Textes et Photos : Maude Jonvaux

Toutes les bonnes choses ont une fin et nous nous rendons ce soir au Chapiteau du Parc de la Pépinière pour la clôture de cette superbe édition du Nancy Jazz Pulsations. Au programme ce soir l’excentrique Bonnie Banane, le talentueux touche à tout Thomas de Pourquery et son groupe Supersonic, et le magistral Woodkid.

Bonnie Banane

On débute cette soirée avec Bonnie Banane. Cette comédienne et chanteuse de 29 ans a sorti son premier album « Sexy Planet » l’an dernier, bousculant nos habitudes radiophoniques. Naviguant dans un univers mêlant funk, r’n’b, pop expérimentale et happening d’art contemporain, la chanteuse surprend, amuse et questionne.

N’attendez pas de musiciens, vous n’en verrez pas. L’artiste se livre seule à l’exercice, accompagnée d’un micro gigantesque (si imposant qu’on le soupçonne d’être vivant) qui trône au milieu de la scène. On pense à Brigitte Fontaine ou à Catherine Ringer, les buvards de LSD en plus. Tout en cuir et plumes, Bonnie Banane livre au public une prestation théâtrale, décalée, aux allures de cabaret surréaliste, complètement déjantée.

Thomas de Pourquery & Supersonic

Puis c’est au tour de Thomas de Pourquery et le Supersonic de monter sur scène pour une bonne heure de concert.

Le français touche à tout (il est musicien, auteur-compositeur, acteur et chanteur) semble ravi de remonter sur scène sous le grand chapiteau du NJP. Tout sourire, il vient défendre le dernier projet et troisième album studio du groupe « Back to the moon » sorti en septembre dernier. Le public est très réceptif et nombreux sont ceux qui connaissent déjà les paroles et les airs par cœur.

Charismatique et haut en couleurs (quelle veste !), Thomas de Pourquery livre une pop orchestrale et magnétique, comme un voyage spatial dans le cocon d’un vaisseau cosy. Le saxophoniste Laurent Bardainne et le batteur déluré Edward Perraud l’accompagne dans cette odyssée cosmique, explorant les galaxies de l’amour du rock progressif et du funk psychédélique. La pop spatiale de Thomas de Pourquery et du Supersonic nous entraine même jusqu’à l’ISS puisque « Yes Yes Yes Yes » a été composé pour un autre Thomas, célèbre astronaute perché dans l’ISS depuis plusieurs mois déjà.

Woodkid

23h, c’est le moment pour Woodkid et ses musiciens d’envahir la scène. Forcément, avec 20 minutes de changement de plateau, on était curieux de voir ce que le lyonnais allait pouvoir proposer comme scénographie, lui qui est habitué aux décors et formations scéniques magistrales.

Sept ans après la sortie de son exceptionnel « The Golden Age », Yoann Lemoine de son vrai nom retrouve le chemin de la scène et s’apprête à entamer une tournée des Zéniths pour défendre son dernier album “S16” sorti en octobre 2020. “S16“, la signature du souffre dans le tableau de Mendeleïev. Pas de doute, la soirée sera brûlante.

Accompagné de percussions de chaque côté de la scène et d’un quintet de violons, violoncelles, clarinette basse et trombone au centre de la scène, Woodkid monte sur scène sous les acclamations du public. Ce soir, c’est complet, et il n’y a pas de doute : les attentes sont grandes du côté de la foule.  

Après une introduction rouge et vibrante comme le grondement d’un volcan, Woodkid monte sur scène sur une estrade qui domine toute la salle. Tous sont habillés en combinaison d’astronautes dignes d’une dystopie cinématographique des années 1980. Derrière lui, l’écran géant fait défiler les images d’explosions, d’éruptions et de ciel étoilé. Toute la scénographie est construite pour qu’on ait le sentiment que Woodkid se mêle aux images, comme une distorsion de la réalité.

Le show débute avec le morceau qui a fait sa renommée : « Iron » résonne dans toute la salle faisant vibrer nos cages thoraciques et dresser les poils sur les bras. Puis c’est au tour de l’industriel et métallique « Highway 27 » de retentir. Le spectacle se poursuit avec les mélancoliques et hypnotiques « Enemy » et « Pale Yellow ». On ne veut pas vous dévoiler toute la setlist, même si on en a très envie, pour vous laisser la joie d’aller le découvrir sur scène.

Evidemment, les fans de la première heure seront ravis de pouvoir chanter à tue tête certains morceaux de « The Golden Age » et danser sur ses entrainants tube. Le show se clôt sur « Run Boy Run ». La projection est à couper le souffle, le public explose. Un final grandiose pour cette édition 2021 du Nancy Jazz Pulsations que nous ne sommes pas prêts d’oublier.