Duo Marseillais composé des beatmakers/producteurs Buddah Kriss et Oliver, Just Music Beats se distingue depuis le premier jour par une production haute en couleur et en grain. Bien posés pour l’apéro chez le photographe Rodrigo, iHH™ revient avec eux sur leur impressionnante carrière sans faux pas, et plus particulièrement sur une année 2023 chargée où ils ont enchaîné les collaborations de qualité : M-City, Double Zulu, le groupe de jazz Limousine, Fuego Bass (BSF) feat. Rick Hyde & Sheek Louch, Tedax Max, CHAM Rapper, Ice Crimi, Mr JL, Hemo, Benjamin Epps, Dr. Kimble, Tres Coronas, la sortie vinyle et cassette audio de l’album “Astéroïde” d’Akhenaton et les sorties en vinyle de “Modus Operandi” de Napoleon Da Legend et en toute fin d’année du “HHHIstory” de IAM.

Interview : Claude EisZ

Photos : Rodrigo @rodrigodvco

Photo © Rodrigo @rodrigodvco pour iHH™ Magazine

iHH™ : Comment avez-vous contracté le virus du hip-hop ?

Oliver : Je suis tombé dedans, comme Obélix… Buddah Kriss a davantage mangé que moi [rires]. Le rap, c’est notre vie. On a grandi avec !

Buddah Kriss : J’ai mal commencé : ma mère m’a acheté “Bouge De Là” de MC Solaar en cassette audio… J’étais mino, j’avais 9 ans et j’habitais à cette époque en Guyane. C’était cool ! Je suis passé par une période très rock et métal tout en écoutant du rap ; c’était les années skate. Un jour, je suis allé m’acheter une cassette de Cypress Hill. Puis une autre de “Wu-Tang Forever” : Là, c’était fini !

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iHH™ : Qu’est-ce qui vous amené à vous lancer dans l’art du beatmaking ?

Buddah Kriss : À la base, j’ai commencé DJ. Je mixais, je m’entraînais à faire du scratch : j’avais un niveau pas si pourri que ça. Au bout d’un moment, cela m’a gonflé de mixer les morceaux des autres. J’ai voulu essayer de composer mes propres trucs. Après avoir eu le brevet des collèges, ma mère m’a proposé comme cadeau de choisir entre un scooter ou un ordinateur : j’ai pris l’ordinateur. C’est parti de là ! J’ai installé Cool Edit Pro et Hip-Hop eJay, je mettais des trucs en boucle sur Cool Edit pour les importer ensuite sur Hip-Hop eJay. Où là, j’y rajoutais des drums avec les kits de base pour essayer de faire des prods. Je kiffais ! Quand j’étais au lycée, j’avais un pote qui rappait sur mes instrus. Il se reconnaîtra : Poussin, Christophe de son prénom ! Pendant mes années lycées, j’ai rencontré un gars avec qui j’ai sympathisé. On est toujours potes, il fait toujours de la prod° et il est super actif en ce moment : c’est Krimophonik !

Oliver : Comme beaucoup de mecs à Marseille, j’ai rappé à partir de 1995. On se rejoignait chez ceux qui avaient des instrus : ça rappait en freestyle. Puis, je suis parti aux États-Unis en 1996 pour ne revenir que 1 an et demi après et retrouver ma bande de potos. En rentrant, je ne savais pas si je voulais rapper en anglais en français. À cette époque, pour rapper, tu cherchais des instrus, tu essayais de trouver le son que tu voulais… On était très cainri. Ce qui se faisait dans le rap français ne nous ressemblait pas. Nous voulions des sons comme Redman ou comme le Boot Camp Clik et nous ne trouvions pas de beatmaker français qui faisait ce genre de sons. En France, le rap commençait à devenir le rap français et plus le rap en français. Du coup, je me suis lancé dans la production.

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iHH™ : Pourquoi avoir choisi le blaze de Just Music Beats (J.M.B.) ?

