Texte : Marie SINEUX
Voilà presque un an que TRINITY est sorti et pourtant on en parle encore. Laylow a fait date en ce 28 février 2020 avec la mise en ligne de son premier album, largement inspiré du film Matrix. Contextualisation, ponts, mélodies envoûtantes, flows plus cadencés, mix pointu, Alpha Wann… tout était fin prêt pour permettre au rappeur originaire de Toulouse de prétendre au titre de “Man of the year.” Mais alors que “succès” n’est pas toujours synonyme de “qualité”, je vais vous expliquer pourquoi TRINITY est mon album de l’année.
Il va sans dire que les goûts musicaux sont subjectifs, mais je vais essayer d’être la plus objective possible dans cette explication.
Beaucoup ont découvert Laylow en 2020, grâce à TRINITY. C’est une bonne chose que son talent et sa créativité puissent enfin se démocratiser et épouser le sens de chaque œuvre : le partage. Pour les autres, qui écoutent Laylow depuis un petit moment, l’artiste était un peu leur eldorado musical enfoui. Une sorte de “niche” qu’ils se plaisaient à conserver un peu secrète. Voir Laylow exploser leur a permis de dire ce fameux “je l’écoutais bien avant, moi.” Quoi qu’il en soit, aujourd’hui TRINITY est disque d’or.
Laylow a ici réalisé un véritable album, qui n’en a pas que le nom parmi une multitude de projets. En l’écoutant, on n’hésite pas entre un LP, une mixtape ou un album. C’est ce fil rouge, la façon dont le projet a été réfléchi, la cohérence des sons et de leur enchaînement qui nous permet de parler d’œuvre à part entière, dont les chapitres sont indissociables. La cohérence est donc un point important qui participe à la qualité de TRINITY.
L’artiste est allé explorer de nombreux horizons pour faire ces titres et n’a laissé personne sur la touche. Si vous aimez la mélancolie, vous êtes servis, si vous aimez les bangers également. Si vous êtes plus story-telling : pas de soucis, Laylow s’est accordé avec son acolyte Wit. pour en concevoir un assez incroyable. Évidemment, l’univers digital de celui qui se prédestinait man of the year est omniprésent, tant par les thèmes abordés, que par les interludes et surtout les sonorités. Le rappeur joue encore beaucoup avec l’autotune et ses ingénieurs du son s’éclatent aussi entre saturation et douceur. Inimitable, sa direction artistique a su conquérir un vaste public en 2020, lui permettant ainsi de remplir l’Olympia une semaine après la sortie de son album, et plus ou moins deux semaines avant notre fameux premier confinement.
Mais l’univers digital de Laylow est inévitablement accompagné par un visuel léché. Il prend lui-même part à cette direction artistique, en partie avec TBMA qui produit des clips. Puisant ses inspirations dans toutes sortes de cultures, il remanie ces sources à sa sauce, créant un contenu unique à la post-production irréaliste. Ses clips sont différents mais se rapprochent tous de la logique de TRINITY.
Ainsi, TRINITY a su nous accompagner dans les moments les plus étranges de cette année, peut-être des moments que nous n’aurions jamais pensé vivre avant.
Alors que Laylow avait su nous surprendre avec Mercy, Digitalova, .RAW et .RAW-Z, il l’a fait davantage avec TRINITY et nous a embarqué dans sa fiction sans limite tout en sachant nous accrocher émotionnellement grâce à certains titres. Je n’en citerais aucun, volontairement dans cet article, pour ne pas en omettre puisque chaque morceau et chaque interlude a son importance. (Je ne pouvais cependant pas publier cet article sans glisser des clips.) Si ce n’est pas encore fait, ce dont je doute, foncez écouter TRINITY et laissez vous mener par l’imaginaire de l’étoile du rap digital.