Ce soir à la Cigale, puis en tournée, FÉFÉ est fin prêt pour nous emporter dans les hauteurs de son euphorisant album “Hélicoptère”, aux senteurs soniques étranges et pénétrantes.

Au gré de refrains addictifs chantés sur un cocktail afro-soul-rap-funk, l’ex-MC du Saïan Supa Crew dit ses désillusions autant que sa détermination à rester combattif et positif, face à un système inique, abjectement truqué. Merci, Féfé, pour ce beau bol d’oxygène !

Voir en live Féfé, c’est croquer à pleines dents, à pleines notes, dans la niaque que cet entertainer hors-pair nous communique immanquablement. Pour lui, la scène est un havre de vérité où il instaure, avec son public, une osmose fougueuse et sans fard, dans laquelle n’ont de place ni le toc, ni les baisse-froc. Après la Cigale (Paris), il repartira en tournée pour plusieurs mois. Sept ans après “Mauve” et après une pénible traversée du désert, son “Hélicoptère”, nullement polluant, atteste que Féfé a retrouvé l’air pur d’une véritable reconstruction.

Le natif de Clichy-la-Garenne parle en toute simplicité de la dépression qu’il a dû surmonter, face aux codes d’une société hyper marchandisée dans laquelle il ne se reconnaît pas. Il faut dire que la pandémie surgie en 2020 lui avait coupé les ailes en plein vol, en provoquant l’annulation de la tournée d’une centaine de dates, grâce à laquelle il allait partager, avec le public, le disque “365 Jours”, conçu et enregistré avec Leeroy, son ami du SSC.

Le Covid-19 et le confinement ont réveillé des doutes et des douleurs enfouis, des deuils inaccomplis. Les souvenirs d’une enfance parfois âpre. Dans le titre final, le chanteur fredonne : “Derrière mon sourire / La violence de mon père / Les erreurs que j’ai faites / Le décès de mon frère (…)”. Il fredonne, comme si de rien n’était. Sans acrimonie, et sur une musique dansante. Féfé n’est pas du genre à se lamenter sur son sort. Il regarde du côté de la clarté, de l’espoir.

Féfé, compositeur perfectionniste et inspiré

Toujours debout, l’artiste ne se repose pas sur ses lauriers, il se questionne sans complaisance. Vingt fois sur le métier il remet son ouvrage. Comme dans son travail sur le son, qu’il cisèle à la manière d’un orfèvre. Compositeur perfectionniste, il s’attèle à reconstruire à l’envers un rythme, à combiner des pulsations, repeindre des harmonies, suggérer des couleurs. Il en résulte ces senteurs soniques étranges et pénétrantes, qu’il a peaufinées avec les trois réalisateurs de l’album, Lazy Flow, Bastien Doremus et Félipé Saldiva.

Ainsi, nous avons la sensation d’entendre, ici, les notes métalliques et lumineuses d’un steeldrum trinidadien, qui nous projette dans les Caraïbes et, là, une guitare aux cordes étouffées comme en élaborent des musiciens africains traditionnels sur leurs instruments ancestraux. Tout au long de l’album “Hélicoptère”, la musique se déploie au-delà des frontières. On bourlingue allègrement, avec cet esprit du hip-hop enclin à intégrer reggaeton, soukouss, latino, folk…

Émouvant est l’hommage de Féfé à sa mère (“Falling Star”), qu’il a composé avec Elspeaker et dans lequel il invite le chanteur californien Son Little. “Aujourd’hui, j’ai l’âge d’être le parent de mes parents”, scande-t-il. Et ajoute : “Bientôt, ce sera mon tour d’avoir les cheveux blancs / Qui sait si je serai entouré des miens ou seul avec mes deux mains à pleurer sur un banc ?”. Il a en outre convié le grand frère, Akhenaton (dans “Baladeur”) et le trio funk de Melbourne Cookin’ On 3 Burners (“Jolie Méchante”). Dans “Quelque Part”, la chanteuse Luiza joint sa voix à celle de Féfé, qui distille son ironie :

“L’ex-président perdrait son procès / S’il y avait une justice quelque part (…) / Et tous les chants détrôneraient le bruit des kalach’ / Si Dieu s’était pas déjà barré quelque part”.

L’artiste français d’origine nigériane a l’art de conjuguer la dérision poétique avec des musiques entraînantes ou des mélodies douces. Sa façon à lui de traduire ses propres paradoxes autant que la dialectique des choses. Avec “Hélicoptère”, il signe l’album de la maturité. Une maturité sereine, pimentée – fort à point – de grains de folie.

👉 iNFORMATiONS PRATiQUES  👈

Facebook FÉFÉ :

https://www.facebook.com/fefeofficiel/?locale=fr_FR

Le 30 mai 2024, 20 heures, à La Cigale (Paris) avec en première partie Felhur x Andro. Ouverture des portes 19 heures :

https://lacigale.fr/evenements/fefe-2/

Organisateur : W Spectacle

En tournée, dates ici :

Féfé

Album “Hélicoptère” (Chapter Two Records / Wagram Music), 2024