Oliver : À la base, c’était Just Music Records, créé en 2004. En même temps, on a créé un studio associatif. Nous avons commencé à apprendre l’ingénierie du son : l’enregistrement et le mixage, entre autres. Et à faire tourner un studio ! Beaucoup de rappeurs sont venus et je faisais écouter mes sons. Tout de suite, ça a accroché avec certaines personnes et on les a ramenés sur nos projets. Just Music, à la base, c’est pour ne pas se prendre la tête. On ne fait que de la musique : C’est juste de la musique !

iHH™ : Qui vous a aidé à Marseille ?

Oliver : C’est mon petit frère qui m’a aidé. Il a toujours été dans les ordinateurs. Il suivait l’évolution. D’ailleurs, dès que les premiers logiciels à visualisation de samples comme FruityLoops [aujourd’hui appelé FL Studio – NDLR] sont sortis, cela m’a permis de découper les samples différemment que sur une MPC. L’édition en a été facilitée.

Buddah Kriss : Pour moi, c’est un ami, un membre de la famille Just Music Beats : Tom ! On a traîné ensemble. Nous allions à la Bibliothèque Alcazar pour y récupérer des albums de soul : des rééditions japonaises de disques de soul pour les sampler comme des cochons. C’est celui qui m’a montré le beatmaking avec des logiciels professionnels et des vraies machines comme le Akai S3000. Chez les pionniers, Djel (DJ de la Fonky Family) que j’ai connu très tôt, m’a revendu la paire d’enceintes que j’utilise toujours : des MSP5 Yamaha.

iHH™ : Souvent, dans vos interviews, vous êtes présentés comme étant très new-yorkais dans l’approche de votre musique. Qu’en pensez-vous ?

Oliver : New York, c’est la base ! c’est la Mecque !

iHH™ : D’ailleurs, en parlant de vous et de certains de vos confrères, peut-on dire, comme pour le rap, qu’il y a le beatmaking français et le beatmaking en français ?

Oliver : Non, le beatmaking, c’est universel ! La finalité, c’est ce que le rappeur vient chercher comme type de beats. Peu importe d’où cela vient : que ce soit un Hongrois, un Brésilien, un Finlandais… Après, en effet, il y a des beatmakers qui suivent le rap français. Nous, on ne se met pas là-dedans.

Buddah Kriss : Nous, ce que l’on fait, c’est du beatmaking en français. Nos influences sont vraiment américaines. On va aux sources. Cette école du rap français avec les prods de piano/violon triste et de mélodies relou : ça me fait chier, c’est de la merde ! Pour faire un morceau deep, on ne fait pas dans le frontal, on ne va pas faire une mélodie où tu vas avoir envie de chialer en écoutant un piano qui pleure. Ce que l’on essaye d’apporter, c’est un mood !

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iHH™ : Quels sont vos morceaux cultes créés par d’autres producteurs et qui contribuent à votre exigence d’excellence ?

Buddah Kriss : Mon morceau de rap préféré, c’est “The Ruler’s Back” de Jaÿ-Z, produit par Bink! au sein de l’album “Blue Print”  sur un sample du morceau “If” de Jackie Moore. C’est la quintessence de la production parfaite.

Oliver : Moi, impossible de choisir. Trop de morceaux m’ont traumatisé !

iHH™ : Si, je dis de vous que vous êtes des beatmakers infâmes, producteurs de crapulerie sonore… Qu’en dites-vous ?

Buddah Kriss : Totalement, c’est un peu notre bio sur Instagram : “Beatmakers infâmes”… On aime le rap dur, le rap hardcore, le rap grimy : On adore quand ça claque, que ça parle mal dans les lyrics et que ça rappe bien. Du Ice Crimi !

Oliver : Avec Ice Crimi, on s’est bien trouvé.

