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CABARET VERT – Jeudi 18 aout 2022

Rédaction : Sébastien Muzi
Photographies : Maude JNVX

Le pont de la rivière Meuse

L’ouverture de cette deuxième journée au Cabaret Vert se fait, pour nous, au niveau de la scène Greenfloor avec un beau plateau rap francophone. Pour cette édition 2022, la Greenfloor est installée en contrebas de la scène Illuminations, de l’autre côté de la Meuse. Le cadre est presque idyllique, la scène est cernée par les arbres.

C’est d’abord So La Lune qui anime la foule avec sa voix particulière, aux tendances nasillardes et éraillées. L’artiste a su positionner son nom sur la scène rap entre 2021 et 2022, notamment en se montrant hyper prolifique et en sortant pratiquement un projet par mois.

Entre mars 2021 et août 2022, So La Lune n’a fait qu’abreuver son public de nouveautés et ce n’est pas moins de huit EP et un album « Fissure de vie », paru en mai dernier, qui font désormais sa discographie.

On enchaine pratiquement sans discontinuer avec La Fève sur la même scène. La foule commence à se chauffer, et le DJ de La Fève offre au rappeur une entrée en grandes pompes. Ce dernier fait également dans la productivité, mais via d’autres canaux de diffusion.

C’est effectivement sur Soundcloud que La Fève a commencé par envoyer multiples titres et projets pour faire grimper les attentes. Avec son EP « KOLAF », en commun avec le beatmaker Kosei, les lumières se braquent davantage sur lui.

En fin d’année 2021, il transforme l’essai avec la mixtape « ERRR », sur laquelle on retrouve pléthore de titres taillés pour le live, comme « Mauvais Payeur », « Rat Interlude » ou « Voir Ailleurs » en featuring avec Zamdane.

C’est toujours avec plaisir que l’on retrouve ensuite Frenetik et sa plume acérée. Son projet « Jeu De Couleurs » et son passage au Nancy Jazz Pulsations 2021 nous avaient déjà fait forte impression. Le dernier single en date « Cheval Blanc », ainsi qu’une série de freestyles « Mouvement Historique » continuent d’appuyer la capacité du rappeur à enchainer les punchlines. Il y a encore et toujours du beau en prévision pour Frenetik.

Frenetik

C’est Ashe 22 qui prend la suite et referme notre premier passage au Greenfloor.

Where is my mind ?

Alors que l’envie nous prend d’un peu de rock alternatif, nous prenons la direction de la scène Zanzibar pour découvrir la troupe de Frank Black. Chance inouïe que de pouvoir assister à un concert des américains de Pixies

Avec un set très énergique, teintées des sonorités inhérentes au groupe, Pixies assure un show de près d’une heure et demie devant un public très mixte. La setlist parcourt les décennies d’existence de la formation, on ouvre avec des titres issus de l’album « Doolittle » comme les mythiques « Gauge Away », « Here Comes Your Man » et « Wave Of Mutilation », sans pour autant faire l’impasse sur des titres comme « Caribou », « U-Mass », ou « Planet Of Sound ».

Pixies dévoile également le titre « Vault Of Heaven », tout fraichement paru et qui fait office de premier extrait d’un nouvel album intitulé « Doggerel », à paraître le 30 septembre prochain. La performance se referme naturellement sur le morceau phare « Where Is My Mind ? », rendu notamment célèbre par sa présence dans le chapitre final du film « Fight Club ».

Sans tarder, on se dirige vers la scène Illuminations pour découvrir le duo canadien Cleopatrick.

Déjà rien que le brio du nom suggérait une bonne piste, la formation envoie rapidement une sacrée sauce. Dans la lignée de Royal Blood ou de Dead Poet Society, Cleopatrick défend un premier album nerveux intitulé « Bummer », sorti en 2021, qui fait les belles heures du rock garage aux accents post punk.

Il se fait l’heure de rejoindre la scène Zanzibar pour un nouveau temps fort du festival.

Charleville, Iowa

Le devant de la main stage se voit paré d’un immense voile à l’effigie de Slipknot, groupe pilier de nu-métal depuis plus de vingt ans, originaire de Des Moines, dans l’Iowa.

La longue introduction du show permet aux oreilles attentives de percevoir le titre « For Those About To Rock (We Salute You) » d’AC/DC suivi, non sans un certain sens du suspens, de « Get Behind Me Satan And Push » de Billy Jo Spears.

