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Voyage dans la dense jungle du boom-bap touffu avec Grand Singe

Pochette d'"Outan Clan" par Small Studio

Miqi O., Zo et Boucherie Chevaline ont uni leurs forces il y a 3 ans pour créer le groupe Grand Singe. Forts d’un univers unique, tant d’un point de vue visuel que musical, ils proposent avec “Outan Clan”, leur album initialement sorti le 14 mai dernier en digital et enfin édité en triple cassette, double vinyle et CD (via ce shop : http://www.grandsinge.ecwid.com), une rétrospective de leur carrière commune. Pour iHH MAGAZiNE, ils ont accepté d’ouvrir les portes de leur jungle. 

Interview : Dorian Lacour

iHH : Racontez-moi votre histoire. Que de chemin parcouru depuis votre création en 2017 ! 

Boucherie Chevaline : En fait, avec Miqi O. et Zo, on a un peu fait nos armes ensemble. On se connait depuis 1994 ou 95, on était dans des groupes différents. On s’est connus par cet intermédiaire-là, parce qu’à l’époque, si on était vingt à rapper sur Besançon, c’était bien tout. On a évolué en parallèle, Miqi et Zo ont fait de la musique ensemble, et puis, il y a 3 ans, à force de se croiser et de se recroiser, on a fini par se dire que ce serait marrant de faire quelque chose ensemble. On a fait quelques morceaux mais sans vraiment penser à faire un groupe. Puis, de fil en aiguille, on avait de plus en plus de morceaux ensemble, alors on s’est dit : “bon, on a un groupe là”. C’est comme ça qu’est né Grand Singe. 

iHH : Parlez-moi de votre univers qui est volontairement particulier. Pourquoi ce choix ? 

Zo : Pour ce qui est de la musique, on ne s’est pas vraiment posé de question. C’est un peu tout ce qu’on fait depuis plus de 20 ans qui résulte en ce truc-là. Au niveau du rap, on a grandi dans les années 90, on est donc très influencés par le rap américain, new-yorkais en particulier. En tant que beatmakers, c’est beaucoup plus large : il y a évidement la période new-yorkaise, mais après, c’est parti sur Los Angeles, Detroit, sur l’Europe… c’est une accumulation de tout ça qui donne ce qu’on fait aujourd’hui. 

Miqi O. : J’ai l’impression qu’on avait besoin de refaire tout ce chemin depuis le début, de kicker sur des trucs un peu boom-bap, de recommencer par là et refaire un peu l’histoire en accéléré. Il y a quelques sons boom-bap qui sont sortis tout de suite, et puis on a étiré vers des influences aussi diverses que variées.

Boucherie Chevaline : L’approche au niveau du rap est beaucoup plus ancienne que l’identité visuelle de Grand Singe. Si tu veux, on rappait comme ça avant, c’est une recherche au plus long cour que notre identité visuelle. Quand on a choisi de s’appeler Grand Singe, tout a découlé de ça. C’était pas forcément prévu à la base, c’est venu naturellement. On a trouvé des masques, ça a fait évoluer un show live, mais ce qu’on a mis dedans, on le travaille depuis très longtemps.

Zo : Ouais, musicalement c’est ça. Et l’univers qu’on a construit autour, c’est un peu pour se démarquer et un peu parce qu’on a tout de suite mis le projet sur scène. Comme on a tous fait pas mal de concerts depuis longtemps, on a eu cette envie d’arriver sur scène avec cet univers vraiment typé. On réfléchit, à chaque show il y a une évolution. Les masques, c’est venu tout de suite. Les tenues, un petit peu après, les lumières encore plus tard…

Miqi O. : Et puis ça se fait pas mal à l’instinct, on ne planifie pas tant que ça. Si tu regardes un peu nos anciens projets, il y a pas mal de ponts avec tout ce qu’il se passe dans Grand Singe quoi.

iHH : Parlons de votre style visuel. Vous apparaissez masqués et avec des tenues amples. C’est une volonté de préserver un certain anonymat ou c’est juste pour le délire ? 

Boucherie Chevaline : Ce n’est pas la même chose pour tout le monde. Moi, c’est vrai que je préfère ça, c’est un genre de protection vis-à-vis du trac que je développe. Ça m’isole du monde extérieur, mais je crois que pour Miqi et Zo, ce n’est pas forcément ce qui compte. 