Buddah Kriss : On est comme Minus et Cortex [personnages du dessin-animé Pinky & The Brain – NDLR] dans le même laboratoire quand ils veulent conquérir le monde. On se comprend, on est sur la même ligne directrice, on a les mêmes références et les mêmes influences. On n’a pas besoin de tourner autour du pot pendant trois plombes. C’est ce que l’on aime bien avec les artistes avec qui on travaille. Ils ont la même culture que nous : Ron Brice, CHAM Rapper, Perso, Benjamin Epps, Ice, Tedax, Tookie, AKH, Veerus… On aime la même musique, le même type de rap. On ne parle pas chinois. Quand on envoie des prods, les mecs captent d’entrée dans quel délire on est ; ils savent !

ICE CRIMI & JUST MUSIC BEATS – “GRAND DU TIEKS’

iHH™ : Avant, vous vous plaigniez qu’une majorité de rappeurs dormaient avec vos productions sans réellement les exploiter. Le succès d’estime aidant, est-ce toujours d’actualité ?

Buddah Kriss : Ça a changé, c’est beaucoup plus rapide maintenant. Après, je suis toujours là pour mettre la pression et téléphoner : “Elles sont où les pistes ! Tu as gratté ? On en est où ?”. On a aussi la chance que les artistes nous contactent pour ce que l’on fait. Les mecs viennent nous voir pour le son particulier qu’on propose. Ils veulent cette touche, ce son new-yorkais de Marseille [rires]. Ce qui me fait plaisir, c’est quand un rappeur que j’apprécie beaucoup, comme Heskis par exemple, m’a dit un jour : “Hey, quand j’ai des prods à vous, là, je suis dans une espèce de pression : il faut que je sorte des katas secrets ! Parce que les prods sont tellement fat qu’il faut que je sois au niveau du truc. Sinon, je me fais bouffer”. Big-up à lui : vrai rappeur !

Heskis – “Burn Out” (prod°. Just Music Beats)

iHH™ : L’année dernière, le hip-hop fêtait ses 50 ans. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Oliver : Les hip-hop 50, ça n’existe pas en France. C’est une culture américaine. Cela ne fait pas 50 ans que cette musique est arrivée chez nous. Du coup, on n’a pas de date réelle du début du hip-hop en France. Moi, je n’ai pas de date. Ce n’est pas la même culture. Il y a juste à constater que ce que l’on appelle rap, aujourd’hui, c’est de la musique pop. Eux, ils n’ont pas du tout fêté les 50 ans. Ils s’en battent les couilles. Il y a eu quelques coups d’éclat à Paris. Le rap cainri, il y a beaucoup plus de monde. Il y a une histoire importante autour des mecs des années 70, des années 80. L’époque des années 90, je ne dirais pas qu’ils s’entendent, mais, ils arrivent à se voir. Ils ont fait plein de morceaux ensemble. Ceux de New York, maintenant, ils s’entendent bien avec les mecs de L.A. alors qu’à une époque, c’était beaucoup plus compliqué. Donc, il y a une autre histoire : voilà !

iHH™ : Retour sur vos collaborations, et plus particulièrement sur celles de l’année dernière 2023. La majorité des rappeurs produits pratique le slow flow avec une plume acerbe et affutée comme Ice Crimi, Tedax Max, CHAM Rapper ou encore Dr Kimble. Peut-on dire que vous avez instauré un étendard musical Just Music Beats ?

Oliver : Nous, on fait du rap. Tant mieux si certains le pense. Avant, quand on produisait Perso, il y a des mecs sans se l’avouer qui ne voulaient pas l’inviter parce qu’ils savaient qu’ils allaient se faire bouffer. C’est le rappeur favori des rappeurs. Alors que c’est juste un mec qui rappe. J’en parlais avec Ice Crimi. Un rappeur, pour moi, c’est tout terrain, il peut se poser sur de la trap, sur du drill, sur du boom-bap, si on appelle cela comme ça. Je doute que beaucoup de ces pseudo-rappeurs d’aujourd’hui, qui font ce qu’ils font, puissent rapper sur des trucs comme ceux qu’on produit. C’est trop lent pour eux. Ils n’arrivent pas à se poser, à aérer le texte. Un peu comme la différence qu’il y a pu y avoir entre les rappeurs des années 80 et ceux des années 90.

