Conciliant expertise et expérimentation, ExpéKa emporte rap et gwo ka guadeloupéen hors des sentiers battus. Que les rimes prennent le maquis, que le ti bwa batte campagne sur du rock, ou que l’ancestral tambour appelle à la transe, brûlante est la poésie musicale forgée par Casey, Sonny Troupé, Célia Wa, Didier Davidas, Olivier Juste et Stéphane Castry. À savourer, sans modération, en disque (“ExpéKa”) et en concert, le 3 mai à Canal 93 (Bobigny) et le 4 mai à la Friche la Belle de Mai (Marseille).
“ExpéKa”, le double album du groupe éponyme, témoigne d’une rencontre, aussi naturelle qu’époustouflante, entre rap et gwo ka. Une manière, pour les six artistes guadeloupéens et martiniquais, de nous rappeler, avec maestria, que ces deux styles sont les enfants indociles nés d’une matrice commune : cette “Great Black Music” que la diaspora afro-descendante a créée contre vents et marées, et a renouvelée sans répit au fil des décennies et sous des cieux divers, comme un véritable acte de résistance contre la déshumanisation organisée par l’esclavage, l’ordre colonial, le capital.
Le tambour ka a tôt accompagné la vie des Guadeloupéens afro-descendants déportés et asservis. Il les a soutenus dans les durs labeurs des champs, dans les douleurs. Dans les fêtes et les échappées libératrices aussi. Quant au rap, qui a vu le jour dans les ghettos américains dans la seconde partie du XXe siècle, il a pris le relais de l’insurrection artistique, avec une inventivité ébouriffante.
Sous la remarquable direction musicale de Sonny Troupé (qui officie à la batterie, au tambour ka et au sampler), ExpéKa déploie, au gré des sept rythmes constitutifs du gwo ka, mais aussi de rythmes inventés par les six camarades de musique, une magnifique complémentarité entre les sensibilités, les caractères, les humeurs.
La poésie de Casey, de ses pieds puissants, frappe et frappe le sol, jusqu’à une catharsis émancipatrice. La flûte de Célia Wa s’envole sur un arc-en-ciel aux subtiles nuances. Le tambour ka (joué par Olivier Juste et Sonny Troupé), frénétique ou langoureux, factieux ou facétieux, décline les sentiments contrastés d’une humanité bafouée, mais fière et droite. La basse de Stéphane Castry et les claviers de Didier Davidas enrichissent la palette des rythmes, des couleurs, des parfums. Et viennent s’épancher, grisantes, des fragrances de jazz, soul, funk…
Le premier volume du double album “ExpéKa” a été enregistré par les six membres du groupe, tandis que le deuxième offre une variation en trio, avec Sonny Troupé, Casey et Célia Wa. Le second n’est pas une réduction musicale du premier. Chaque disque développe sa propre identité.
Dans l’exaltant “Tak Pitak”, sur des stridences hard-rock se conjuguant avec l’implacable cadence du ka, Casey fait claquer sa prosodie : “J’attends qu’on nous rembourse la dette / Oui dans mon corps sommeille la bête / J’ai dans le regard une arbalète / Seule la musique tue mon mal-être”. Et sa poésie console notre courroux…”
“ExpéKa” nous convie aux noces insolentes du rap et du gwo ka, tout en ouvrant à l’infini l’horizon de nos rêves. Si vous ne pouvez venir au concert du 3 mai à Canal 93 (Bobigny), iHH™ vous annonce en primeur qu’ExpéKa et son équipe travaillent à la mise en œuvre d’un grand concert à Paris pour le dernier trimestre 2024.
INFORMATIONS PRATIQUES :
CONCERTS :
• ExpéKa, vendredi 3 mai 2024, 20 heures, Bobigny (93), Canal 93.
https://www.canal93.com/agendaetbilletterie
• ExpéKa, samedi 4 mai 2024, Marseille (13), Friche la Belle de Mai (invitation du Festival Hip-Hop Society au festival Kadans Caraïbe).
https://www.lafriche.org/evenements/expeka/
DiSCOGRAPHiE :
ExpéKa, double album “ExpéKa” (Aparté / Baco Distrib)
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