Des bouleversants hommages célébrant AHMAD JAMAL et NOUGARO aux odyssées grisantes menées par ERIK TRUFFAZ, ANNE PACEO ou MADELEINE & SALOMON, de la captivante soirée avec les chanteuses KAREEN GUIOCK THURAM et IMANY à la noche cubana attisée par ROLANDO LUNA, EL COMITE et CHUCHO VALDES. Ou encore la pugnacité flamboyante de BLACK LIVES, la grâce de CELINE BONACINA, la magie d’IBRAHIM MAALOUF et de ses TRUMPETS OF MICHEL-ANGE… Le cru Jazz In Marciac 2024 relève de l’excellence. Sur scène et dans la rue, la fête continue ! Au chapiteau aussi, avec notamment CHARLES LLOYD, YOUN SUN NAH, DELGRES. Et, à l’Astrada, avec l’AFRICAN JAZZ ROOTS, GAUTHIER TOUX et d’autres funambules du swing.

Photo : © D. DARR

Avant la clôture de Jazz In Marciac – affectueusement surnommé JiM –, le 4 août, en compagnie de la bassiste et compositrice Kinga Glyk et The Dire Straits Experience (featuring Chris White, ancien membre du groupe britannique de rock), des artistes hors pair s’apprêtent à investir le chapiteau et l’Astrada. Dans le gigantesquechapiteau, le légendaire saxophoniste, flûtiste, compositeur et improvisateur Charles Lloyd (le 1er  août, 21 heures) saura instaurer le climat méditatif dont il a le secret, à la tête de son Sky Trio (le contrebassiste Larry Grenadier et le batteur Eric Harland), avec, en spécial guest, le guitariste Jakob Bro. Sa nouvelle galette discographique, “The Sky Will Still Be There Tomorrow”, parue chez ECM / Universal Music, a récolté les lauriers de la critique. Toujours vibrant de rêves, l’octogénaire s’est souvent produit à Marciac. En 2016, c’est en profonde connivence avec Jason Moran (piano), Harish Raghavan (basse) et son batteur emblématique, Eric Harland, qu’il avait tissé un lyrisme à fleur de souffle.

Charles Lloyd @ Jazz In Marciac 2016, Jason Moran (piano), Harish Raghavan (basse), Eric Harland (batterie)
Réalisation : Jean-Marc Birraux

Parmi les merveilles à savourer, l’extraordinaire vocaliste sud-coréenne Youn Sun Nah (le 1er août), en seconde partie de Charles Lloyd, présentera son bijou d’album, “Elles” (Warner Music Arts), gravé avec le pianiste américain Jon Cowherd et consacré à des chanteuses qui l’ont inspirée – Nina Simone, Edith Piaf, Björk… Mais, à Marciac, c’est avec les deux tendres virtuoses des claviers, Eric Legnini et Tony Paeleman, qu’elle déploiera son chant aux mille nuances. Toujours au chapiteau, nous vous recommandons le guitariste électrisant Louis Matute (le 2 août) et l’incendiaire groove créole du trio Delgres (le 3 août, voir notre article https://ihh-magazine.com/le-nouvel-album-du-trio-delgres-nous-emporte-sur-un-chemin-de-liberation-vers-des-rivages-sonores-somptueux/ ).

À l’Astrada, extases soniques

L’Astrada, idéal refuge en temps de canicule du fait de sa climatisation, bénéficie de l’ultime et remarquable programmation de Fanny Pagès, sa directrice couronnée de distinctions (Victoire du Jazz de la meilleure programmatrice, Chevalière des Arts et des Lettres), qui part bientôt au Cambodge pour de nouvelles aventures autour de la culture. Elle sera remplacée par Victoria Larrain, début septembre.

À l’Astrada, donc, mention spéciale à l’African Jazz Roots (le 1er août, 21 heures), formé de Simon Goubert (batterie), Ablaye Cissoko (kora), Sophia Domancich (piano) et Jean-Philippe Viret (contrebasse). Ces émérites figures de la composition et de l’improvisation nous projetteront aux antipodes des collages simplistes entre jazz et éléments africains. Leur intelligence musicale met en œuvre une imbrication aussi sophistiquée que sensible. Le lendemain, place à Gauthier Toux (le 2 août, 15 heures, l’Astrada), l’ensorceleur des claviers, capable d’engendrer une extase sonique évoquant celle de l’électro, mais s’avérant, sous ses doigts, totalement organique. Epilogue, le 2 août, 21 heures, avec le tandem constitué par la productrice/compositrice et DJ française Chloé et l’investigatrice bulgare des marimbas, Vassilena Serafimova, pour de somptueuses noces entre machines et percussions.

JiM nous convie au banquet du jazz et des musiques cousines

Impossible, pour votre chroniqueuse, d’affirmer, concernant cette foisonnante 46e édition marciacaise, “Voici mon concert préféré”, tant les occasions de jubilation se sont multipliées. Comme si les artistes s’étaient donné le mot pour nous remonter le moral. Au fiel distillé en ces temps difficiles, ils et elles répondent par le nectar de leur art. D’ici le 4 août, soirée finale du festival, il reste encore à s’offrir, au banquet de Jazz In Marciac, maints délices musicaux et autres – cinéma, expositions, etc. Et ceci, que ce soit sous le chapiteau (dont la jauge s’élève jusqu’à 10 000 places), à l’Astrada (salle dotée d’une acoustique admirable), au festival Bis, libre d’accès et se déroulant sur la place de l’Hôtel de ville. Ou encore aux terrasses des bistrots et dans la rue, où se produisent des troubadours venus de tous horizons. Sans oublier des conférences, des débats, des activités en direction des enfants, le programme spécial de CinéJim 32 (cinéma d’art et essai de la charmante cité gasconne), les très appréciées dégustations de produits du terroir… Bref, il y en a pour toutes les générations et pour tous les goûts.