Miqi O. : C’est intéressant quand même de ne pas afficher notre ego clairement, mais ce n’est pas la motivation première pour moi. C’est plus l’identité du groupe qui me plait, ne pas juste être un rappeur, mais qu’il y ait un univers à-côté.

Zo : J’ai une réflexion qui m’est venue il y a quelques jours par rapport à ça. Je me rends compte que tout n’est pas forcément conscient à 100 % dans nos choix, et je trouve qu’il y a un parallèle entre le fait d’être masqués et la façon dont on fait de la musique aussi, parce qu’on n’est pas dans un discours ultra-clair. Il y a aussi une façon de masquer notre propos : je pense quand même que ce n’est pas par hasard qu’on arrive avec ce truc. Ça a du sens aussi musicalement. 

Miqi O. : Je me suis souvent dit aussi que ce qui importait pour nous, c’était la musique, et je suis assez d’accord avec le fait que le masque te coupe de tout ce qui est accessoire à la musique. Tu coupes avec la personnalité des gens et tu dois te concentrer sur la musique. 

iHH : Justement, vous n’avez pas peur que cet univers si particulier vous coupe d’une partie du public rap ? 

Miqi O. : Ça ne fait pas cet effet là finalement. Ça pourrait, mais ce n’est pas le cas. On est rassurés par les premiers retours, ça joue vraiment en notre faveur vis-à-vis du public j’ai l’impression. 

Boucherie Chevaline : Je pense aussi qu’il n’y a plus un seul public rap comme il y avait à l’époque. J’ai l’impression que maintenant tout est segmenté et qu’il y a de toute façon toute une partie du public d’un certain rap qu’on ne touchera jamais. Les gens à fond dans les trucs de drill et de gangs, c’est sûr qu’on ne les touchera pas. C’est à mon avis impossible d’avoir comme public l’ensemble des gens qui écoutent du rap tellement c’est multiple. 

iHH : Quelles ont été vos influences musicales majeures, pour le rap et pour le beatmaking ? 

Zo : Je vais citer d’abord MF Doom. Il y a aussi évidemment Sean Price, et puis je dirais Homeboy Sandman parce que j’adore tous ses derniers projets. En France je trouve que Grems est vraiment ultra-fort, à tous les niveaux. En beatmakers, je suis encore très influencé par Jay Dee, Madlib, et puis tous ceux des années 1990 : DJ Premier de Gang Starr, Pete Rock… Il y a des gars moins connus comme Leonard Dstroy aussi, qui vient de Detroit il me semble…

Miqi O. : C’est un hollandais je crois Leonard Dstroy !

Zo : C’est un hollandais ? Putain mortel, je croyais que le mec était américain ! Sinon, j’adore Flako aussi en beatmaker. J’ai fait à peu près le tour, après je pourrais te donner encore 250 noms, mais j’ai fait le tour des principaux je pense.

Boucherie Chevaline : Je peux citer facilement Redman pour l’album “Dare Iz a Darkside” qui a vraiment été pour moi l’apprentissage de comment il faut rapper. Sean Price, MF Doom aussi. Au niveau beats, j’ai pas mal essayé pendant longtemps de faire du “sous-Madlib”, et donc j’ai arrêté quand même au bout d’un moment ! Je regarde de plus en plus vers d’autres horizons, d’autres choses. Mais je suis aussi très influencé par ce que font Zo et Miqi parce que je sens la maitrise, et ça me challenge vis-à-vis d’eux déjà. 

Miqi O. : Pour moi, ce sont un peu les mêmes : les artistes boom-bap, des collectifs comme Boot Camp Click ou Wu-Tang Clan m’ont vraiment influencé au niveau du flow. MF Doom, la scène de Detroit pas mal aussi quand même. Au niveau des beatmakers, j’ai été pas mal influencé par les européens… Herrmutt Lobby beaucoup, enfin surtout Cupp Cave en vrai. Fulgeance à un moment donné, même si je pense que ça ne se ressent pas beaucoup dans notre musique. Et puis beaucoup de gens du coin [la Franche Comté – NDLR] en fait, des beatmakers autour de nous… Il y a pas mal de gens qui font du son dans les parages de Besançon et que j’écoute à fond. Voilà, j’en ai oublié plein !

Zo : Ouais pareil !

Boucherie Chevaline : En groupe new-yorkais, il y a A Tribe Called Quest quand même, qui est une référence absolue. 

Zo : Moi ça me marque encore : dès que Q-Tip rappe, c’est incroyable !

iHH : Vous êtes trois. Pour être schématique, qui fait quoi dans le groupe ? 