PERSO (Le TURF) “Place Du Mort” (Prod°. Just Music Beats)

iHH™ : À ce titre, quand est-ce que vous nous produisez une compil° à l’image de “Hostile”, de “Time Bomb” avec votre équipe ?

Buddah Kriss : Flemme ! Parce que faire une compil° multi-artistes, c’est un truc qui casse la tête ! Il faut que tu contactes tout le monde. Ça n’est pas compliqué en soit. Mais, il faut courir après les couplets de tout le monde. Que tu mettes en place des combinaisons parce que tu ne peux pas faire que des solos. Tu as envie de faire des combos : tu veux faire rapper un tel avec un tel avec le refrain d’un autre. C’est normal. Le problème, c’est que je connais les rappeurs. Les gars, je vous aime ! Mais, vous faites chier ! Genre : “je n’ai pas le temps, je suis sur mon album”… Tu vas attendre entre 6 et 9 mois pour avoir un couplet. Quand c’est pour eux, ils te shootent un truc en deux semaines. Mais, quand tu vas les appeler : “C’est bon, attends ! Là, ma meuf, elle a accouché, je me suis fait les ligaments…” Donc, flemme [rires].

Oliver : Je reviens sur la question d’avant puis sur la compil°. Oui, on a un étendard dans le sens où notre réseau de rappeurs fait des morceaux ensemble. Il y a un mouvement que l’on a influé parce qu’on a rencontré des bons rappeurs à qui on peut proposer des choses. Par exemple, Tedax Max. On bossait avec Double Zulu. Il a fait un morceau avec lui et il nous l’a présenté. Nous, on a enquillé avec Tedax : “Vas-y frérot, viens faire un morceau avec nous”. Puis finalement, cela a abouti à un EP. D’ailleurs, on travaille déjà sur un autre. En fait, c’est ça l’équipe. On arrive avec ! On veut grossir le réseau petit à petit. Cela étant dit, il y a aussi la question économique. On aurait un label avec de l’argent, on cale tout le monde en studio, et on la fait la compilation ! Il y aussi la question géographique, les rappeurs avec qui on bosse sont à Paris. On peut faire enregistrer les Marseillais et les mecs pas trop loin mais pour les Parisiens, il faut monter pour les checker, les caler. On y a pensé mais on ne le fera pas. Parce qu’à ce jour, les conditions ne sont pas réunies. Nous sommes en mode passionnés, pas en mode prise de tête !

iHH™ : Vous avez démarré le BEST OF RAPPER 2023 de la rédaction d’iHH™ Magazine avec le titre “Messe Noire” de CHAM Rapper. Quel a été le processus de création de cette master class ?

Buddah Kriss : Je me lève un matin… Yo, j’invoque les esprits. J’invoque Pusha T ! Je me dis : “Kriss, si tu dois faire un beat pour Pusha T, lequel ferais-tu ?” Et je fais cette prod°. C’est tellement cainri : le gospel, ce côté religieux, ses sonorités Roc-A-Fella du milieu des années 2000 et avec cette fraîcheur de maintenant dans la rythmique. Une fois la prod° terminée, je me dis qu’il n’y a qu’un seul mec qui peut rapper là-dessus : c’est CHAM. CHAM, toutes les prods que personne ne veut prendre, il les prend et il les retourne.

Oliver : Quand on fait une prod°, on sait qui peut poser – ou pas – dessus. Lui, il a le flow chaloupé calibré pour ce type de prod°.

Buddah Kriss : Quand je parle de CHAM avec Tedax ou Benjamin Epps, nous sommes tous d’accord pour dire que CHAM a un flow élégant ! Quand tu écoutes le rap de CHAM, tu as envie de mettre des belles chemises. Tu as envie de boire du champagne [rires].

