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iHH INTERVIEW : Rencontre avec BUDDY, grand enfant de la West Coast, pour la sortie de son album “Harlan & Alondra”.

BUDDY pub

Interview et traduction : Marie Sineux

Grand enfant de la scène américaine, Buddy sort, à presque 25 ans, son premier album, “Harlan & Alondra”, plus de 10 ans donc après la sortie de son premier EP. Sa musique éclectique, de par le mélange du chant et du rap notamment, a quand même une forte empreinte West Coast et a pour particularité de pouvoir plaire à beaucoup de personnes différentes. “Harlan & Alondra” est un album solaire, plein de bonnes énergies, et notre rencontre avec Buddy confirme que ce projet est à l’image de son auteur.

iHH : La plupart des gens t’ont découvert avec le titre “Awesome Awesome” en 2011. Comment es-tu venu à faire de la musique ? Je suppose que ça a commencé bien avant 2011…
Buddy : J’avais l’habitude de rapper à l’heure du déjeuner au collège. J’étais dans un conservatoire où on apprenait à jouer et à danser. On faisait des pièces de théâtre. On s’amusait en coulisse, à installer tout, à faire les design des costumes. J’ai fini dans ce groupe de rap qui a fait un morceau à propos des tee-shirt blancs. Donc j’ai continué à rapper après ça. J’ai récupéré une cassette de beats d’un pote, j’ai fait quelques sons. J’ai continué, et un ami qui est un superviseur musical pour quelques émissions télévisées aux Etats-Unis m’a présenté à Pharrell qui m’a emmené à Miami pour commencer à me faire des instrus. Je suis dans cette industrie depuis 10 ans maintenant, je suis signé chez RCA et je m’apprête à sortir un album.

iHH : Quel âge avais-tu quand tu as vraiment commencé à rapper ?
Buddy : Genre sérieusement ? Je pense que j’ai toujours rappé, mais c’était plus quelque chose que je faisais quand je m’ennuyais, que je n’avais rien à faire et que j’avais des beats. J’ai vraiment commencé à prendre ça au sérieux à 17-18 ans.

iHH : Comme tu le disais, tu es un artiste complet parce que tu as appris beaucoup de choses dans l’art en général, pas seulement dans la musique mais aussi dans le théâtre, la danse. Tu fais encore de la danse et du théâtre un peu ?
Buddy : Oui ! Je suis le meilleur acteur, je le fais tous les jours maintenant.

iHH : Tu ne fais pas que rapper, tu chantes aussi. Tu as aussi eu des cours de chant ?
Buddy : J’ai grandi dans une chorale d’église. Et ils m’apprenaient à chanter au conservatoire, donc oui, j’ai eu des cours de chant. On fait les échauffements vocaux et tout ça.

iHH : Et tu as grandi avec quel genre de musique ?
Buddy : Hip-hop, R’n’B, Gospel, soul, funk… Toutes ces sortes de musique.

iHH : C’est pour ça qu’aujourd’hui, ta musique est assez éclectique.
Buddy : Oui, j’ai une palette assez vaste. J’écoute de tous les types de musique. Même aujourd’hui je cherche toujours de nouvelles musiques que je n’ai jamais écoutées, que ce soit nouveau ou vieux. Il y a tellement de musiques qui sortent tout le temps. Je suis constamment en train d’écouter et de trouver des idées dans les choses que j’aime dans la musique.

iHH : C’est important aujourd’hui d’avoir toutes ces différentes influences dans la musique. Tu te verrais ne faire que du rap dans ta musique, ou c’est vraiment important pour toi de mixer toutes tes influences ?
Buddy : Je ne me vois pas que rapper tout le temps. C’est trop ennuyant. J’ai besoin de chanter aussi. Je ferai toujours les deux.

iHH : Ton album es sorti le 20 juillet du coup.
Buddy : Eh oui, le 20 juillet ! Le jour de l’anniversaire de mon neveu, le jour de ses 6 ans. Il est sur l’album, sur une des chansons bonus. Donc il faut avoir les chansons bonus pour entendre mon neveu, et je te conseil de les avoir parce que c’est son anniversaire ! En plus, il est payé quand tu écoutes cette chanson.

iHH : Pourquoi as-tu pensé que c’était le bon moment pour sortir ton premier album ?
Buddy : Parce que j’ai une meilleure compréhension de l’industrie et ce que ça coûte de vraiment réussir. Plus tôt, j’étais beaucoup plus inconscient. J’ai beaucoup appris. Je pense vraiment que maintenant, à ce point de ma vie, surtout avec la musique et les connaissances que j’ai acquises à travers les années, c’est le bon moment pour de sortir ça.

iHH : Tu as eu l’intelligence avant de te dire que tu n’étais pas prêt pour l’album.
Buddy : Oui, et c’est une bénédiction. Parce que j’aurais pu sortir n’importe quoi et finir un peu n’importe où. C’est arrivé à tellement de différentes personnes, qui ont commencé à être des rappeurs et finissent avec un tatouage sur la figure. Il fallait faire un point sur ma vie sur Terre, puis la situation de ma vie à Los Angeles, et après je pouvais m’occuper de ma carrière musicale.

