Rédaction : Sébastien Muzi
Photographies : Maude JNVX
Après un passage remarqué en 2017, l’artiste aux multiples facettes John Legend était de retour ce jeudi 6 juillet 2022 à la Rockhal d’Esch-Sur-Alzette pour un concert à la fois grandiose et intimiste.
Il y a cinq ans déjà, John Legend faisait sensation sur scène lors de son passage dans le main hall de la Rockhal avec un show impressionnant et une scénographie impeccable. En 2020, alors qu’il prévoyait une nouvelle tournée européenne, la pandémie de covid-19 faisait s’envoler nos espoirs de retrouver l’artiste sur scène. Ce n’était que partie remise !
Legend is back
En 2022, John Legend entame une tournée nord-américaine avec de nombreuses dates au Zappos Theater de Las Vegas (qu’il retrouvera d’ailleurs en août). L’envie de revenir charmer le public européen est toujours là. C’est donc tout naturellement qu’après une belle date au Montreux Jazz Festival début juillet, John Legend est de retour à la Rockhal.
La configuration du soir nous offre une chance inouïe : le concert se tient dans le Club de la Rockhal. Voilà donc une magnifique opportunité de découvrir John Legend dans un cadre toujours aussi soigné, mais bien plus intime.
La salle est comble et impatiente de découvrir ce nouveau show. Dans la pénombre, on distingue les musiciens qui s’installent, parés de chics tenues de soirée. Un trio de cuivres (un saxophone, une trompette et un trombone), des percussions, un bassiste, un batteur, un guitariste et trois choristes (en robes de soirée noires s’il vous plait) prennent place sur la scène. Un superbe piano à queue noir trône fièrement au milieu. John Legend arrive dans un superbe costume à motifs. Le décor est posé, direction New York, avec toute l’élégance de ses jazz clubs.
Le chanteur débute avec certains de ses plus grands tubes comme Penthouse Floor (en collaboration avec Chance The Rapper). La voix feutrée du chanteur emplit vite la salle. Les choristes exécutent quelques pas de danse tandis que leurs voix réchauffent le public.
Le grand ensemble des instruments fait un bien fou car, aussi étrange que cela puisse paraître, il devient de plus en plus rare de n’avoir pratiquement aucunes pistes enregistrées sur une bande lors des lives.
From 0 to 100
Au fil des titres, John Legend retrace sa jeunesse, parle de ses nombreuses expériences. Il raconte notamment sa passage à l’université de Pennsylvanie et se souvient des chœurs d’église qu’il dirigeait. C’est avec fierté et humilité qu’il narre sa collaboration au piano avec Lauryn Hill, sur le morceau « Everything is Everything » (piste 13 du célèbre « The Miseducation of Lauryn Hill »).
L’interlude dure encore, alors qu’il se remémore sa rencontre avec le cousin d’un ami à New-York, cousin répondant au doux nom de Kanye West, quelques temps avant la sortie de « College Dropout ». Les anecdotes s’enchainent, la collaboration avec Jay-Z sur « Encore », le tube d’Estelle « American Boy », à la production avec Will I Am.
John Legend œuvre donc bien souvent dans une ombre relative, en tant que producteur, musicien, collaborateur, ami, conseiller et bien d’autres qualités. Il se montre très reconnaissant des personnes qu’il a été amené à côtoyer depuis près de vingt ans.
« When you hear me play, you hear my grandmother »
Au bout d’une quarantaine de minutes, l’artiste s’éclipse de scène pour laisser toute la place au brio de ses musiciens. Le trio de cuivres peut exceller, ils embarquent chacun leur tour pour des improvisations endiablées. Le clavier et le batteur viennent sublimer l’ensemble avec beaucoup de couleurs et une énergie qui ne faiblit pas.
Le big band gratifie ensuite la foule d’une reprise de « Feeling Good » qui a, bien naturellement, toute sa place sur la setlist. Les hommages de John Legend ne s’arrêtent cependant pas à Nina Simone puisqu’il évoque avec émotion l’immense place que gardent ses grands-parents au cœur de sa musique.
La genèse de John Legend explique beaucoup de choses. Sa mère dirigeait les chœurs de leur église et sa grand-mère était organiste. Dire que John Legend a donc baigné dans le gospel serait un euphémisme. Le moment est venu pour un morceau en hommage à sa grand-mère, c’est un nouveau moment d’intimité en piano-voix avec une lumière blanche descendante.
Learn from the past, be ready for what’s to come.
Après avoir évoqué sa première signature en 2004 sur le label GOOD Music (ceux qui suivent auront fait le lien avec le fondateur dudit label, Kanye West, mentionné précédemment), le dernier chapitre du concert peut s’ouvrir.
On reste dans la douceur avec « Ordinary People » avant le retour du full band. Le groupe interprète un titre exclusif, qui sera présent sur un album à venir, avant de redonner un dernier boost grâce à « Green Light » (en collaboration avec André 3000).
Les douze musiciens saluent la foule, puis laisse un ultime tête à tête à John Legend et son public. Le temps est évidemment venu de jouer « All of Me », l’un des titres qui lui a permis d’asseoir sa notoriété en 2014 et de grimper dans les charts. Moment d’émotion, le public reprend en chœur le refrain dans un incroyable moment de communion avec l’artiste.
John Legend a offert un moment unique à son public, dans des conditions absolument propices à la complicité. La richesse d’un live de l’artiste, les musiciens de haut vol qui l’accompagnent et la richesse des titres joués font réellement de lui une valeur sûre, sur scène.
Une performance à voir absolument !