CHAM rapper – “MESSE NOIRE” (Prod° Just Music Beats)

iHH™ : J’ai lu que vous faisiez la direction artistique de certaines de vos collaborations. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

Buddah Kriss : Sur tous les projets produits de A à Z, on fait la direction artistique. On amène une certaine couleur dans le choix des productions proposées. Comme avec Hemo, ce monstre ! Là, on travaille actuellement sur un projet avec lui. Nous en sommes à 5 titres. Ils nous en reste 3-4 à faire pour boucler le projet. On s’investit toujours à fond dans le choix des prods puisque nous sommes beatmakers. Puis, pour tous ce qui est visuels, nous appelons notre graphiste Bang Bang Artwork.

iHH™ : Au-delà de votre duo, peut-on dire qu’il y a une équipe J.M.B. à l’image de vos covers réalisées par Bang Bang Artwork ? Si oui, pouvez-vous nous présenter l’équipe J.M.B. ?

Oliver : Bang Bang ! Pour l’histoire, il fait partie de Just Music Records. L’équipe : c’est Marti, son frère Violentino, Yul, Maro, Kriss est arrivé après et enfin Bang bang, le graphiste. Marti était aussi graphiste tatoueur. Du coup, on a toujours été en mode : l’image, c’est important ! Les pochettes, les clips… Bang Bang, il est là depuis toujours. On a toujours travaillé les pochettes avec lui. Il sait tout de suite ce que l’on veut. On part soit sur un thème, soit en fonction du titre qui ressort le plus dans ce que l’on veut mettre en image.

Buddah Kriss : Bang Bang, notre graphiste, et David Meaume pour nos masters audio !

Oliver : Je rajouterai mon petit frère. Pour le sample, il a une collection de vinyles de fou. Et aussi tous nos proches sans quoi Just Music Beats ne serait pas là.

Buddah Kriss : On va rajouter Don Lino de Lyon. C’est lui qui fait les teasers, les montages en animé de nos visuels et les montages vidéo de nos projets.

Visuels épiques réalisés par Bang Bang !

iHH™ : Oliver, souvent, tu donnes comme conseils aux beatmakers de digger (rechercher des samples). Toutefois, à l’écoute de vos titres, on ressent bien le sample comme fondation de vos productions mais parfois des instruments jouent pour appuyer vos productions comme des claviers. Qu’en est-il ? Avec quels musiciens/arrangeurs bossez-vous ?

Buddah Kriss : Essentiellement, nous faisons, tout nous-mêmes. Nous diggons à fond.

Oliver : À l’époque studio, je m’occupais plus des arrangements chez Just Music Records. Pendant l’album “L’as De Diamant” de Just Music Records, Kriss est arrivé. Il s’est investi à fond. Il y avait un ingé-son. Il y a eu un passage de tips.

Buddah Kriss : Oui parfois, on fait appel à Fred “Labo Klandestino” ou encore de Denis “Rastyron”.

iHH™ : Comment les avez-vous connus ?

Buddah Kriss : Denis, je l’ai connu en travaillant avec IAM. En 2010, j’ai commencé à travailler sur “We Luv New York” à La Cosca. Nous nous sommes rencontrés là-bas, puisqu’il fait les claviers et les arrangements pour IAM.

Photo © Rodrigo @rodrigodvco pour iHH™ Magazine

iHH™ : Êtes-vous signés en éditions à La Cosca ?

Buddah Kriss : Non, pas du tout. Nous n’avons jamais eu de contrat avec personne. Nous avons toujours été libres. On fait des sons, on produit. Oliver et moi avons toujours été indépendants.

Oliver : On a discuté avec les gens de l’industrie. Après, il y a les chiffres !

Buddah Kriss : Le rap que l’on fait, la manière que nous avons de faire du rap, n’est pas viable pour les maisons de disques. Si tu veux utiliser Just Music Beats, il va falloir clearer des samples :il faut des centaines de milliers d’euros [rires]. Quand tu es en maison de disques, ça peut fait peur.

Oliver : Faites de la compo. Nous, on ne sera pas aussi bons que ce que nous faisons là. Nous avons une habitude de travail avec du sample. Le soir, je suis chez moi, tranquille. J’ai mon casque. Je digge sur internet. Je ne suis pas là, à réfléchir : est-ce que je vais jouer une guitare sèche ? Je ne suis pas musicien. Notre musique vient d’autres qui m’inspirent à récupérer le truc, à le découper, à le filtrer notamment. C’est aussi créatif. Le beatmaking, c’est un art et de l’expérience.