Miqi O. : C’est assez équilibré, on rappe les trois et on produit les trois. Sur l’album, je pense qu’on a un peu réparti ça de façon communiste on va dire. 

Boucherie Chevaline : On n’est pas tous prolifiques de la même manière en revanche, dans le même domaine en tout cas. Moi, je n’arrive pas à produire autant de sons que Zo en tout cas, c’est sûr.

Zo : Ça dépend ! T’as sorti plein de morceaux entre temps !

Boucherie Chevaline : Oui oui, mais c’est au niveau de la production de beats pour rapper dessus, j’ai besoin de me dire que je ne produis pas quelque chose sur lequel je vais rapper. Sinon je m’enferme dans une sorte d’automatisme, de schéma…

iHH : C’est important pour vous d’être complètement indépendants ? 

Zo : Je dirais oui, je pense que c’est devenu difficile de lâcher quelques centimètres à “je ne sais pas qui” qui viendrait faire je sais pas quoi là-dedans. Le plus dur en groupe, c’est de faire en sorte qu’il n’y ait pas de frustration et que tout le monde soit content du résultat. Déjà, mettre en commun à trois et aller au bout de ce processus, c’est un bon exercice. S’il s’agissait par exemple de faire intervenir un directeur artistique au milieu de tout ça… Là, c’est pas gagné.

Miqi O. : Ce serait quasiment impossible je pense. Après, sur le mix, on a quelques morceaux qui sont travaillés avec d’autres personnes.

Zo : D’un point de vue technique, on a toujours quelque chose à apprendre. Évidement que si on tombe sur une espèce de tueur qui a produit des trucs qu’on admire, on sera déjà pas mal à l’écoute, parce qu’on a des choses à apprendre. C’est une possibilité mais on a déjà pas mal d’idées, pas mal d’exigences, et puis on sait déjà faire pas mal de trucs.

Miqi O. : Je dirais que c’est le résultat qui nous guide. Tant qu’on a pas l’impression que ça peut donner quelque chose de mieux, on fait ce qu’on sait faire quoi.

iHH : Ça veut dire quoi “groove cabossé” ? 

Miqi O. : C’est une référence au groove souple, un peu off-beat, en retard sur la snare, avec une rythmique un peu chaloupée que tu peux entendre sur certaines instrus de l’album.

Zo : Il y a deux sons produits par Miqi, “Namasté” et “Cliquetis Clung” où c’est flagrant. Il y a cette idée d’éléments pas placés sur les grilles, sur des temps binaires, c’est ça qui est cabossé, c’est off-beat. C’est un truc de la MPC [machine servant à la composition musicale – NDLR] en fait : tu ôtes les marqueurs de temps et donc c’est ce que vont faire tes doigts qui va être enregistré dans la séquence de la MPC. C’est pour ça que ça donne lieu à des snares très en avance ou en retard. Il y a quelque chose d’assez branlant.  

Boucherie Chevaline : C’est un truc de mec qui n’a aucune rythmique dans le corps quoi !

Zo : Justement, c’est quand même toujours avec l’idée de groover, mais d’une façon différente. De toute façon c’est Jay Dee qui a ouvert ça à fond.

Boucherie Chevaline : Mais tu le sens de toute manière quand tu recules la snare sur la grille, que tu la laisses prendre du retard, tu sens tout de suite le groove que ça donne.  

iHH : Vous êtes revenus cette année avec votre projet “Outan Clan” qui raconte votre histoire. C’était une volonté pour vous d’avoir ce concept presque autobiographique ou ça s’est fait parce que ça s’est fait ? 

Zo : Exactement. Je crois que ça s’est fait comme ça, on a décidé ça 3 mois avant de le sortir. On a beaucoup hésité entre un EP, deux EPs, un album, un grand album, pas d’album… et puis à un moment donné, ça s’est décidé comme ça. Ça donne cette espèce de photo du début de notre aventure, mais c’est clair que l’on n’a rien décidé jusqu’à 3 mois avant la sortie du projet. 

Miqi O. : Et puis c’est bien comme ça. Dans les histoires artistiques, je trouve qu’il y a vachement d’histoires de cycles. Il faut boucler un cycle pour passer au suivant. Quand on est arrivés à cette idée-là, c’était évident que c’était ce qui bouclait le mieux le cycle, et franchement, je trouve ça assez pertinent. 

iHH : Cet album est l’aboutissement de 3 ans de collaboration, mais quelque chose me laisse à penser que ce n’est pourtant que le début… Je me trompe ? 

