Le poète, comédien, auteur et réalisateur franco-burkinabé présente, le 14 mai au Studio de l’Ermitage, son premier album, le superbe et très attendu “iDO Donc Je Suis”, qui sortira cet automne.
Lui, le catalyseur emblématique de la scène slam – avec la complicité de Grand Corps Malade et d’autres artisans de cette expression artistique et sociale –, lui, le touche-à-tout pétri d’inventivité, le bosseur obstiné qui, depuis vingt-cinq ans, s’empare de l’art comme d’un flambeau éclairant notre conscience, ce n’est qu’en 2024 qu’il publie son premier album, “iDO Donc Je Suis“. En 2023, Jacky Ido a enfin trouvé le temps de travailler à cet opus, dans lequel il slame, rappe, chante en français, en anglais et en moré (langue du Burkina Faso), et dont la sortie est prévue pour cet automne.
“Le monde m’affecte / J’gobe les sales vibes comme un soûlard / Je digère mal son lot infect / Quand j’ai la nausée je vomis de l’art”, énonce-t-il dans “Mes Capteurs”. La fluidité de son flow, le délié de sa diction, son timbre immédiatement identifiable. Et sa plume qui, en intime résonance avec la musique, lance des passerelles entre l’Afrique, l’Amérique et l’Europe – les trois continents dont les cultures et les combats ont façonné son identité. Nous avons eu le bonheur d’écouter en primeur “iDO Donc Je Suis” : un coup d’essai superbe.
Une créativité polymorphe
“Mon identité s’est forgée le cul posé entre deux sièges éjectables / Qui m’ont propulsé loin là-haut / Où les trésors de ma culture hybride m’ont rendu riche et enviable“, souligne le scribe urbain franco-burkinabé dans “Vision D’Afrique”, avant d’ajouter : “Et pendant ce temps-là l’Afrique sème ses terres / Mais la récolte se perd / Sous la menace du colt / Sommes-nous assistés au point qu’on nous subventionne notre propre révolte ?”. A travers la large palette des thèmes qu’il aborde dans le disque, on perçoit la richesse de son parcours atypique. On retrouve l’écriture, à la fois claire et élaborée, sensible et acérée, qui a contribué à faire de Jacky Ido une figure majeure du slam made in France sous le pseudonyme de John Pucc’ Chocolat.
En deux belles décennies, il a imposé sa créativité polymorphe comme comédien, réalisateur, auteur et slameur. Chez lui, un talent en cache un autre. Ou plutôt, comme si ses diverses expressions artistiques constituaient un rhizome, elles se nourrissent mutuellement, insufflent les unes aux autres quelque chose de leur spécificité. Ainsi, son expérience de comédien communique, à l’interprétation du slameur, une épaisseur, une théâtralité d’une profonde justesse, tandis que la musicalité cultivée par le sonneur de rimes vient irriguer le jeu de l’acteur.
Le natif de Ouagadougou a coréalisé “iDO Donc Je Suis” avec le compositeur Cyril Giroux, son complice de longue date, et directeur musical de l’album. Il présentera son disque le 14 mai au Studio de l’Ermitage (Paris), avec son groupe Les Choco’Latés. L’ambiance ne manquera pas de s’enfiévrer, Jacky fêtera aussi son 47e anniversaire. Une joyeuse opportunité pour découvrir les titres de “iDO Donc Je Suis”. Le lendemain, il filera au Théâtre National de Nice, pour revêtir son costume de comédien dans “Phèdre”, la pièce de Racine mise en scène par Muriel Mayette-Holtz. Ensuite, il se produira, notamment, le 27 juin à La Communale Saint-Ouen (93) lors du festival Clips de Paname, puis le 31 août à Saint-Denis (93), dans le cadre des Jeux Paralympiques.
Comédien pour Quentin Tarantino, Claude Lelouch, Luc Besson…
Jacky Ido est découvert en 2005 par le grand public, dans le film “La Massaï blanche” (“Die weisse Massai”, 2005), pour lequel il endosse le rôle principal (un guerrier Massaï). Le long métrage est le fruit d’une adaptation, par la réalisatrice allemande Hermine Huntgeburth, du livre éponyme de Corinne Hofmann. Il dépassera les deux millions d’entrées.
Le défricheur du néo-slam a partagé son enfance entre sa terre natale, le Burkina Faso, et la France. A dix ans, il se retrouve dans un des quartiers les plus défavorisés du 9-3, à Stains. À force de labeur et de persévérance, l’ancien gamin de la cité du Clos Saint-Lazare révélera sa fertile singularité au service de cinéastes légendaires, tels que Quentin Tarantino , Luc Besson ou Claude Lelouch, et auprès de comédiens de premier rang, Michel Serrault, Claude Rich, Sandrine Bonnaire… A la télévision et au théâtre également, florissante est la moisson de Jacky Ido.
Le deuxième lundi du mois, le slameur, attaché à la transmission en direction de toutes les générations, anime la scène ouverte Slamaleikoum, au 360 Paris Music Factory. Une rencontre poétique qu’il a initiée au tournant des années 2000, avec ses amis Sami (Le Comte de Bouderbala) et Fabien (Grand Corps Malade), au Café Culturel tenu par Cristina Lopes, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). C’est là qu’auparavant il s’était essayé au slam, comme il le rappelle dans le prenant “Slam Aleykoum”. Les prochaines soirées au 360 auront lieu le 13 mai et le 10 juin. Profitons-en, l’entrée est libre (sur réservation). Vu le succès de ces rendez-vous, mieux vaut arriver dès 19 heures 30. Et si vous vient l’envie de dire un texte, bienvenue ! Pour les vers que vous livrerez au public, un verre vous sera offert…
INFORMATIONS PRATIQUES :
Jacky Ido & Les Choco’Latés
Les Choco’Latés :
Jacky Ido, voix ; Sébastien Moreau, basse ; Clément Febvre, batterie ; Simon Renard, guitare ; Guimba Tamba, guitare et ngoni ; Jean-Charles Acquaviva, claviers ; Cyril Giroux et Fred Alie, chœurs.
Le 14 mai, 20 heures 30, au Studio de l’Ermitage https://www.studio-ermitage.com/index.php/agenda/date/jacky-ido-et-les-chocolattes
Le 27 juin, à La Communale Saint-Ouen (93), festival Clips de Paname.
Le 31 août, à Saint-Denis (93), Jeux Paralympiques 2024.
Les lundis 13 mai et 10 juin, 20 heures, soirée Slamaleikoum, au 360 Paris Music Factory – 32, rue Myrha – 75018 Paris, métro Château Rouge (ligne 4) et Barbès-Rochechouart (lignes 4 et 2). Entrée libre, sur réservation
https://le360paris.com/portfolio/slamaleikoum-3/
>>> Son premier album, “iDO Donc Je Suis” (Brooklinafaso), sortie prévue pour l’automne 2024.