JUST MUSIC BEATS x AKHENATON – “MON TEXTE, LE SAVON Pt. IV

iHH™ : Kriss, peut-on dire que tu es celui qui, par tes mix, donne la couleur à J.M.B. ?

Buddah Kriss : Oui, si l’on considère que le mix donne une couleur.

Oliver : C’est aussi l’expérience et les rencontres qui nous ont donné l’oreille pour arriver à cette couleur.

iHH™ : En termes de rendus de vos productions, il y a une cohérence de spectre sonore. Est-ce que c’est David Meaume qui vous amène cette touche J.M.B. ? Comment bossez-vous avec lui ?

Buddah Kriss : David, c’est le magicien : c’est lui qui met les petits trucs qui feront que le produit sera consommable. David, c’est le fut de chêne dans le whisky [rires]. C’est lui qui va donner tout le goût.

Oliver : David, il affine !Buddah Kriss : David, c’est le meilleur ingé-son que j’ai rencontré. Il connaît notre musique, il la comprend. Il a la culture de notre musique et il a la technique. Quand il va reprendre mes mix et masteriser nos projets, il sait ce que l’on veut et il prend plaisir à le faire. David, en quelque sorte, c’est un membre de Just Music Beats.

iHH™ : En tant que cinéphiles et amateurs de pop culture, avez-vous des incontournables à conseiller à nos lecteurs pour rentrer dans l’univers sonore très marqué de J.M.B.

Buddah Kriss : Regardez tout “Star Wars”, “Battlestar Galactica”, “Star Trek” notamment. La filmographie de Ridley Scott, John McTiernan [rires]… Là, c’est interview pour Konbini… On en a trop : le cinéma, c’est la base !

iHH™ : Au fait, c’est quoi le délire de vos pseudos sur les réseaux comme Jimmy Ruckus ?

Buddah Kriss : Jimmy Ruckus, c’est uncle Ruckus dans The Boondocks. Le blaze, je l’ai trouvé stylé, ça fait blaxploitation avec en plus un écho au titre Bring Da Ruckus” du Wu-Tang Clan. Ça colle à la perfection à mon caractère. J’ai aussi pris ce blaze quand je faisais de la vidéo. Pour dissocier l’identité du vidéaste et du beatmaker, j’ai fait deux a.k.a. différents.

Oliver : Jery Gangstleman. J’avais un compte Facebook sous ce nom qui a sauté [rires]. Jery, c’est mon deuxième prénom. Mon autre blaze, c’est Carlito Olega.

Buddah Kriss : Mon autre blaze de beatmaker, c’est Michael Drunker.

iHH™ : 2024, l’année de nouvelles collaborations pour J.M.B. ? Allez-vous vous développer aux États-Unis ?

Buddah Kriss & Oliver : Surprise motherfucker !

Oliver : Pour les Américains, il faut être là-bas.

iHH™ : Pour les afficionados de rap bien ficelé, avez-vous des artistes en développement à faire découvrir à nos lecteurs ?

Buddah Kriss : Suivez Tookie.

iHH™ : Il est d’où ?

Buddah Kriss : Il est du 94.

iHH™ : Vous êtes une des fiertés du beatmaking français. À quels autres beatmakers donnez-vous du respect ?

Buddah Kriss & Oliver : Dans le désordre : Krimophonik, Sebb Bash, En’Zoo, DJ Stresh, Creestal, Wave CLIQUE… Après, il y a les légendes : DJ Sek, Imhotep, Akh dans son prime en tant que beatmaker et Shurik’n. On oubli certainement des gens. Grand respect à tous ceux qui travaillent. L’Everest aux USA : The Alchemist !

Benjamin Epps – “Plié en 5

iHH™ : Le mot de la fin.Buddah Kriss & Oliver : Dans nos bios, il y a écrit : “La fin, c’est nous