Miqi O : C’est clair que ce n’est que le début ! Quand tu sors un album, c’est la fin de tout un travail. Pour les gens qui l’écoutent, c’est le début de l’assimilation de ce travail. Mais pour nous, c’est la fin de tout ça. 

Boucherie Chevaline : Mais c’est vrai que ça fait un bon terreau pour la suite, pour ce qui va pousser dessus. 

Zo : Ce n’est vraiment que le début de ce qu’on a envie de montrer, ça c’est clair et net. 

iHH : Il y avait une certaine attente autour de votre projet, vous êtes parvenus à réunir une belle communauté. Comment est-ce-que vos fans ont reçu cet album ? 

Boucherie Chevaline : Les retours qu’on a sont jusqu’à maintenant des retours positifs, voire très positifs. Ce sont plutôt les mêmes morceaux qui reviennent dans la bouche des gens et c’est cool parce que moi je n’arrive plus à avoir trop de recul sur ma musique. J’ai du mal à voir comment les gens perçoivent ça, mais là les retours sont bien cool.

Miqi O. : C’est marrant parce que je me rends compte qu’au moment de la sortie d’un album, je ne sais plus du tout ce que j’en pense. Ce sont les retours des gens qui me remettent dedans.

Boucherie Chevaline : Là, c’est ce qu’il se passe, et puis comme on réfléchit déjà à d’autres morceaux, ça n’aide pas à avoir un regard neutre sur ce qu’on a fait avant. On se dit toujours que celui d’après sera mieux, mais les retours sont chanmés !

Miqi O. : Ouais, les retours sont chanmés, que ce soit les gens du métier, les auditeurs en règle générale ou les autres artistes, on sent qu’on vient apporter une pierre qu’il manquait un peu. 

Boucherie Chevaline : D’autant plus quand ce sont des gens que tu ne connais pas et que tu n’as jamais vu qui te disent ça !

Zo : Après, on est encore bien nichés…

Miqi O. : Ouais, mais il y a aussi toute une dimension qui est difficile à percevoir.

Zo : Oui, mais on voit bien que c’est inimaginable pour l’instant qu’il y ait un engouement super large. Notre projet parle quand même beaucoup aux rappeurs aussi, aux rappeurs qui n’ont pas commencé le rap il y un an et demi… Mais c’est normal, on vient de là. Après, ça fait quelques semaines qu’il est sorti, donc il y a  quand même moyen de le faire vivre encore de nombreux mois, même si c’est devenu compliqué de faire vivre un album plus d’un mois et demi !

iHH : Une seule collaboration sur l’album, avec Félix Petit, un beatmaker renommé au Québec qui est originaire de Besançon. Sans trop m’avancer, si vous l’avez invité c’est parce que vous vous connaissez depuis très longtemps, non ? 

Zo : Exactement, on connait Félix Petit depuis 2006 ou 2007, voire peut-être plus parce que Miqi a été son pion au lycée. Avant Grand Singe avec Miqi, on a eu deux groupes. Le premier entre 1999 et 2002 puis ensuite on a monté un autre groupe à deux qui s’appelait Électrons Libres et qui a duré 6 ou 7 ans. Avec Électrons Libres, on a monté un énorme groupe dans lequel était Félix avec son propre groupe. Donc on a déjà fait pas mal de musique avec Félix, sur un projet ou un autre. Musicalement, on adore ; lui aime aussi notre univers, on parle d’une relation humaine et musicale qui traîne depuis plusieurs années. 

iHH : Justement, qu’est-ce-qu’il vous a apporté sur le morceau “Goliath” ? 

Zo : Je trouve qu’il permet d’appuyer notre propos avec sa façon de faire de la musique, aux bons moments du morceau. Ça donne quelque chose de plus fluide et plus libre que mon approche un peu plus rigide. C’était surtout à la fin du morceau sur l’envolée instrumentale où je voyais toute la place qu’il pouvait prendre.

Boucherie Chevaline : Je trouve que ça renforce la mélancolie du morceau.

Miqi O. : Ça fait la respiration puis l’envolée émotionnelle qui te permet d’assimiler tout ce que tu viens d’entendre avant dans le texte. 

iHH : Vous avez je suppose un regard sur toute la direction artistique autour de votre projet, et notamment des clips ?

