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« Validé » dévoile les dessous de l’industrie du rap

Le 20 mars dernier sortait sur Canal + la première série produite et réalisée par Franck Gastambide, « Validé », dont l’intrigue se déroule dans l’univers du rap français et raconte l’ascension fulgurante d’un jeune rappeur prometteur, Apash. On a tout regardé d’une traite, on a aimé et on vous en parle.

Texte : Maude JNVX

Pour beaucoup Franck Gastambide s’est fait connaitre du grand public avec sa web-série le Kaïra Shopping, télé achat déjanté version banlieue, diffusé en 2009 sur internet avant de se retrouver en clair sur Canal + et finalement adapté au cinéma en 2012 sous le titre « Les Kaïras ». Avec plus d’un million de spectateurs, le film rencontre un franc succès et propulse Franck Gastambide dans la lumière.

Mais le réalisateur a également fait ses armes aux côtés de Kim Chapiron et Romain Gavras, tous deux présentés par Mathieu Kassowitz – qu’il rencontre sur le tournage des « Rivières Pourpres » où il officie comme dresseur de chiens. Avec le duo de Kourtrajmé, il participe à plusieurs courts métrages et clips comme ceux de la Mafia k’1 Fry. Plus tard, en 2016, il réalise « Pattaya », puis la suite attendue de « Taxi » en 2018.

Fort de toutes ces expérience, Franck Gastambide se lance en 2019 dans la réalisation d’une série centrée sur le milieu impitoyable du rap en France et sur son industrie musicale. En 10 épisodes de 30 minutes, le réalisateur déroule l’histoire d’Apash, jeune rappeur de banlieue, talentueux et déterminé, qui rêve de percer.

Rap français, ton univers impitoyable

Le format se prête parfaitement à cette narration. Ni trop longs, ni trop courts, les épisodes de 30 minutes permettent de se plonger rapidement dans l’histoire sans se lasser. Le rythme est soutenu sans jamais déborder. Même si chaque épisode regorge d’informations, on ne s’emmêle pas les pinceaux comme cela peut être le cas dans certaines séries aux intrigues trop complexes et qui veulent aller trop vite.

Car « Validé » n’est pas une série simpliste. Au contraire. Apash, interprété par le rappeur Hatik, jeune issu de banlieue, veut percer dans le rap, entouré par ses amis Brahim (Brahim Bouhlel) et William (Moussa Mansaly). Il a le flow et l’écriture, son ami William est le cerveau de l’équipe et Brahim… on vous laisse le plaisir de découvrir Brahim, caution fun et drôle du trio. Apash va vite se frotter à la réalité du monde de l’industrie musicale, entre intérêt et hypocrisie.

Le trio va enfoncer les portes, cherchant toujours plus de reconnaissances, mais vite rattrapé par la rue et par un passif pas toujours très clair. Si on peut regretter quelques poncifs comme le profil de jeune rappeur ex-dealer qui, une fois sortie de la rue, souhaite percer dans le rap et mettre à l’abri sa mère (qui vit seule), il ne faut pas oublier qu’il s’agit également d’une réalité pour beaucoup et ne pas dénigrer cette possibilité de cheminement. Impossible d’en dire plus sans spoiler toute l’histoire.

Un casting sur mesure

Néanmoins, on retrouve ici les personnalités classiques du rap, avec la figure de Mastar, brillamment interprété par Sam’s, rappeur et acteur français que l’on retrouve dans « Patients » (2017) de Grand Corps Malade et Mehdi Idir ou encore récemment « La Vie Scolaire » (2019) du même duo.

Mastar, rappeur iconique de sa génération, toujours en place, peine à laisser la place à de nouveaux jeunes loups, ce qui causera à Apash et ses amis de nombreux ennuis. Certaines scènes ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les clashs qui ont fait le buzz du rap français ces dernières années, à la manière des brouilles entre Kaaris et Booba, et même outre atlantique avec un petit clin d’œil à la rivalité américaine 50 Cent et Ja Rule.

Franck Gastambide endosse le rôle de DJ SNO, producteur et ami de Mastar depuis de nombreuses années, tiraillé entre son amour pour le rap et les contraintes du milieu qui impliquent parfois l’amitié … et la trahison. On retrouve également Sabrina Ouazani en directrice artistique énergique et exigeante, amoureuse du rap, et négociatrice hors pair ainsi qu’Adel Bencherif en parrain de la drogue intraitable et violent.

Hatik et Bosh, grands gagnants de l’aventure

Ce qui est sur, c’est que le rappeur Hatik, dit Apash, crève l’écran. Si on le connaissait pour son flow et ses millions de vues Youtube sur des clips léchés, comme « M’attends pas » sorti en octobre 2019, on le découvre acteur et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela lui sied à merveilles.

L’occasion pour un grand nombre de téléspectateurs de découvrir les projets du rappeur, comme sa mixtape « Chaise Pliante », remplie de pépites. En attendant, on lui souhaite que ce rôle soit le premier d’une longue série, et que cela ne l’empêchera pas de faire encore du rap, comme son petit dernier, « Baguette Magique » en featuring avec Médine, sur sa nouvelle mixtape, « Chaise pliante II ».

Le rappeur Bosh, qui incarne le très énervé Karnage dans la série, voit lui aussi ses vues et ses followers monter en flèche suite à la diffusion de la série. Une bonne nouvelle pour lui qui vient de sortir son deuxième album « Synkinisi » le 27 mars 2020. On vous laisse découvrir « Coeur Noir », extrait de ce projet.

Clins d’œil en attendant la suite

Dans « Validé », on retrouve aussi de nombreux guests, presque un « fan service », avec la présence de Cyril Hanouna (et une scène qui en rappellera une autre dans TPMP…), Driver, Rim K, Lacrim, Kool Shen, Fred Musa, Laurent Bouneau ou encore des figures de l’ombre de l’industrie rap comme Screetch, à la tête de la chaîne Youtube Daymolition, ou encore le photographe Fifou, derrière les covers de bon nombre de rappeurs.

Avec un tel casting, et un scénario bien rodé, on ne s’étonne pas du succès fulgurant de « Validé » qui comptabilise plus de 10 millions de vues en seulement huit jours. Aux airs d’Empire, série américaine mettant en scène la famille Lyon et l’impitoyable industrie de la musique, ou dans un autre registre de « Dix pour Cent », « Validé » nous a plu et se laisse sans problème regarder d’une traite pour les plus impatients.

Si la mise en scène du dernier épisode emporte avec elle le public dans les rêves de grandeur d’Apash et ses amis, la fin nous a laissé coi et tristes, même si on doit l’avouer, on se doutait un peu que ce joli rêve ne durerait qu’un temps. Une belle réussite pour cette première saison dont une saison 2 est prévue. Il faudra être un peu patient en ces temps de confinement avant de retrouver à l’écran cette très bonne série de Franck Gastambide et de son équipe. On vous laisse vous faire votre propre avis, le premier épisode ci-dessous est offert par Canal +, et nous, on continue d’apprécier « Validé » grâce à la B.O du film dont on vous parle ici.