Le Sonic Visions était de retour le 15 et 16 novembre derniers pour une très belle édition dans et autour des hauts fourneaux de Belval. Rendez vous annuel immanquable des fans de musiques actuelles et de découvertes, le festival de la Rockhal a encore frappé fort avec une très belle affiche.
Photos : Maude JNVX
Texte : Sébastien Muzi et Maude JNVX
On vous en parlait déjà l’année dernière avec une interview exclusive de son programmateur. Le Sonic Visions n’a pas fini de vous surprendre. Cette année, le festival se divise une nouvelle fois en 4 scènes avec néanmoins une petite nouveauté, l’Agora Stage ayant été déplacée dans une bulle chauffée sur la place, lui donnant un air très futuriste. On retrouve les classiques Iron et Massenoire Stage, et la mainstage Tango qui accueillera ce soir Aloïse Sauvage et YungBlud.
La programmation de cette première soirée est comme à son habitude très variée, même si le Sonic Visions a pris un axe plutôt urbain ces dernières années en faisant venir Roméo Elvis, Rilès, ou encore Mahalia, le Sonic Visions reste un festival où chacun peut découvrir des pépites musicales.
Ce soir on retrouve Glauque, collectif de Belgique singulier qui oscille entre rap et électro, dans une ambiance planante et poétique. Après avoir enchainé de grosses dates à Dour, au Cabaret Vert ou au Fnac Live, on a la chance de les retrouver en ambiance intimiste sur la petite scène de l’Iron Stage.
Aloïse Sauvage, l’artiste touche à tout qu’on a pu découvrir dans « 120 battements par minutes » (Robin Campillon), enflamme la Tango Stage pendant près d’une heure entre hip-hop et pop, un micro tendu depuis le haut de la scène comme une boxeuse prête à en découdre.
Il est temps de se réchauffer, et nous décidons de ne pas louper le rappeur allemand Kelvyn Colt sur l’Iron Stage, en intérieur. Découvert sur la chaine Youtube Colors avec son tube « Bury me alive » en février 2018, une voix rauque à la DMX et un look sorti des podiums de mode, difficile de le louper. Le rappeur, qui à l’aube de ses 20 ans a décidé de délaisser les bancs de l’université de droit pour tout tenter dans la musique à Londres, peut être fier de sa décision.
Son premier EP cinq titres en témoigne. Baptisé du nom de ce fameux vol qui change sa destinée, « LH914 » est un succès et nous avions hâte de le découvrir sur scène. Pas de regret, l’énergie est bien présente, les rimes aussi, sa musique rappelant les meilleures heures de Kanye, et le rappeur nous offre un vrai show à l’américaine, sans rien avoir à leur envier. En fin de concert il demande à la foule « qui vient sur scène avec moi faire mes backs pour Bury me alive ? Qui connait les paroles ? », trois jeunes femmes se dévouent, le rappeur hallucine de leurs connaissances parfaites des couplets. La salle est comble. On a déjà hâte de le revoir.
Partons maintenant découvrir la tête d’affiche du vendredi, Dominic Harrison, plus connu sous le nom de YungBlud, qui s’est fait connaitre avec son univers entre rap et rock, dans des featurings percutants et à la croisée des genres comme avec Machine Gun Kelly.
L’univers de ce jeune anglais (YungBlud a 22 ans) est détonnant et le public est nombreux à l’attendre ce soir malgré le froid mordant si caractéristique du Luxembourg au mois de novembre. Son premier album, « 21st Century Liability » sorti en juillet 2018, est déjà intégralement sur toutes les lèvres et le public reprend en chœur chaque parole. Sur scène YungBlud fait le show, maquillage dégoulinant, en jupe et t-shirt, crachant sur son guitariste, qui lui rend la pareille avant de l’embrasser langoureusement. C’est gentiment punk trash, le public exulte.
Il est minuit et nous nous dirigeons une dernière fois vers l’Iron Stage où les anglais d’Ezra Collective viennent clore la soirée. Avec un très attendu premier album « You cant steal my joy » sorti cette année, le collectif avait annoncé la couleur : une véritable claque auditive remplie de joie.
Le quintet jazz londonien renouvelle le genre de a à z, ne reniant jamais la composition jazz mais en y ajoutant une bonne dose d’afro beat, de hip-hop et de bonne humeur. Impossible d’y résister, tout le monde se déhanche sur les rythmes concoctés par Femi Koleoso à la batterie. Sur leur album, Jorja Smith, Kokoroko et Loyle Carner se sont invités à la fête et dépoussièrent le genre, tout en lui donnant une nouvelle réalité à la fois sociale et culturelle. On adore.
Sur scène, c’est l’éclate, les cuivres réchauffent tout le monde, chaque musicien est exceptionnel. On retrouve TJ Koleoseo à la basse, Joe Armon-Jones au clavier et James Mollison au saxophone. Nous sortons de l’Iron Stage le sourire aux lèvres.
Ce festival de sonorités permet de clore le Sonic Visions dans un moment de partage exceptionnel et somptueux. Nous sommes conquis ! A l’année prochaine le Sonic Visions !