
En partenariat avec MiMO Festival, Jazz In Marciac a offert deux soirées exaltantes avec l’Andrea Ernest Dias Quartet, le groupe Casuarina et Carlos Malta & Pife Muderno. Les 6 et 7 août, la fête continue, lors d’incroyables rendez-vous brésiliens.
Oyez, braves mélomanes, la grande nouvelle ! Cadeau de Jazz In Marciac et de son frangin nordestin MiMO Festival, la venue, rare en Europe, de deux multi-instrumentistes et compositeurs hors norme, Egberto Gismonti (le 6 août) et Hermeto Pascoal (le 7 août), vous comblera, à coup sûr. Un événement rendu possible grâce au partenariat qu’ont réamorcé, cette année, Jazz In Marciac et MIMO Festival (fondé en 2004 à Olinda, à l’est du Nordeste), dans le cadre de la Saison croisée Brésil-France 2025. Appliqué à Egberto Gismonti et Hermeto Pascoal, le mot génie prend pleinement son sens. Génie généreux, de surcroît. Tous deux possèdent en commun une stupéfiante aptitude à conjuguer leur démarche artistique révolutionnaire avec la prodigieuse inventivité que recèlent les musiques populaires.

Egberto Gismonti, 77 ans, orfèvre de la guitare, mais aussi incomparable pianiste, phénoménal touche-à-tout, démantèle, sans peur et sans reproche, les barrières et les frontières. Investigateur du leg de Villa-Lobos, passionné orpailleur du choro carioca et des folklores du Nordeste, kiffeur du dodécaphonisme et du sérialisme… Rien de l’arrête. Pour lui, la musique est une et indivisible. Au début de la décennie 1970, il s’est établi à Paris, afin de bénéficier de la pédagogie de la légendaire musicienne et compositrice Nadia Boulanger.
avec Nana Vasconcelos, Ralph Towner et Collin Walcott
Egberto Gismonti, musicien monde
Puis, il a séjourné en Amazonie, pour étudier la flûte et le chant selon les préceptes du peuple amérindien Xingu, auquel il a dédié les albums sublimes “Sol de Meio Dia” (1978) et “Duas Vozes” (1985), deux bijoux enregistrés avec, notamment, Nana Vasconcelos, sur ECM. Fer de lance de ce prestigieux label allemand, il y a gravé une bonne vingtaine de disques. On retrouve, chez lui, la même jubilation que chez un Mingus ou un Ornette Coleman, lorsqu’il s’agit de tordre le cou aux codes et aux modes. Egberto Gismonti est un musicien monde.
Le 6 août sous le chapiteau, en duo avec le guitariste Daniel Murray, il prodiguera la substantifique moelle de son art. En première partie, Hamilton de Holanda, le flibustier du bandolim – ancestrale mandoline emblématique du choro –, aura dispensé sa science polyphonique aux chatoiements toniques.
Quant à Hermeto Pascoal, 89 ans, il pratique un nombre sidérant d’instruments – claviers, saxophone, flûtes, bandonéon, guitare, percussions, etc. Il fait rythme de tout bois, fait jeu de tout objet qui lui tombe sous la main. On l’a vu extraire des sons hallucinants d’une bassine, improviser avec des poules qu’il avait amenées sur scène, composer une pièce pour un orchestre de quarante bouteilles, jouer dans la forêt pour les oiseaux. Pour lui, tous les chemins mènent à la musique, et la musique ouvre tous les horizons. Comme Egberto Gismonti, il est de ces grands sages qui pimentent leur vaste connaissance de savoureux grains de folie.
Jazz insurrectionnel, frénétique frevo
Le 7 août, Hermeto Pascoal, que l’on surnomme Le Sorcier, délivrera ses sortilèges au sein de son sextet, soudé par des décennies de complicité et comprenant Jota P. (saxophones, flûtes), André Marques (piano), Itiberê Zwarg (basse), Fabio Pascoal (percussions) et Ajurinã Zwarg (batterie). En ouverture de soirée, découvrir absolument le pianiste Amaro Freitas. Dans son chaudron, ce dernier mixe jazz insurrectionnel, frénétique frevo, baião aux syncopes impérieuses…
En parallèle aux concerts brésiliens, des master class ont lieu au collège Aretha Franklin de Marciac. Celles qu’animeront Egberto Gismonti et Hamilton de Holanda se dérouleront le 5 août. C’est une aubaine que de pouvoir rencontrer ces maîtres et recevoir leurs conseils. Les master class illustrent une des préoccupations communes à Jazz In Marciac et MIMO Festival : la transmission. En ces temps incertains, les deux manifestations musicales visent à unir leurs forces. Je vous reparlerai du partenariat qu’elles ont relancé dans ce but.
Le MIMO se déploie désormais de fin août à octobre dans quatre villes historiques : Olinda dans le Nordeste, Parati sur le littoral sud, Ouro Preto et Tiradentes dans le Minas Gerais. Ayant eu la chance d’aller couvrir en 2011 le MIMO Festival, dont je suis revenue subjuguée, je vous encourage à goûter à cette formidable aventure musicale et humaine. Il est encore temps d’organiser un séjour en septembre, à Olinda et São Paulo, pour plonger dans l’ambiance du MIMO Festival. Un bain bouillonnant de musique, qui porte la joie du partage et l’enthousiasme de construire des ponts. Une expérience qui marque à jamais.
Je dédie cet article à mes hôtes marciacais, Mireille et Gilbert Roque, en les remerciant de leur accueil.
INFORMATIONS PRATIQUES :
Jazz In Marciac, jusqu’au 7 août, voir : https://www.jazzinmarciac.com
Notamment, au chapiteau :
Mercredi 6 août, 21 heures : Hamilton de Holanda et Egberto Gismonti
https://www.jazzinmarciac.com/programmation/hamilton-de-holanda-egberto-gismonti
Jeudi 7 août, 21 heures : Amaro Freitas et Hermeto Pascoal
https://www.jazzinmarciac.com/programmation/amaro-freitas-trio-hermeto-pascoal-sextet
http://www.hermetopascoal.com.br
https://hamiltondeholanda.com/
MIMO Festival Olinda, du 12 au 14 septembre, voir : https://mimofestival.com/2025/en/olinda
MIMO Festival São Paulo, du 19 au 21 septembre, voir : https://mimofestival.com/2025/en/sp
MIMO Festival, voir https://mimofestival.com/
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