Sorti en scred’ dans le sous-terrain du mois d’août, le nouveau son mis en image du poto Cerna mérite pourtant une irradiation prolongée. Actif depuis bientôt vingt piges dans les dessous de l’unda, d’abord avec son groupe Synaps puis en solo avec son émouvant et chaudement recommandé album “Sur Terre” pour lequel il a écumé les scènes obscures, le lascar négocie sans forcer un dérapage contrôlé vers un style plus actuel, sans rien perdre de sa verve combattive.
En un beau plan séquence millimétré, il nous embarque dans les méandres d’un présent à peine dystopique où la fin du monde a déjà eu lieu et où n’est promis à nos existences vides de sens que le destin de chair à patron immolée à petit feu sur l’autel d’un prétendu progrès. Le titre, “N.R.B.C.” – outre le clin d’œil à un crew ami – renvoie à la blanche combinaison sensée protéger des émanations nucléaires, radiologiques, bactériologiques ou chimiques qui pourrissent l’atmosphère quand viennent immanquablement à péter les usines de mort qui jonchent cette Terre sans joie. Des temps crépusculaires où les pauvres sont envoyés en première ligne pour “liquider” la catastrophe, comme à Tchernobyl en 1986, et plus récemment Fukushima ou l’usine AZF de Toulouse. Le clip n’est d’ailleurs pas sans rappeler des scènes du documentaire insoutenable et nécessaire de Tcherkoff, “Le Sacrifice”, consacré à l’armée d’ombres qui fut donnée en pâture aux invisibles flammes du réacteur N°4 de la centrale ukrainienne.
L’image vibre, comme elle-même rongée par les radiations mortifères, le refrain altéré par un sournois et menaçant Autotune, les punchlines de mort-vivant défilent dans les oreilles et sur les murs, on étouffe dans les décombres viciés et l’issue n’est qu’illusoire, amorce d’un nouveau cauchemar. Désespéré, mais pas résigné. Vivement la suite.