Photos : Maude Jonvaux
Texte : Sébastien Muzi
Puppetmastaz, le groupe de marionnettes le plus gangster de Berlin, était de passage à Metz pour un show survolté et à guichet fermé dans la chapelle des Trinitaires. Venues pour présenter leur nouvel album, “Sweet Sugar Rush” (2019,
Verycords/Pyromusic), les puppets étaient attendus par leurs fans de la première heure, mais aussi par de nombreux curieux, pressés de découvrir ces rappeurs (d)étonnants.
Quand les Puppetmastaz débarquent dans une salle, on sait qu’il va y avoir du grabuge. Les marionnettes-rappeurs Tango Troublemaker, Spuggles The Bunny, Dogga Dakota, Wizard The Lizard et Mister Maloke (pour ne citer qu’eux !) nous étonnent depuis 20 ans. Le groupe fondé dans les années 90 n’a cessé d’évoluer, changeant d’humains, mais jamais de puppets. Le groupe célèbre aujourd’hui son 7ème album, “Sweet Sugar Rush“, à l’occasion d’une tournée dans toute la France.
Les stars de la soirée, marionnettes issues du croisement entre le Wu-Tang et le Muppetshow, montent sur scène sous un tonnerre d’applaudissements, hissés par leurs humains de service. L’introduction est mystique et dévoile à contre jour la silhouette de chaque membre du groupe, avant de lancer les hostilités sur « Animal Kingdom ».
Les yeux des petits et des grands pétillent dans la salle à la vue des marionnettes. On enchaîne frénétiquement avec « Mastaz of Ceremony » (Revolve and Step Up, 2012, Discograph) et « Bigger the Better » (Creature Shock Radio, 2005, Vicious Circle Record), les caractères scéniques de chacun s’expriment rapidement, on identifie sans problème les flows variés et les attitudes. La magie opère et il est difficile de ne pas se prendre au jeu.
Une performance unique
Mais ne vous y trompez pas : bien plus qu’un spectacle de marionnettes pour adulte, les Puppetmastaz offrent un véritable show hip-hop et, et démontrent une nouvelle fois leurs talents de performers.
Si toute la subtilité du groupe réside dans l’ambiguïté entre humain et marionnette, il ne faut pas oublier que les 5 membres actifs de Puppetmastaz sont aussi bons rappeurs que marionnettistes. Dissimulés derrière une grande toile marquée du logo du groupe, ils font vivre leurs « puppets », rappent et enchaînent les rimes sans jamais être vus… et sans voir le public. Une performance unique en son genre !
Le concert se déroule dans une ambiance festive et le groupe continue avec les titres « Sugar Monkey », « Fresh Day », et « One Inna Billion » L’obsession des membres pour les friandises, et en particulier le sirop d’érable, amuse et attendrit. Cette première partie de concert se clôt dans un florilège de sucreries avec «Welcome To The Plate », « Eat Cake » et « Waffle Dough Meltdown », toutes issues du dernier album “Sweet Sugar Rush”.
Entre le Wu Tang et le Muppet Show
Grâce à l’énorme apport en sucre des titres précédents, les membres du groupe trouvent l’énergie nécessaire pour se transformer en humains grandeur nature et les membres de Puppetmastaz, en chair et en os, débarquent alors sur le devant de la scène pour la deuxième partie du show.
Le format de concert se fait plus traditionnel (si ce n’est leur tenue de scène, mais nous n’en dirons pas plus) et cela vient apporter une dynamique supplémentaire au show, rendant justice à la générosité du groupe vis à vis du public.
Les titres s’enchainent: « Alchemistic Oven », « Vitamins », « Pineapple Lava Flow », « Salute Lunatic » et « Secret Recipe », avec toujours ce champ lexical ultra sucré, on frôle l’hyperglycémie !
Tout fonctionne à merveille dans cette chapelle bondée, les sourires sont sur toutes les lèvres, et le public se montre réceptif, échangeant continuellement avec le groupe. Les morceaux sont ponctués d’interventions hilarantes, d’invités de Puppetmastaz et même d’un petit Panda, dont l’apparence inoffensive cache un manager sans pitié.
Un grand moment rap !
Au fil de la setlist, on constate également la diversité et la qualité des instrus, le mystère reste cependant entier quant à l’éventuelle présence d’un DJ au fond de la scène. De nombreux morceaux issus du dernier album sont présentés, enchaînement de « Force of Nature », «Purple Maple » et « Milk & Honey » est efficace avant de conclure sur le très apprécié « Puppetocracy ».
Les rappeurs, vidés de leur énergie, reprennent leur forme primaire de marionnettes pour un rappel généreux de cinq titres. Le public s’agite et danse une dernière fois sur les rythmes percutants de « Do The Swamp », « Midi Mighty Moe », « Pet Sound » et « Puppetmad ».
Ce concert se place sans conteste parmi nos grands moments rap de l’année, chapeau bas à ces artistes multi-casquettes ! Après avoir remercié l’assemblée, Puppetmastaz termine en beauté avec un au revoir poétique et touchant, les mains et bras nus s’agitent et nous font signe, les marionnettes sont déjà parties, il est temps de rentrer.