Le Rap indépendant a encore de beaux jours devant lui! La raison est simple, des rappeurs qui continuent de travailler dans l’ombre (et dans la lumière) afin de pérenniser un héritage. Benjunior fait parti de cette catégorie, nous sommes allé à sa rencontre!

Interview : La Rédaction

iHH™ : Pour commencer, peux-tu nous parler un peu de toi : qui est Benjunior, derrière le micro ?

Benjunior : Je suis Ben, Mc, Beatboxer, et réalisateur, je suis né en 1991 à Evry, et j’ai grandi à Nantes. J’ai commencé la scène par des Battles de Beatbox en 2008 jusqu’en 2013,puis je me suis mis au Rap en 2014. Mon premier album “Rien n’est tracé” a vu le jour en 2016. Par la suite j’ai sorti l’album “Sans Transparence” avec Ba-kha, puis “La Voix des Anges” mon deuxième solo. Et la c’est le 3eme “Allô la terre” qui a vue le jour en octobre dernier.

iHH™ : Quel a été le déclic qui t’a poussé à te lancer dans le rap ? Et finalement à sortir des projets?

B : J’ai toujours baigné dans le Hip-Hop depuis tout petit grâce à mon grand frère qui m’injectait du son avec des mixtapes qu’il préparait lui même. Vers la fin de mon adolescence j’ai vu que le beatbox ne suffisait plus pour m’exprimer. J’avais trop de choses à dire, et à évacuer, alors Flow de l’association Ludik et Lucid connexion m’a prit sous son aile pour développer mon écriture, et me faire capter les premières bases. On a crée deux Ep en 2ans et commencé les concerts RAP. Depuis je continue de prendre la musique comme un exutoire, un mode de vie.

iHH™ : Quels artistes (rap et hors rap) ou mouvements t’ont le plus influencé au début et aujourd’hui?

B : Dans le Beatbox on est une grand famille, l’unité de ce mouvement m’a beaucoup inspiré. Ensuite je me suis beaucoup reconnu dans les valeurs et écrits d’IAM, Sniper ou encore Sinik, Busta flex, J’ai beaucoup écouté DMX, M.O.P, Mobb Deep, Beatnuts pour le coté Us. Puis par la suite j’ai eu la chance de collaborer sur des clips et/ou des prods pour Hugo Tsr, Saké Zaka, Swift Guad, Furax Barbarossa, Crown…. et bien d’autres, et quand tu bosses avec des noms qui pèsent dans le Rap indépendant forcement ça forge l’esprit.

Tu as sorti un dernier projet — peux-tu nous le présenter en quelques mots ? Quels retours en attendais-tu?

B : Ouais, j’ai sorti “Allô la Terre” parce qu’on est dans une ère ou le téléphone prend beaucoup de place dans nos vies, pour de bonnes ou mauvaises raisons (rires), tout dépend du point de vue. Cet album est le plus abouti des projets que j’ai sorti à ce jour. J’ai fait une pause de deux ans avant de me lancer à fond sur ce projet. On peut le prendre comme un appel général à se mobiliser, à réagir, à s’entourer, à se réveiller… même si j’ai pas la prétention de quoi que ce soit, juste de partager une expérience, un mode de vie et d’en faire des constats. On a clippé le morceaux “Coup de fil” dans une cabine téléphonique où tu peux retrouver Grodash, Melan, Wira et Swift Guad et Dj Dinokun, sur une prod de Beateljouss x Crown et clippée par nos soins (La Base production).

Les retours sont très bons sur l’album de manière générale, on a la chance de faire partie du paysage Rap Francais Indépendant et de bénéficier d’un public solide même à petite échelle. On a sorti l’album en vinyle et Cd en édition limitée et on est quasi Sold-Out.

iHH™ : Qu’est-ce qui distingue ce projet de tes précédents ? Dans sa structuration? Dans ton travail?

B : Il s’est fait assez naturellement au feeling, au fur et à mesure et surtout assez vite. J’ai eu une grosse montée d’inspiration que ce soit au niveau des prods ou de l’écriture et j’ai essayé de ne produire que de la qualité. Il n’y a que 10 tracks mais c’est un condensé. Pas d’interlude, pas d’intro, ni de réelle outro. Mais il y a bel et bien un début et une fin. Le tout s’écoute en one shot. Je fais rarement des feats d’habitude, mais là on peut retrouver Ourdia sur le refrain de “C’Est L’Heure” et Chakir sur un refrain en arabe sur le morceau “Les Flammes”. Ils ramènent tous les deux sur l’album plus de profondeur et de musicalité étant donné qu’ici on sort du Rap. Le fait d’avoir fait le morceau “Coup de fil” avec des légendes du Rap indépendant m’a aussi permis d’aller plus loin

iHH™ : Est-ce que tu as un titre sur ce projet qui te tient le plus à cœur? Un titre plus difficile à sortir que les autres? Et pourquoi?