Ce dernier titre s’enraye pour déclencher le véritable début du concert sur « Disasterpiece ». Le voile tombe et les neuf musiciens apparaissent dans un décor mi-industriel, mi-crasseux, tonneaux rouillés et bouches de ventilation en guise de décor.

La prestation scénique est impressionnante, des titres comme « Wait And Bleed », « Sulfur » et « Before I Forget » s’enchaînent avec assurance. Les percussionnistes placés en hauteur, de part et d’autre de la scène assurent également le spectacle, en grimpant et sautant partout comme des acharnés. Les morceaux sont régulièrement accompagnés de flammes et d’artifices.

Le leader charismatique Corey Taylor est paré d’un incroyable masque avec deux yeux petits et ronds appuyés par une bouche fendue et des coutures qui parcourent la tête jusqu’à l’arrière. Il communique énormément avec son public et se montre très bienveillant.

Le concert est même ponctué d’humour lorsqu’il fait croire au public qu’il ne reste plus qu’un morceau… trois fois d’affilée. La foule du Cabaret Vert a aussi la chance de découvrir en live le titre « The Dying Song », extrait du prochain album (et donc du nouveau cycle de Slipknot) « The End, So Far », qui sortira le 30 septembre prochain (oui oui, comme celui de Pixies).

Les titres marquants continuent de s’enchainer : « The Heretic Anthem » fait lever une palanquée de doigts d’honneur, « Psychosocial » et « Duality » rompent encore une demie douzaine de nuques. On pourrait encore citer « Spit It Out » qui fait des ravages, avant de donner aux festivaliers l’opportunité de reprendre en choeur les paroles de « People = Shit ».

Slipknot livre une prestation qui restera dans les annales du Cabaret Vert, à n’en pas douter.

UK DRILL

Cette deuxième journée se referme sur un triptyque rap incontournable. C’est le rappeur anglais Central Cee qui embraye le pas sur la scène Illuminations. Fort de son récent tire « Doja », dont la production sample le titre « Let Me Blow Ya Mind » d’Eve et Gwen Stefani, le rappeur surfe sur un buzz massif et un fort engouement.

Désormais clairement identifié comme l’une des pierres angulaires de la drill anglaise, Central Cee continue de monter en renommée à l’international et de faire bouger les têtes et les hanches des festivaliers avec des sons comme « Obsessed With You ».

Momentary Bliss

La programmation table sur une logique imparable en proposant dans la foulée Slowthai, compatriote du précédent qui s’appuie, quant à lui, davantage sur un rap aux accents « punk » et vogue sur la mouvance Grime.

Slowthai est un artiste sur lequel il faut s’attarder car sa proposition musicale sait être à la marge, tout en faisant le pari de la multiplicité, en témoignent ses diverses collaborations allant de Mura Masa sur le titre « Doorman », Gorillaz sur « Momentary Bliss », A$AP Rocky sur « MAZZA » ou encore Skepta sur « CANCELLED » (ce dernier sonne comme une évidence compte tenu le portrait dressé précédemment).

Son dernier double album « TYRON » est sorti en début d’année 2021 et permet encore au rappeur de collaborer avec James Blake, Mount Kimbie ou Denzel Curry.

Le très attendu Laylow s’empare de la scène Zanzibar à près d’une heure du matin. Le visuel scénique reste dans le ton des projets du rappeur toulousain avec un esprit très futuriste et lumineux. La scénographie est minimaliste avec deux blocs lumineux de part et d’autres et un bloc/écran gigantesque au centre, au dessus duquel surgit Laylow. Le jeune prodige, As des réseaux sociaux et de la communication ne tarde pas à enflammer le public, impatient. On remarque, amusés, l’idée “deux salles, deux ambiances” de ce soir. Les fans de Slipknot ont laissé place à un public plus jeune, hurlant aux barrières à l’apparition de leur rappeur préféré.

Très rapidement, Laylow entonne “Megatron” pour débuter le show. Les lourdes basses retentissent dans tout le stade Bayard. Le rappeur a laissé son grillz à la maison et affiche un sourire sincère et radieux. Les tubes s’enchainent, R9R-LINE en featuring avec Damso, Trinityville, Maladresse… Les fans sont aux anges.

Fin de soirée, Gazo face aux plus téméraires et aux plus festifs sur la scène Illuminations. Rendez vous demain pour le round 3 !