Le Collectif. © Tarek Diouri--Adequin

Impossible de déroger à la coutume :  chaque fin de la semaine est synonyme de sorties. Entre un projet de l’héritier de la Three 6 Mafia Duke Deuce, un nouvel album de Naps, et une autre collaboration entre Conway The Machine et Big Ghost Ltd., les fans de rap ont été servis le 17 juin. Pour les membres du Collectif, cette journée a pris la forme d’un premier aboutissement.

Lors de de la 4e édition du Collectif, un incubateur de la scène rap émergente organisé par YouTube Music, le Studio des Variétés (SDV) et Virgin Records, les 10 lauréats du millésime ont pu parfaire leurs compétences durant un an afin de réaliser chacun un morceau pour une compilation de 10 titres. En avant-première le 16 juin, les dix artistes ont eu l’occasion de faire découvrir leurs capacités scéniques dans une salle de Bellevilloise complète. Nous y étions.

La mise en pratique des apprentissages tirés d’une aventure humaine

Le concept du Collectif est simple : 10 jeunes artistes émergents – et plutôt orientés rap – sont sélectionnés par un comité artistique majoritairement composé de grands noms du rap, dont Youv Dee ou G-Kill des 2Bal (Ménage À 3), ainsi que de journalistes et de directeurs de labels. Ces 10 rappeurs et chanteurs lauréats disposent d’un an pour poursuivre une variété d’enseignements afin de perfectionner et de professionnaliser leur création artistique. Les résultats de la 4e édition du programme, c’est une compilation où chacun des artistes contribue à l’aide d’un titre.

Pour fêter la sortie de la compilation “Le Collectif”, Vin’s, Kader Diaby 4Real, Timéa, Chikou, Jouvence, Semji, Esken, Stellio, Josephe et Aurel Isborn sont montés sur la scène de la Bellevilloise le 17 juin lors d’une release party animée par Myriam Manhattan, youtubeuse et ancienne journaliste pour Booska-P.

Arrivée à la Bellevilloise. © Tarek Diouri--Adequin
Arrivée à la Bellevilloise. © Tarek Diouri–Adequin

Malgré la chaleur, c’était l’heure pour les futures stars de tout donner. « Le public va être chaud lui aussi, prédit Chikou auto-proclamé poète des temps modernes, mais on va s’amuser ». Le jeune rappeur, qui habitait à quelques minutes de la Bellevilloise, va mettre en pratique sa nouvelle spécialité. « À la base, je ne pensais pas être fait pour la scène, précise-t-il, mais j’ai découvert à quel point ça me stimule pendant les enseignements ».

Hormis la découverte, pour certains les enseignements étaient plutôt synonymes « d’apprentissage et d’évolution » comme pour Aurel Isborn. Malgré ses airs de rockstar, l’artiste qui possède toutefois « une plume très rap » ne s’est pas senti hors de propos au sein du projet. « La musique du Collectif est assez éclectique, reconnaît-il. Du coup même si on travaille notre art individuellement, on capte le délire des autres collectivement ».

Cet air de bonne entente est souligné par une grande partie des membres du Collectif, dont le rappeur Esken, qui décrit le concert comme « une consécration du projet et de la petite aventure » menée par le Collectif. « Ça a été une vraie aventure humaine », évalue-t-il. Il poursuit : « On a rencontré beaucoup de professionnels de la musique. Après entre [membres du Collectif], on aura un autre concert de prévu et on est devenus amis aussi. »

Le Collectif, avant de monter sur scène. © Tarek Diouri--Adequin
Le Collectif, avant de monter sur scène. © Tarek Diouri–Adequin

Un aboutissement avec la compilation et le concert, mais aussi un nouveau début

L’heure fatidique est finalement arrivée pour le Collectif. C’est à 19h30 que les protagonistes se sont emparés de la scène de la Bellevilloise, pour présenter les titres de leur compilation. Après la présentation du projet par Myriam Manhattan, c’est le rappeur Semji qui a ouvert le bal. Il est parvenu à « Posséder » l’attention du public, qui s’est prêté au jeu lors du refrain de sa chanson, dont la lenteur s’est montrée parfaite en tant qu’introduction. S’en sont suivis les titres de Chikou, le poète local acclamé à son arrivée pour sa performance de « Lac gelé », puis de Timéa, qui a transformé son passage sur scène en « Movie » à l’aide d’un titre aux sonorités rap mais aussi R&B, complété par une instrumentale aux synthés bourdonnants. En véritable rockstar, Aurel a ensuite tout laissé sur scène avec « Laissez-moi », mais a emporté le cœur du public à l’aide d’un refrain accrocheur.

Semji sur scène. © Tarek Diouri--Adequin
Semji sur scène. © Tarek Diouri–Adequin

En plein début de soirée, le genre musical parfait c’est la dance, un genre dans lequel l’« Eva » d’Esken est très clairement enraciné. L’éclectisme que soulignait Aurel plus tôt est parfaitement mis en valeur par « Eva » mais aussi par le titre « 1 + 1 » de Josephe qui, elle, a fait le choix d’additionner danse et chant sur scène. Le but du Collectif, si cela ne vous semble toujours pas clair, est de mettre en lumière les artistes destinés à modifier le paysage musical français, un « Paysage » que Vin’s cherche à éclairer lui-même dans le titre éponyme. La chanson, qui ouvre la compilation, est pour lui « une belle ouverture, plutôt hybride musicalement, pour permettre aux auditeurs d’entrer correctement dans le monde du Collectif ».

Jouvence supporté par Esken & Semji. © Tarek Diouri--Adequin
Jouvence supporté par Esken & Semji. © Tarek Diouri–Adequin

Et le monde du Collectif est vaste. La mélodie d’intro du titre de Stellio nous préparait à un drop plein d’énergie mais le « CEO » de la scène a finalement guidé son auditorat de façon relaxante. Jouvence, qui s’est par la suite livré sur son titre « Comme l’aveugle », a choisi de comparer cette release party à un aboutissement. « J’ai mis en pratique ce que j’ai appris, et ce que j’ai encore envie de développer, a-t-il affirmé après le concert, mais j’ai encore envie de mieux faire ». Pour clôturer le concert, c’est Kader Diaby 4Real qui a montré au public que faire des hits, c’est « Facile ». Mais ce qui ressortait le plus, c’était la facilité que le rappeur avait à donner vie à un personnage sur scène.

Comme pour confirmer cette idée d’aboutissement, il a achevé sa performance d’une « balle » dans la tête, avant de se relever et d’être rejoint par les autres membres du Collectif pour une ovation générale. Ce concert, qui n’était pas le premier pour certains, mais certainement une des plus grosses scènes sur laquelle les jeunes artistes se sont produits, c’est l’éclosion de dix chrysalides sorties de l’incubateur musical nommé Le Collectif. Dans quelques mois, tous seront (re)lâchés dans la nature et ils seront très certainement prêts au combat pour se faire une place dans une industrie musicale des plus sélectives.

Texte : Tarek Diouri–Adequin


Écouter la compilation du Collectif quatrième édition :