Rédaction : Sébastien Muzi
Photographies : Maude JNVX
Woodkid était présent ce mardi 12 juillet à l’abbaye de Neimenster à Luxembourg pour une soirée que le public attendait depuis longtemps ! Énième conséquence de ce satané Covid, le concert de Woodkid était dans les rouages depuis près de trois ans. Il a finalement pu se tenir grâce à Den Atelier dans le cadre somptueux de l’abbaye de Neimenster.
Nous avions retrouvé le plus new yorkais des lyonnais sur la scène du Nancy Jazz Pulsations en septembre dernier pour un début de tournée. Nous le retrouvons cette fois dans une configuration estivale, en plein air et à la tombée de la nuit.
Pour cette nouvelle tournée, on retrouve la formation avec 8 musiciens : un trio de cordes et deux cuivres, accompagnés par un clavier, des percussions et un batteur. Un écran géant surplombe toujours la scène, englobant les musiciens. Avec ses deux albums, Woodkid est en mesure d’offrir à son public une large palette de morceaux oscillant entre tubes frénétiques et dansants, et ballades sentimentales et introspectives.
Un spectacle visuel et sonore
Woodkid arrive sur scène sur l’incontournable « Iron », titre éponyme et phare du premier EP, avant d’enchaîner avec « Enemy », morceau percutant issu du dernier album « S16 ». On retrouve la voix grave et empreinte de tendresse de Yoan Lemoine sur « Pale Yellow » et « Reactor ». Sur ce dernier morceau on entend d’ailleurs les voix du chœur tokyoïte Suginami Junior Chorus que l’on retrouve à la fin du concert sur « Minus Sixty One ».
De grands mécanismes métalliques s’étirent et s’entrechoquent à l’écran. L’effet visuel est saisissant. Le public semble hypnotisé par les images léchées tout droit sorties de l’imagination débordante de Woodkid. Les paysages rocailleux et désertiques, les planètes, les flammes, les lanceurs de fusée, les plateformes pétrolières, tout est modélisé en 3D à la perfection. L’artiste est passé maître dans ces effets d’optique saisissants et ultra réalistes, dupant jusqu’à son public en publiant de nombreux clips où il n’apparaît jamais de manière organique.
Le rythme du concert se calme lorsque Woodkid entonne les premières notes de sa lettre d’amour à « Brooklyn » (premier Ep « Iron »). Le chanteur semble avoir été, comme nous tous, très heurté par les confinements et cette période semble avoir été pour lui propice à l’introspection. « Y a t’il des couples ici qui ont survécu au Covid ? » lance-t-il à l’assemblée, avant de déclamer « I Love You ».
It’s a matter of matter
Sur « Horizons Into Battlegrounds », les paysages montagneux habillent la scène et plongent Woodkid dans un décor digne d’un film de science fiction. Le public écoute religieusement. On retrouve également « So Handsome Hello » et « In Your Likeness », issue de “S16” et écrite avec le leader de Son Lux, Ryan Lott.
« Highway 27 » redonne un coup de fouet au public à grands renforts de sons métalliques et syncopés. On entame la dernière partie du concert avec le cinématographique « The Golden Age ». On l’avait remarqué en début de concert, Woodkid semble prendre un réel plaisir sur scène puisqu’il laisse échapper un éclat de rire au premier couplet. Tant mieux ! Après un pont instrumental sur « On Then And Now », la cavalcade reprend de plus belle grâce à « Conquest of Spaces », entraînant le public dans un élan épique.
Alors qu’on pense apercevoir l’épilogue, Woodkid joue son ultime carte. Il offre à son public un puissant rappel avec « Goliath » et l’inoubliable « Run Boy Run ». La version théâtrale de cette dernière transcende le tube en véritable hymne fédérateur. Le chanteur appelle les gens à danser, le public saute et s’amuse, reprenant en chœur la mélodie du refrain. Yoan Lemoine coupe la foule en deux, non pas pour les habituels pogos de festival, mais convertit le public en 9ème membre de son groupe de musiciens.
Le plaisir de l’artiste est palpable, les adieux sont déjà douloureux. Mais dans toute l’abbaye, dans ses couloirs et sous son hall, résonnent encore longtemps les notes de « Run Boy Run », le public n’ayant de cesse de chanter, même une fois les lumières rallumées.