Photos et texte : Maude Jonvaux
Le duo emblématique de Minneapolis, Atmosphere, était de retour à la Bellevilloise le 24 avril 2019 après 4 ans d’absence pour nous conter sa « Vida Local ». On y était.
Slug, le rappeur, et Ant, le producteur, forment l’un des duos les plus atypiques du rap américain depuis plus de 20 ans. Membres fondateurs du label aussi prolifique que qualitatif Rhymesayers (Aesop Rock, Brother Ali, Dilated Peoples… pour ne citer qu’eux), Slug et Ant venaient défendre leur petit dernier, « Mi Vida Local », sorti en octobre 2018, pour une unique date française.
Après une longue tournée en Amérique du Nord pour célébrer la sortie de ce septième album (attendu), Atmosphere assumait huit dates en Europe dont une à la Bellevilloise qui les avait déjà accueillie en 2015. On avait adoré l’album et ses sonorités ultra variées (merci Ant), les thèmes abordés, les ambiances, et nous avions hâte de les retrouver sur scène.
Après une première partie brûlante assurée par leurs acolytes DJ Keezy, Dem Atlas, The Lioness (qui posent tous les deux d’excellents couplets sur un des meilleurs morceaux de l’album, « Drown »), le duo iconique monte sur scène pour un show d’une heure et demie… Le public est déjà en transe, survolté par les excellentes prestations des autres signatures Rhymesayers.
Voyage temporel au pays du hip-hop
En entrée, le duo du Midwest sert LE tube emblématique du nouvel album, “Jérome“, suivi de près par “Stopwatch”. Slug a 20 ans de scène derrière lui, un charisme incroyable, et aborde le show avec un grand sourire : l’expérience parle. Le set n’a pas excessivement évolué depuis leur dernier passage mais ravira sans aucun doute les fans. Tous les albums de la carrière du groupe sont abordés.
On retrouve “Shoulda Known“, “The Waitress” (story telling délicieux dont seul Slug a le secret), et l’inoubliable “Yesterday” issus de leur 5ème album When Life Gives You Lemons, You Paint That Shit Gold (2008). Les morceaux ont plus de 10 ans mais n’ont évidemment pas pris une ride et le public reprend le refrain de “Yesterday” en choeur.
Le concert nous fait voyager dans le temps, jusqu’au second album du duo, God Loves Ugly, sorti en 2002. On entend les choeurs d’enfants entonner “You’re so ugly” sur “Onemosphere”, Slug sort toute sa hargne sur “Fuck you Lucy”, et aborde le thème du deuil et de la mort sur “Love life”, thématique omniprésente dans leur discographie et plus que jamais sur leur dernier album. Evidemment, le titre éponyme “God Loves Ugly” nous montre encore et toujours l’harmonie parfaite émanant de Slug et Ant sur scène.
Atmosphere ou la grande messe du hip-hop underground
Les différents morceaux de cet album nous rappelle à quel point le deuxième album du groupe a révolutionné le hip-hop américain avec des thématiques plus sombres, une sorte d’emo rap bien avant l’heure. Atmosphere a toujours été précurseur, qu’il s’agisse des thématiques abordées ou des productions du génial Ant.
On profite également des morceaux de “You Can’t Imagine How Much Fun We’re Having”, sorti en 2005, comme “Say Hey There”. “Sunshine”, présent sur l’EP “Sad Clown Bad Summer 9” (2007), ravit les fans de la première heure, tout comme “Abusing of the rib”, sur le tout premier EP du groupe “The Lucy” (2001).
Le concert prend fin après un excellent rappel sur “Drown”, avec la présence exceptionnelle sur scène de Lioness et Dem Atlas, et “Trying to find a Balance” (Seven’s Travels – 2003). Le public est en feu et le duo sort sous un tonnerre d’applaudissements.
Atmosphere a marqué toute une génération avec ses textes, ses ambiances, ses productions toujours aussi créatives que surprenantes. Le duo de Minneapolis n’a plus rien à prouver et pourtant on sent toujours autant leur plaisir à les voir fouler la scène. La grande messe du hip hop underground américain doit prendre fin, mais nous attendons d’ors et déjà leur retour avec impatience.
En attendant de les (re) découvrir sur scène, retrouvez vite l’interview de Slug dans votre prochaine numéro d’iHH Magazine !