Houari - En Tchoutchou

Si vous avez déjà entendu le morceau “Bande Organisée” de la compilation “13’Organisé”, alors vous connaissez la voix de Houari. En provenance de Marseille, Houari, rappeur, beatmaker, mais aussi véritable gars du quartier, sort sa mixtape “En Tchoutchou” le 24 juin avec pour but de vous faire danser cet été à l’aide de chansons ensoleillées. L’artiste, ancien membre du groupe Ghetto Phénomène, et maintenant rattaché au label de JuL “Rien 100 Rien” nous a accordé une interview pour parler de sa mixtape, de ses inspirations et de son esprit de partage…

iHH™ Magazine : Avant d’aborder la mixtape, petit voyage dans le temps. En 2020, tu avais sorti la mixtape “Fumar Mata”. Sur le titre “Tu changes pour l’argent”, tu rappes : « J’vis dans l’ombre, dois rien à personne ». Depuis cette mixtape, tu as contribué au méga hit “Bande Organisée”, tu étais aussi sur le “Clasico Organisé”, tu es passé à Planète Rap… Comment a été le passage de l’ombre à la lumière ?

Houari : J’étais déjà passé par cet univers lumineux, mais c’est vrai que j’ai reçu un maximum de visibilité après “Bande Organisée”. Mais dans tous les cas, ça fait du bien, c’est toujours très kiffant.

iHH™ Magazine : Vendredi 24 juin, tu sors une nouvelle mixtape, “En Tchoutchou”. À quoi doit-on s’attendre du H ?

Houari : Il faut s’attendre à du soleil. Beaucoup de soleil et de la bonne humeur. Mes sons sont très ensoleillés, ce sont des morceaux qui font bouger. Mais j’ai aussi des chansons plus personnelles, où je me livre un peu plus, et deux morceaux plus rap.

iHH™ Magazine : Tu as mentionné des titres un peu plus introspectifs. À quelle réaction t’attends-tu de la part de tes fans ?

Houari : J’ai pris la tangente cette fois. À la sortie de l’album “Demain ça ira” de JuL, on était passé par Planète Rap et j’avais pu montrer mon côté un peu plus personnel. Et franchement les fans ont vraiment kiffé, ils ont vu qu’il y avait un changement. Je pense qu’ils vont les aimer ceux-là.

iHH™ Magazine : Y a-t-il une différence dans la façon dont tu abordes ces chansons plus personnelles ?

Houari : Je les traite un peu comme une thérapie. Quand je fais des chansons comme ça, je trouve que le son claque plus, peut être mieux que quand je ne rentre pas dans le vif des sujets qui m’importent un peu moins. Je peux aussi faire de bonnes chansons qui sont fun, mais quand je prends mon temps pour ces chansons introspectives, ça se sent.

iHH™ Magazine : Tu as mentionné des titres ensoleillés, de la hip-house marseillaise, qui est un peu la marque de fabrique des rappeurs phocéens. Comment tu parviens à te réinventer sur ces sons ?

Houari : Le renouveau se fait naturellement. Vu que je prends plaisir à les faire, chaque chanson a sa propre identité. Et du moment que tu prends plaisir à faire ces chansons, il y a toujours quelque chose que tu peux changer : le tempo, la mélodie… C’est toujours possible de s’améliorer.

Houari. © Tarek Diouri--Adequin
Houari. © Tarek Diouri–Adequin

iHH™ Magazine : Hormis les sons ensoleillés, tu as aussi prévu de la drill, comme on a pu l’entendre dans le premier teaser que tu as partagé sur les réseaux pour la mixtape. Pourquoi ce genre ?

Houari : J’ai voulu changer un peu pour une fois. Je me retrouve en général sur des titres ensoleillés, des mélodies entraînantes et des instrus rapides. Mais j’aime bien kicker parfois. Du coup, je me suis dit que je pouvais mettre un morceau drill sur la tape.

iHH™ Magazine : C’était ta première expérience sur de la drill ?

Houari : Pas du tout. J’ai 2-3 morceaux drill, mais je les ai mis de côté. Après je n’hésite pas à tester les autres genres. J’ai fait de la trap, un peu de boom-bap… Dans tous les cas, ça tourne autour du rap.

iHH™ Magazine : Tu es rappeur, mais également producteur. Qu’est-ce que ça fait de mettre plusieurs casquettes ?

