe peut travailler, ce qui est bien aussi c’est qu’on a Jules Fradet (ingénieur du son belge) qui bosse avec Damso entre autres et avec notre équipe, qui est quelqu’un de vraiment connu dans le métier et qui nous offre la possibilité d’avoir des productions de qualité. Il accueille les jeunes artistes pour voir ce qu’on peut mettre en avant. On a des conditions de travail optimales !

iHH™ Magazine : Je te remercie pour ton temps ! On se voit vite au Cabaret Vert alors.

Max Meli : Ca marche, à très vite.