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Uneek : un rappeur, des idées et une motivation sans faille !

Uneek - DR

Parce que le rap français n’est pas le fait que de Paris et sa banlieue, parce que les indés ont la dent dure et que ce sont eux qui font le taf, avant la tendance, nous sommes allés à la rencontre d’Uneek, rappeur au parcours atypique, bien décidé à revenir mettre les points sur les i et les barres sur les t.

Interview par : La Rédaction

iHH : Qui est Uneek?

C’est un mec d’origine catalane qui vient de Troyes, qui rappe depuis plus de 16 ans et qui comme l’a dit Mac Tyer fait du “Rap de Vie”. Et derrière l’artiste, tu as un bonhomme que ses proches appellent Touns et dont les plus proches savent que ce n’est pas un vendu.

iHH : Tu viens de sortir un EP 5 titres, avec une trilogie de clip, mais tu as un passif. Où étais-tu et que faisais-tu tout ce temps ?

J’ai arrêté après la sortie de mon album “D’Encre Et De Sang”. J’avais beaucoup d’attentes par rapport à cet album et vu que ça n’a pas pris, j’ai tout envoyé chier : je ne voulais plus entendre parler de rap. En parallèle, il m’est arrivé des vrais galères. Le genre de galère qui font que la musique est loin d’être ta priorité. Donc je faisais ma vie, j’essayais de faire de vraies choses, professionnellement, et je m’occupais de ma famille. Et un beau jour, je suis retombé sur une prod° qui traînait dans mon PC (celle de “Parabellum”) et de là, je fais un morceau, puis un EP.

iHH : Parlons de la trilogie de clips. Peux-tu raconter sa genèse, le pourquoi du comment ?

À la base, j’ai pensé les clips comme un court-métrage, tout simplement. Un court-métrage découpé en clip, ni plus ni moins. Je voulais faire autre chose qu’un clip avec 10 pelos dans le quartier où j’ai grandi…, c’est comme cela qu’est née l’idée. Même si le dénouement n’a pas encore été révélé, le message est en adéquation avec mon âge et mon mode de vie, à savoir qu’un père est prêt a tout quand il s’agit de son fils.

iHH : Pourquoi un EP d’ailleurs ? Pourquoi pas un format plus long ?

D’abord, parce que je fais ce que je veux et je vous emmerde [rires]. Blague à part, un album, c’est un autre processus de création, les EPs permettent d’arroser plus régulièrement. Mais qui sait, peut être qu’il y aura un album, on ne sait jamais. Mais pour l’instant, je suis dans une logique de sortir régulièrement des EPs.

iHH : Le rap est en perpétuel mouvement, pourtant tu ne te risques que peu sur les nouvelles tendances. Est-ce par choix ou simplement pour faire ce que tu sais faire le mieux ?

Tu te rendras compte dans les mois à venir que je sais tout faire [rires]. Je vais explorer des thèmes plus “généralistes”. Je ne suis pas forcement d’accord avec toi sur ma non prise de risque. Le morceau “Nuit” est l’exemple même que je peux faire des choses actuelles. “Nazareth” et “Parabellum” sont sur des prods trap avec un refrain légèrement autotuné sur “Parabellum”.

iHH : Tu te mélanges peu sur ce projet de retour. C’est une question de timing ou une volonté ?

C’est un peu des deux. Par le passé, j’ai featé avec beaucoup de rappeurs, donc c’est comme si c’était une case que j’avais cochée et qu’on soit clair, aucun n’est mon ami. Je ne pleurniche pas, mais c’est un constat. Maintenant, dieu seul sait s’il y aura a nouveau des collabs dans le futur.

iHH : Revenons-en à ce projet quel est ton processus de création? 
Pour écrire, tout dépend de mon humeur et quelle merde j’ai envie de raconter. Il faut savoir que je mets beaucoup de temps à écrire : je kiffe ça mais putain, je suis une vraie galère. Ensuite, j’ai la chance d’avoir mon studio donc je fais du rap à 3 heures du mat’ si j’ai envie ou si une idée vient comme ça. Je m’enregistre tout seul et parfois je mixe aussi, donc je n’ai quasiment besoin de personne, j’ai bien dit quasiment [rires]. En général, je n’écris jamais les refrains à l’avance. Je les faits soit en impro le jour de la session ou alors je prends quelques minutes pour les gratter.

iHH : Sur “Parabellum”, tu parles de “braquer le destin”.  Tu penses le faire au travers de ton message, de ta musique ? Ou le simple fait de faire du rap en 2020 est une forme de braquage car tu dis sur “Nazareth” : “veuillez pardonner ma verve si elle casse l’ambiance ?”

Franchement, je n’ai aucune prétention avec mes dires. Je ne suis pas prof, donc je n’ai aucune leçon à donner à qui que ce soit. “Parabellum” et “Nazareth” ont ce point en commun qui est que je voulais juste boxer le micro et que ces deux morceaux sont un exutoire. En gros, ils veulent dire que malgré l’absence, je peux encore plier les prods et la concurrence si nécessaire. Je vois ça de la même façon que lorsque je tape un sac de frappe. Textuellement, j’aime me faire chier, que ce soit sur des morceaux comme “Nazareth” ou sur des morceaux avec des thèmes plus légers. C’est ça ma putain de marque de fabrique. La musique doit rester quelque chose d’instinctif. Ça veut dire que je peux me lever avec l’envie de cogner ce monde en te faisant un morceau comme “Nazareth” ou “Parabellum” ou me lever et kiffer cette vie et faire un morceau plus chill comme un morceau de mon prochain EP. Pour moi, il n’y a pas de règle tant que tu es identifiable, soit par ton écriture, ta voix… ou autres.

iHH : Quel regard portes-tu sur le rap en 2021 ?

J’ai longtemps vu ça comme une performance. Je viens de l’école du freestyle, de l’impro : on n’avait que ça et on kiffait cette merde. En gros, dans ma ville et dans mon équipe, le mot d’ordre c’était de plier les freestyles radios et on ne s’arrêtait que lorsque le mec qui gérait la radio nous laissait les clefs du studio pour qu’on ferme, vu qu’on ne voulait jamais s’arrêter. Même si aujourd’hui j’ai perdu ces capacités, autant te dire que les rappeurs qui lâchent leurs freestyles avec leur téléphone comme prompteur, j’ai du mal à comprendre. Mais il faut de tout et je suis content du succès des petits. Jamais je ne jalouserais ça, mais je ne me reconnais pas dans leurs histoires de bicraves criées haut et fort.

iHH : On te revoit quand ? Avec quoi ?

Tu me revois bientôt avec un nouveau clip pour le scond EP, “Moi, Je Et Moi-Même” qui arrivera en mai, normalement.


Le nouveau clip d’Uneek, “Solitaire”, est disponible juste ici :