Houari : Actuellement, il y a qu’une seule casquette, celle de rappeur. Mais à l’époque, avec Ghetto Phénomène, c’était plein de bonnes opportunités. Tu mets ton nez partout, tu gères les budgets, l’album, ça donne de l’expérience. Et ça fait grandir, surtout. Il faudrait que tous les artistes découvrent l’indépendance artistique.

iHH™ Magazine : Ça fait à peu près 15 ans que tu bosses sur ta musique tout seul entre rap et beatmaking. Comment as-tu constaté tes progrès ?

Houari : Quand j’étais petit, j’avais conscience que je n’avais pas un bon niveau. Mais la musique, ça se travaille et j’ai commencé à kiffer de plus en plus ce que je faisais. Je ne peux que m’améliorer. De toute façon, on peut toujours faire mieux musicalement.

iHH™ Magazine : Est-ce que tu pensais que le rap te mènerait jusqu’ici un jour ?

Houari : À mes débuts, pas du tout. J’étais au quartier, je travaillais et la musique, ce n’est pas ce qui rapportait le plus d’argent, on faisait ça pour le fun. L’espoir d’une carrière musicale, il est venu grâce aux anciens de Marseille, mais surtout grâce à JuL. Il a grandi avec nous et quand Paranoïaque a explosé, on s’est dit : “ah ouais, c’est possible”. Ça a donné de l’espoir.

iHH™ Magazine : Espères-tu pouvoir inspirer des plus jeunes de ton quartier un jour ?

Houari : C’est déjà le cas, je reçois plein de messages des jeunes qui me disent : “ce que tu fais, ça m’inspire, ça me donne envie de bosser sur ma musique”. Il y a des petits qui rappent, qui me demandent des conseils, je ne pensais pas que je pourrais avoir ce genre d’impact. Un petit m’a demandé un featuring pas plus tard qu’il y a 2 jours. Je lui ai répondu : “mais tu es fou, avec plaisir !”

Houari. © Tarek Diouri--Adequin
Houari. © Tarek Diouri–Adequin

iHH™ Magazine : C’est un peu ça l’esprit “Rien 100 Rien” ?

Houari : C’est gratuit de donner sa connaissance. Faut bosser pour le succès, mais la communication et le partage, c’est important. Je me reconnais un peu en eux quand j’avais leur âge et j’imagine que c’est la même chose pour eux, donc ça me fait chaud au cœur.

iHH™ Magazine : Il y a quelques jours, le J a réalisé un concert au Stade Vélodrome et a fait le choix de t’inviter avec lui sur scène pour le supporter. Qu’as-tu pensé du stade rempli ?

Houari : Franchement, c’était incroyable. Ce n’est pas donné à tout le monde l’occasion de se produire devant un Vélodrome complet, avec plus de 60 000 personnes. Je suis très reconnaissant envers JuL pour ça.

iHH™ Magazine : Le concert a pris place à l’occasion de la sortie de l’album “Extraterrestre”, dont il a sorti les clips de 16 des 20 titres présents dessus. Que penses-tu de son éthique de travail ?

Houari : C’est une machine. Il n’arrête pas de travailler. Là, il vient de sortir l’album, on lui dit de prendre des vacances, mais il ne peut pas. Faire de la musique, c’est sa drogue. Et cette attitude, elle inspire tout le monde, pas seulement nous qui sommes ses potes ou les autres du label R100R.

iHH™ Magazine : Dans le clip d'”1 fois mais pas 2″, chanson sur laquelle tu contribues, il y a un signe que tu fais du haut de la voiture. A-t-il une signification particulière ?

Houari : Le H. Première lettre de mon prénom, de mon nom de scène. C’est comme le signe JuL, mais sur le côté.

iHH™ Magazine : Depuis le début de ta carrière solo, on a eu droit qu’à des mixtapes. Du coup, à quand un projet que tu appelleras un album ?

Houari : Si tout se passe bien, à la rentrée. Là, je sors “En Tchoutchou”, mais j’étais déjà en train de bosser sur l’album à côté. Il est pratiquement fini, je suis en train de prévoir quels morceaux je veux clipper. Je ne vais pas tout dévoiler, mais y aura du pur rap marseillais, mais pas que du boom-bap. Je mettrais du gros rap, mais aussi des sons qui font bouger.

iHH™ Magazine : Un dernier message ?

Houari : À tous les jeunes rappeurs : croyez-en vous ! Fixez-vous des objectifs. Quand tu veux quelque chose dans la vie, tu peux l’obtenir, mais il faut le vouloir. Je vous parle à vous, les jeunes rappeurs, mais aussi à moi-même.

Interview : Tarek Diouri–Adequin


Écouter “En Tchoutchou” de Houari :