Photographe : Maude Jonvaux
Article : Sébastien Muzi

L’artiste ultra prolifique Georgio était de passage à L’Autre Canal de Nancy ce mercredi 30 mars 2022 pour défendre « Ciel Enflammé » (paru le 10 décembre 2021chez Panenka Music) la seconde partie de son opus « Sacré » (Panenka Music, 2021).

Le goût du live, jusqu’au bout des doigts

Georgio a le goût du live, jusqu’au bout des doigts. Depuis des années maintenant, il peaufine une prestation toute particulière et s’entoure de musiciens chevronnés, ce qui lui confère une place à part dans le paysage musical. Retour sur cette soirée haute en couleurs.

L’entrée des artistes se fait de manière puissante, avec une énergie très rock et sans détour.

C’est le titre : « Les anges dans des robes rouges » qui ouvre le bal, suivi du morceau : « Dans mon élément » (« XX5 », 2018), on remarque rapidement que Georgio fait le choix de ne plus avoir de backeur sur scène. L’explication tient en la présence d’un batteur et d’un guitariste qui suffisent à remplir la scène de L’Autre Canal.

Georgio montre une fois encore qu’il a réellement su trouver au fil de dix ans de carrière rap (déjà) une identité solide et unique.

On enchaine avec le titre: « Danse », qui impose un sens aigu du refrain, le public connaît très bien les paroles. La suite vient logiquement avec « Vers le haut », Georgio chante dans ses refrains et ses paroles sont transcendées en hymne sur scène.

La suite se fait avec « Emotions masquées », la recette live de cette tournée intègre des passages instrumentaux qui viennent compléter les titres à merveille. La part est également faite aux belles lumières sur des morceaux cadencés comme « L’or de sa vapeur rouge ».

Une sublime ode à la liberté et à l’amour.

A certains moments, le set de Georgio respire. Le titre récent « Pas de monde imaginaire » (« Ciel enflammé », 2021) offre une interlude planante et la voix chargée d’écho se heurte au retour saturé de la guitare.

On enchaine avec « Miroir » (« XX5 », 2018) et « Petit Prince » (« Sacré », 2021). Le guitariste prend le relai au piano. Georgio et son acolyte sont éclairés par des néons qui les surplombent, l’instant est propice à une aparté plutôt intime.

On prend de nouveau le public à contrepied avec le titre suivant : « Miraculé » (« Sacré », 2021), résolument rap et qui rappelle aisément les qualités de kickeur de Georgio. Il ne laisse pas de répit à l’audience puisqu’il enchaine avec « Brûle » (« Héra », 2016), tube toujours efficace en concert.

Avec « J’en sais rien » (« XX5 », 2018), il est l’heure de booster les troupes, le thermostat grimpe et le public scande la rengaine, le tout accompagné des notes de piano hyper groovy. Georgio écarte la foule en prévision du refrain qu’il sait ravageur. Toute la technicité du batteur peut alors sauter aux yeux de tous.

« Full Moon » (« Sacré », 2021) et « Héra » (« Héra », 2016) viennent conclure le script. Cette dernière s’inscrit comme l’un des coups de maître de Georgio, une sublime ode à la liberté et à l’amour.

Le titre « Spirituel » (« Ciel enflammé », 2021) fait office de premier rappel et nous expédie ailleurs avec un crescendo qui se conclut sur de nouvelles envolées électroniques. Les titres « Couronne » (« Sacré », 2021) et « Concept Flou » (« Ciel enflammé », 2021) suivent, Georgio semble ne plus vouloir quitter cette scène. Il rappelle son amour du live : « Ce qui est sacré, c’est d’être ici ».

Un grand clin d’œil au punk français

S’entame une discussion avec le public. C’est le moment que choisit Georgio, tout en naturel, pour partir en freestyle et faire découvrir ses nouveaux textes. En homme toujours aussi inspiré et prolifique, l’artiste lâche quelques confidences : « J’ai déjà pas loin de 17 morceaux pour un prochain album, dès qu’on rentre en studio, tout est prêt ».

Alors qu’on pense le concert touchant à sa résolution, les surprises se font légion. Le rappeur Kikesa monte sur scène durant le freestyle, puis Georgio s’arme d’une guitare. Un fan rencontré au Bataclan monte sur scène, prêt à surfer sur la foule au rythme d’un morceau très rock, joué en boucle par le trio. Georgio fait ici un grand clin d’oeil au punk français, dont il est clairement amateur, les codes sont empruntés avec brio !

Le public se lance une dernière fois dans un circle pit, il faut partir en grandes pompes. La générosité de Georgio est indéniable. Avant de partir, il prend bien soin de remercier mille fois ses fans. Il a bien raison, ces moments de communion sont sacrés. Bravo !