Rédaction : Sébastien Muzi
Photographies : Maude Jonvaux

Pour cette dernière soirée du Nancy Jazz Pulsations, trois grands artistes se partagent la scène : Oumou Sangaré, Gogo Penguin et Selah Sue. La soirée est sold out depuis des semaines et s’annonce aussi festive que son affiche !

Invitation au voyage

Gogo Penguin ouvre le bal avec une invitation au voyage mêlant claviers et piano. Les notes mettent en suspens les souffles à grands renforts d’échos et la contrebasse fait souvent office d’architecte discret du son, comme une voie qui vient appuyer le tandem piano – batterie.

La setlist donne l’opportunité au public de découvrir de nouveaux morceaux live. On alterne entre épisodes doux et passages qui sonnent comme de soudains orages. Toute la technicité de Gogo Penguin est mise au service d’une prestation nuancée et mémorable.

Wassoulou vibes

La diva malienne Oumou Sangaré monte sur scène pour propager avec une beauté folle la joie de vivre et le positivisme. Accompagnée de nombreux musiciens, la chanteuse livre une prestation solaire où les sonorités maliennes se mêlent au blues et à la soul. Sa musique s’inspire des musiques et danses traditionnelles de la région du Wassoulou, en Afrique de l’Ouest. Sur scène, on découvre d’ailleurs une kora, instrument à cordes originaire du Mali.

Artiste majeure de la scène africaine contemporaine, Oumou Sangaré a une carrière qui vaut le détour. Grande défenseuse de la cause des femmes à travers le monde, elle se bat depuis des années contre l’excision ou le mariage des enfants. A travers ses chansons joyeuses et puissantes, elle raconte le Mali et condamne les traditions qui enferment les femmes dans un rôle.

Commandeur des Arts et des Lettres de la France depuis 1998, Oumou Sangaré a plus d’un tour dans son sac. Cette grande dame a également travaillé avec de nombreux autres grands artistes comme Herbie Hancock ou encore Tony Allen avant d’être adoubée après 30 ans de carrière par les pop stars actuelles. Beyoncé l’a même samplée pour sa chanson « Mood 4 Eva » pour le film Le Roi lion, et Alicia Keys fait d’elle une référence.

Une clôture en beauté

Selah Sue vient clore la soirée. La chanteuse, très attendue par le public, est plus en forme que jamais. Accompagnée de trois choristes et d’un band, la chanteuse belge aux multiples succès dévore déjà la scène. Arrivée sur « Just Because I Do », Selah Sue enchaine rapidement avec « Black Part Love ». Les cuivres résonnent sous le chapiteau.

On découvre en live quelques titres du nouvel album très éclectique « Persona » sorti en mars dernier après 7 ans d’absence, comme « Catch my drift », « There Comes a Day » ou « Twice a day ». Sur l’album, un featuring avec Damso et une setlist aux sonorités éclectiques, pop, électro, soul, drum and bass, rap, Selah Sue était bel et bien de retour !

Thérapie musicale

La chanteuse s’est livrée récemment dans des interviews et sur ses réseaux sociaux sur les difficultés psychologiques qu’elle avait traversées, et la musique semble avoir joué pour elle un rôle de thérapie apaisante. C’est évidemment tout le bien qu’on lui souhaite. Ce qui est certain, c’est que sa voix aussi cassée que mélodieuse, reconnaissable entre mille, finit de réchauffer les cœurs du public, déjà bien cajolés ce soir.

On découvre un remix hyper funky de son titre avec Childish Gambino « Together » sorti en 2015. Les accents ragga des débuts de sa carrière sont toujours là, et son intemporel « Raggamuffin » fait danser le public, tout comme « Crazy World ». On retrouve également « This World », dont on ne comprend toujours pas pourquoi il n’a jamais été à la B.O d’un James Bond. La voix de Selah Sue emplit la salle, le groove de la basse fait bouger les têtes.

La communion du public est parfaite, pleine d’amour pour la musique, le jazz et la soul. Encore une très belle édition du Nancy Jazz Pulsations, rendez vous incontournable de la rentrée. A l’année prochaine !