Rédaction : Sébastien Muzi
Photographies : Maude Jonvaux
La deuxième moitié du mois d’août nous fait prendre à nouveau la traditionnelle direction des Ardennes pour rejoindre le Square Bayard de Charleville-Mézières et y célébrer le lancement du Cabaret Vert. Cette année, le festival se tient du mercredi 16 août au dimanche 20 août 2023 et annonce complet pour dimanche à l’heure où nous écrivons ces lignes.
A l’occasion de cette 17ème édition, l’organisation a revu le plan du site. La scène Illuminations se trouve désormais toute proche de l’entrée sur la droite, la Razorback quant à elle est dotée d’un espace dédié derrière la Zanzibar, ce qui permet de couper réellement le son entre les scènes. Le Greenfloor, fort du succès de l’an passé, continue d’envoyer le son à l’écart dans une zone boisée.
Pour les nouveautés, on découvre la scène Zion Club / Temps des Cerises à mi-chemin entre Illuminations et le ponton vers le Greenfloor ainsi que l’Estaminet, un lieu de rencontres et de convivialité situé à l’arrière de la Zanzibar, proposant des ateliers pour les plus jeunes, des spectacles, apéro-concerts et autres performances. On sent la volonté de diversifier toujours plus l’offre à destination des festivaliers.
No need for a glass, straight to the mouth !
Histoire de se mettre en jambes, nous entamons cette nouvelle édition avec un premier pèlerinage du côté de la Razorback. C’est Joe Unknown qui se charge, sans le savoir, de nous accueillir avec brio.
Le MC est originaire de Londres, son DJ est irlandais, il s’en amuse. Début du concert à 20h30, l’artiste anglais déborde d’énergie, arbore deux petites couettes et se présente à l’audience en faisant directement don de généreuses gorgées de whisky au premier rang.
Le DJ s’occupe aussi de faire les backs. Joe Unknown est un condensé de beaucoup de choses, on perçoit immédiatement l’apport des sonorités hip hop mais aussi drum’n’bass typiquement UK, ainsi qu’un phrasé qui frôle le slam et le post-punk. Difficile de ne pas évoquer là un autre projet anglais bien connu de cette scène, présent au Cabaret Vert le lendemain : Sleaford Mods.
La foule, d’abord timide, se masse progressivement. Le chanteur ne laisse d’ailleurs pas trop le choix au personnes présentes, le mantra résolument rock du projet entraine forcément la cohésion. La communication est omniprésente, rapidement un premier moshpit s’ouvre au centre. Joe Unknown ne lâche pas son audience, la fait avancer puis reculer, la rage se propage. Le DJ prend part à un pogo, perché sur les épaules du nouveau meilleur ami du groupe : Rocco, jeune festivalier sur lequel Joe a jeté son dévolu depuis le début du set, le nommant maitre du mosh-pit. En fin de set, le chanteur s’offre même un slam. L’équipe est accompagnée d’un photographe qui se charge de documenter la tournée. Photo de famille, fin. Cette soirée commence très bien. Joe Unknown est une affaire à suivre.
Retrouvailles avec Damso
C’est au tour de Damso de fouler la scène Zanzibar. Le rappeur belge deviendrait il un habitué du festival ardennais ? De retour ce soir, il ouvre la prestation avec une introduction orchestrale et percutante. La suite du spectacle suivra avec la même solidité.
Le show de lumières est extrêmement bien calibré, la pyrotechnie toujours présente fait son effet. Le Square Bayard est bondé, ce concert est clairement l’un des moments forts de cette première soirée. A mi-chemin, une image marquante s’offre à l’auditoire lorsque Damso brandit un lance flamme dans la pénombre. Le rappeur prend le temps de remercier la foule, de souhaiter un bon rétablissement à un fan qui s’est visiblement blessé il y a peu.
Il semble s’amuser sincèrement sur scène, à raison puisque les fans présents ne font montre d’aucune fausse note, les paroles sont maîtrisées à la perfection. Taquin, Damso épingle un jeune fan qui ne connaît pas « Mwaka Moon », en collaboration avec Kalash. Il faut dire que le morceau date de 2017, une éternité pour la nouvelle génération de fans.
Un drone capture des images de Damso en tournant autour de lui sur scène, le rendu sur les écrans latéraux est superbe, comme des flashs de rêveries qui virevoltent aux rythmes des instrumentales sombres et solennelles du rappeur. Une vraie réussite.
Avec Hamza qui prend la scène Illuminations dans la foulée, la continuité est parfaite. Le mouvement de foule est impressionnant. Alors que les fans sont déjà largement massés, le rappeur débarque perché sur un promontoire. Une fois de plus, c’est un public acquis qui reprend fidèlement les paroles des tubes qui s’enchaînent.
Armada de tubes planétaires pour Calvin Harris
La scène se pare d’une impressionnante logistique pour le DJ qu’il ne semble plus vraiment utile de présenter tant il dispose d’une armada de tubes planétaires. On pensait Hamza perché en début de set l’heure précédente, mais il n’en est rien en comparaison de Calvin Harris qui escalade une installation à trois mètres de hauteur avec un immense écran à LEDs qui complète la scène sur le fond. Hélas, un immense écran de fond de scène, ce n’est pas assez, c’est donc naturellement qu’il faut ajouter à cela un écran face à la cabine du DJ et des jets de flammes pour les drops parfaitement placés des hits qui défilent. Que l’on aime, ou pas, il faut bien reconnaître que Calvin Harris ne possède à son actif que des morceaux marquants, emblématiques de leurs époques. C’est la fête, on y danse, on y danse.
Le DJ occupe le créneau qui nous amène sans crier gare à minuit, et quelle remarquable idée que de le placer là, pour cette première soirée de l’édition 2023 du Cabaret Vert. De l’art de commencer sur les chapeaux de roues.
On termine ce premier jour en passant par les rythmes endiablés de Mandragora, qui transforme la scène Illuminations en club psychédélique EDM / trance. Mention spéciale également au groupe californien Zulu qui referme la soirée à la Razorback en distillant de puissants titres fusionnant du punk hardcore et du métal.