Miqi O. : Je dirais plus ou moins mais plutôt plus que moins quand même. En fait pour de vrai je pense qu’il n’y a que le clip de “Yéti” où c’est la vison de quelqu’un d’autre qui s’exprime.

Boucherie Chevaline : Oui, c’est clair, sinon la vision artistique est vraiment la nôtre pour les clips. Attrape Science ont eu vraiment carte blanche pour “Yéti”, pour faire ce qu’ils voulaient donc…

iHH : C’était l’exception qui confirme la règle ?

Zo : C’est ça, après on a tellement kiffé ce qu’ils ont fait sur “Yéti” qu’on va vraiment essayer de faire un autre clip avec eux très prochainement. Parce que “Yéti”, c’est un morceau de Boucherie Chevaline, donc comme on va faire un gros morceau tous ensemble avec eux, on sera peut-être un peu plus chiants !

Boucherie Chevaline : Sûrement plus chiants parce que moi je n’ai rien dit du tout, seulement la deadline qu’ils ont respectée au jour près, mais c’est tout !

iHH : Si vous deviez ne retenir qu’un morceau de “Outan Clan”, ce serait lequel ? Et pourquoi ? 

Miqi O. : Putain c’est pas évident… Moi j’en retiendrais deux ! 

Zo : Moi aussi !

Boucherie Chevaline : Moi aussi !

iHH : Va pour deux alors !

Miqi O. : Je dirais “Goliath” et “Namasté” parce que je trouve qu’ils donnent deux directions qui nous représentent, qui sont un peu les deux pôles artistiques que l’on travaille. Dans “Namasté”, il y a à la fois le jeu dans les lyrics et puis l’amour de jouer avec les sonorités, le flow, et le beat qui va chercher d’autres trucs que les classiques hip-hop. “Goliath” est un peu plus dans la tradition, avec l’exigence qu’on a envie d’y mettre. Les deux représentent bien “Outan Clan” je trouve.

Boucherie Chevaline : Moi je vais dire “Outan“, juste pour le clin d’œil au titre du projet et parce que c’est un morceau collectif. Puis je dirais aussi “Goliath”, parce que ça défonce.

Zo : Je vais dire “Goliath” aussi mais pas pour les même raisons, je vais dire ça parce que c’est mon petit bébé. Je suis allé à un endroit où je n’osais pas trop aller, j’ai mis du temps à accoucher de ce truc, il a été écrit il y a 3 ans mais enregistré il y a 3 mois, c’était un long processus. Au final, j’en suis vraiment content. Après j’hésite vraiment entre “Ouverture” et “Eazzcoazz” parce qu’on a commencé le groupe avec “Eazzcoazz” : c’est après ce morceau-là qu’on a décidé de s’unir donc c’est quand même un truc très important dans notre histoire. Mais “Ouverture” c’est quand même le premier morceau qu’on a balancé en tant que Grand Singe. On a fait un clip, on l’a envoyé et il s’est passé beaucoup de choses à partir de ce moment. 

Boucherie Chevaline : C’est vrai !

Zo : On s’est dit qu’on était encore dans notre délire, et on a touché beaucoup de monde avec ce morceau, il s’est passé un truc fort. Il est quand même assez central le morceau “Ouverture”. 

iHH : Et maintenant, qu’est-ce-qu’on peut attendre pour la suite ? 

Miqi O : Pour 2021, on est sur un EP, au minimum, et puis des clips qui vont entourer la sortie de cet EP. Peut-être pourquoi pas un clip d’un autre morceau d’”Outan Clan” si ça peut se faire. Et puis quoi d’autre…

Zo : Des concerts dans toutes les villes de France dès que la situation le permet ! On a le show de prévu déjà !

Boucherie Chevaline : Chronologiquement, on a déjà deux vidéos qui sont sorties récemment. Des vidéos de la captation live de notre concert aux Trans Musicales de Rennes en décembre 2019. On a deux morceaux qui sont montés, histoire de donner des images de live et de faire envie. Il y aura “Crazzy” de “Outan Clan” et un autre morceau qui est juste un morceau live, qui ne sera pas dans un projet. Dans l’EP à venir, il y aura un featuring avec un autre rappeur français de haute voltige dont on taira le nom pour l’instant. C’est un mec bien niché mais qui est quand même ultra-fort. Humainement et artistiquement, on s’y retrouve beaucoup avec lui. Tout ça pour dire qu’on est en train d’ouvrir pas mal de pistes de featurings avec des gens chez qui on se reconnait !