Archicomble, le chapiteau a, pour le moment, battu son record d’affluence avec la venue de Pink Martini et Vulfpeck, le 18 juillet, pour l’inauguration du 46ème JIM. Ce n’est pas du jazz ? “On s’en fout, rétorque, Aurélie, un sourire aux lèvres. Du coup, moi qui connais peu le jazz, j’ai décidé de rester quatre jours de plus à Marciac pour découvrir le trompettiste Erik Truffaz. Et j’ai fait une vraie découverte. Si le jazz, c’est ça, alors je crois que je vais aimer le jazz“.

Enormément de monde, aussi, pour Erik Truffaz. Le poète de la trompette a semé l’enchantement dans le chapiteau, au gré des titres de ses deux albums “Rollin'” et “Clap”, publiés en 2023 sur le prestigieux label Blue Note et dans lesquels il revisite des musiques de film. Avec ses complices de haute volée (son fidèle compagnon d’exploration, Marcello Giuliani, à la basse, le claviériste Alexis Anérilles, le guitariste Matthis Pascaud et le batteur Raphaël Chassin), il s’empare de ces thèmes pour nous entraîner à travers des contrées insoupçonnées. Quand, soudain, ressurgissent les fameuses mélodies, qui se nichent quelque part dans notre mémoire, l’effet de réminiscence est, à la manière d’une madeleine de Proust, d’une exquisité suprême.

À Marciac, Erik Truffaz a notamment développé une version de plus de neuf minutes du morceau éponyme “Le Casse” de la B.O.F. signée par Ennio Morricone, “un de mes compositeurs préférés“, précise-t-il. Merci au réalisateur Jean-Marc Birraux d’avoir immortalisé cette version marciacaise, disponible sur la chaîne YouTube du festival.

[ ViDÉO ] Erik Truffaz (trompette), Alexis Anérilles (claviers), Matthis Pascaud (guitare), Marcello Giuliani (basse)
et Raphaël Chassin (batterie), “Le Casse”, Jazz in Marciac 2024
Réalisation : Jean-Marc Birraux

Ne ratons pas France Musique en direct de Marciac !

Nous vous reparlerons de nos coups de cœur, Ibrahim Maalouf & The Trumpets Of Michel-Ange (son escadrille de trompettes à quart de ton), Anne Paceo, qui a emporté l’auditoire jusqu’à de vertigineuses cimes oniriques, des révélations du festival Bis… Mais, en attendant, surtout vous qui n’avez pas l’aubaine d’assister aux concerts de JIM, ne manquez pas d’écouter les neuf concerts (dont quatre en direct du chapiteau) diffusés par France Musique entre 21 heures et minuit. Ces promesses de bonheur musical et radiophonique, présentées par les passionné.e.s Alex Dutilh et Nathalie Piolé, sont les suivantes :

Jeudi 1er août :
20 heures, Céline Bonacina “Jump !”, concert enregistré le 30 juillet à l’Astrada.
21 heures, Charles Lloyd et son Sky Trio, en direct du chapiteau.
22 heures , Youn Sun Nah, en direct du chapiteau.

Vendredi 2 août :
20 heures, Nana Rashid, concert enregistré le 21 juillet à l’Astrada.
21 heures, le groupe féminin Artemis, concert du 31 juillet au chapiteau.
22 heures, Kenny Garrett (ancien saxophoniste de Miles Davis) et son “Sounds From The Ancestors”, concert du 31 juillet au chapiteau.

Il ne faudrait pas trop tarder à y prêter l’oreille, car est encore en ligne l’hommage à Ahmad Jamal. Un programme d’une grande richesse. D’abord le tribut “Résonances”, enregistré le 20 juillet à l’Astrada, avec la participation de Catherine Vallon-(pour une lecture musicale d’un extrait de son livre hommage à Ahmad, disponible sur https://www.wedosync.com), ensuite le bassiste Alune Wade et le saxophoniste Jowee Omicil en concert. Puis, enregistrés en direct du chapiteau, le trio du pianiste Marcus Roberts, le trio du guitariste John Shannon et, en conclusion, la carte blanche au batteur Herlin Riley et à Marcus Roberts. Alex Dutilh et Nathalie Piolé nous permettent ainsi de nous régaler durant quasi six heures de musique et d’échange. En voici le lien : https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-concert-du-soir/hommage-a-ahmad-jamal-en-direct-de-marciac-3328246

Terminons notre aubade à Jazz In Marciac, en saluant les 800 bénévoles, qui constituent la cheville ouvrière du festival lancé en 1978. Chapeau bas à celui d’entre eux qui a cofondé la manifestation gersoise, Jean-Louis Guilhaumon, qui, avec maestria, combine soutien aux talents émergents et fidélité aux artistes les plus inventifs, dont il nous propose de suivre l’évolution au fil des ans, et même des décennies.

Big up, également, à Laurent Sabathé, qui gratifie iHH™ Magazine de ses photos.

Anne Paceo • Photo : © Laurent Sabathé

FARA C.

iNFORMATiONS PRATiQUES :

Jazz In Marciac : du 18 juillet au 4 août, https://www.jazzinmarciac.com

L’Astrada : https://lastrada-marciac.fr

Le Bis : https://jazzinmarciac.com/le-journal/festival-bis-18-juillet-4-aout-2024#:~:text=D’acc%C3%A8s%20gratuit%2C%20le%20festival,)%2C%20dans%20une%20ambiance%20conviviale

CinéJim 32 : https://www.facebook.com/cinejimmarciac/?locale=fr_FR

France Musique : https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-concert-du-soir/hommage-a-ahmad-jamal-en-direct-de-marciac-3328246