B : Oui le dernier morceau de l’album “Le Phare”. Celui ci me tient vraiment à cœur, il est, je pense, celui qui touche le plus. La prod est très harmonieuse, très prenante et j’y suis allé à fond. Le clip sortira d’ailleurs le 10 octobre prochain pour fêter les 1 an de l’album. Par contre non, il n’a pas été plus difficile à sortir que les autres, au contraire, je dirais même encore plus facile.

iHH™ : On te sent très authentique dans tes textes. Quelle est la part de vécu dans ce que tu écris ?

B: Merci, tout est réel voilà pourquoi tu peux dire ça. Ce ne parle que de moi, mon entourage, ce que je vois, et ce qu’on vit.

iHH™ : Comment se passe ton processus de création ? Tu écris seul ? Tu travailles avec des beatmakers attitrés ? Tu écris en studio? Tu prépares en avance? Le son amène le texte ou l’inverse?

B : D’abord il me faut un coup de cœur sur une prod. Tout vient de là . La bonne prod au bon moment qui transpire l’émotion ou l’état dans lequel je suis, et après ça déroule. Ça c’est beaucoup passé comme ça pour celui-ci. Et certaines fois la bonne prod, puis je cherche une thématique, et je fonce. Je bosse avec Beateljouss beaucoup, il est sur 50% de l’album, et sinon Itam et Crown sont les principaux Beatmakers avec qui je bosse. J’écris le plus souvent seul au studio, avec la Base production on a notre propre studio d’enregistrement et on fait les clips sous le même nom.

iHH™ : Quelle place la scène a-t-elle dans ta carrière aujourd’hui? Tu as des dates, comment t’y prépares-tu ?

B : La scène c’est là que tout se passe en vrai, c’est la concrétisation de toute l’énergie passée en studio. C’est ce qu’on vient livrer et ça permet de faire vibrer le projet au plus haut. D’aller rencontrer le public, c’est entre guillemets ça notre récompense. Nous en tout cas c’est ce qu’on kiffe.

Et oui, on a plusieurs dates. On en a déjà fait pas mal pour l’album notamment avec Sinik, Souffrance , Sniper, Davodka. Et on continue notre route. On les prépare avec Maeg mon backeur et Dj Freshhh, ça fait deux ans qu’on alterne répétitions et concerts. On a bien rodé le show avec 40 min de Rap et une dizaine de minutes de Beatbox, deejaying, MPC en live. Il y a aussi un coté mental et physique pour assurer la performance.

iHH™ : Le rap a beaucoup évolué ces dernières années. Comment tu te positionnes par rapport aux nouvelles tendances ?

B : On est totalement hors tendance, mais “toujours dans la bonne direction” (riires). Je suis constamment resté fidèle à ce que j’aime faire comme Rap, ce qui se fait actuellement ne m’attire pas plus que ça. Tout peut changer, on évoluera surement avec le temps les goûts changent. Ma ligne directrice c’est “faire ce que j’aime” peut importe la forme que ça prend .

iHH™ : Quels défis as-tu rencontrés en tant qu’artiste indépendant ? Que ce soit pour sortir des sons ou des projets? Trouver des feats?

B : Énormément de difficultés, on pourrait croire que tout est simple, mais c’est loin d’être le cas. On fait tout nous mêmes en indépendance totale . Du studio, à la scène, au clip, jusqu’à la recherche de dates et en auto-production donc chaque jour est un nouveau défi. Trouver des feats n’a jamais été un objectif, j’en fais peu et en général ça se fait naturellement.

iHH™ : Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui veut se lancer dans le rap aujourd’hui et qui viendrais te voir?

B : Fais toi plaisir avant tout et trouves un bon travail pour financer ta passion !

iHH™ : Pour finir, que dirais-tu aux gens pour qu’ils écoutent ton projet?

Si tu kiffes le Rap avec un message, de vraies lyrics bien construites et des bonnes prods boombap et mélodieuses tu peux foncer tout droit il est dispo sur toutes les plateformes ainsi qu’en CD et vinyle sur www.labaseproduction.fr