iHH : Avant l’album, tu as sorti des mixtapes. Tu as travaillé différemment sur les mixtapes que sur l’album ?
Buddy : Quand je travaillais avec Kaytranada, il m’envoyait plein de prod°, et je rappais, sans qu’il soit là, je lui renvoyais les morceaux, et il rajoutait des choses, enfin des trucs comme ça. On ne travaillait pas face à face, on n’était pas physiquement ensemble quand on travaillait. Il y avait cette distance. J’aurais aimé booker une session en studio, avoir un ingénieur, vérifier que toutes les chansons étaient prêtes à être enregistrées pour que je puisse faire ça assez rapidement. Quand j’ai enregistré avec Mike & Keys, ils avaient un studio donc ils faisaient des instrus tout le temps, je pouvais les faire rejouer et rapper dessus tout le temps. On avait un bon processus d’élimination pour choisir les chansons. Avec ce nouvel album, “Harlan & Alondra”, j’ai vraiment pu intégrer tous mes amis, pour qu’ils puissent prendre part à ce projet, des êtres humains, des vrais amis qui font la meilleure musique du monde. On a pu tous être ensemble, collaborer, faire jouer des instruments en live, et on a eu un budget du label pour le studio ! Je suis allé chez Toys’R’Us, j’ai dépensé 3000 $ dans des jouets, dans des dinosaures, des yoyos, des Rubik’s Cubes, des Lego. J’ai installé une ambiance pour que ce soit hyper libre, et on a fait tout ce qu’on voulait. Et ça s’entend dans l’album.

iHH : Tu as travaillé aussi sur les prod°, sur le son, tu as aidé à faire les instrus ?
Buddy : Non, c’est Brody Brown qui a produit. Il a obtenu des Grammy Awards, il a fait des trucs pour Adele et Bruno Mars. J’ai aussi bossé avec Mike & Keys, ils sont incroyables. Avant, ils s’appelaient The Futuristiks, ils ont fait des trucs de fou pour Nipsey Hussie, Dom Kennedy, et plein d’artistes de Los Angeles. Il y a aussi Roofeeo, il  joue de la batterie pour la télévision et la radio, c’est un super producteur, c’est une légende. On a collaboré avec pas mal de producteurs incroyables, on s’est vraiment amusés en enregistrant cet album.

iHH : Depuis quand vous travaillez sur cet album ?
Buddy : J’ai commencé en juin ou juillet de l’année dernière.

iHH : Tu as travaillé à plein temps pendant presque un an dessus ?
Buddy : J’allais en studio pendant 12 heures en général, je ne restais pas 24 heures dans le studio ! Parfois j’étais en retard, parfois je dormais, il y a des jours où je ne faisais rien… J’étais dedans tous les jours, dans la routine, j’enregistrais tous les jours, je finissais des chansons. C’était amusant !

iHH : Tu as collaboré avec A$AP Ferg sur “Black”, et vous avez décidé de faire une tournée ensemble. Comment l’as-tu rencontré et comment en êtes-vous arrivés à collaborer ensemble ?
Buddy : J’ai rencontré A$AP Ferg avec la A$AP Mob. Je le voyais toujours à des soirées ou en studio. On est juste devenus amis comme ça. Il était au studio avec Pharrell quand on essayait de trouver des instrus Pharrell et moi pour mon album. Il enregistrait avec moi, et avec A$AP Ferg au même moment. Mais Pharrell a des enfants maintenant, donc il est parti. Donc je suis resté avec A$AP Ferg, j’ai fait jouer le morceau, et il n’a pas attendu qu’il soit terminé. A la moitié du premier couplet il m’a dit “coupe le, envoie-le-moi, je vais rapper dessus tout de suite”.

iHH : Tu as évoqué Pharrell. Il a joué un rôle important dans ta carrière, il t’a aidé dans tes débuts. Comment l’as-tu rencontré lui aussi ?
Buddy : J’ai rencontré Pharrell par un ami qui était superviseur musical pour quelques émissions télés. Il m’a fait rencontrer Pharrell en personne, m’a fait serrer sa main, après on est rentrés et je lui ai fait écouter quelques morceaux. Il a vraiment aimé et il m’a emmené à Miami pour me faire des instrus.

iHH : Tu es encore en contact avec Pharrell ?
Buddy : Oui on est encore potes, mais il est très occupé en ce moment, et il a des enfants. Mais quand on traîne ensemble, c’est toujours cool.

iHH : Dans ton album, on voit que tu es très attaché à ta ville, à Compton. J’imagine que ça t’inspire beaucoup. Le nom de ton album, “Harlan & Alondra”, représente deux rues au croisement desquelles tu as grandi. Quelle place ça a dans ta musique ?
Buddy : C’est juste là où tout a commencé. J’ai eu mon premier petit ordinateur ici, j’ai eu mes premières cassettes audio d’instrus ici, j’ai commencé à enregistrer mes premiers morceaux ici. J’essaye en fait d’amener tout le monde dans ma vie, pour qu’ils voient où j’ai grandi, et qui je suis en tant que personne.

iHH : Il y a ta famille aussi sur la pochette de ton album. On dirait vraiment que dans cet album tu essayes de te présenter, parce que tu parles de ta ville, de ta famille. C’était important pour toi de te présenter comme ça dans ton premier album ?
Buddy : Oui. J’ai l’impression que depuis que je suis dans l’industrie musicale, personne n’a vraiment pu savoir qui j’étais en tant que personne. Donc parler de l’endroit où j’ai grandi et des choses que j’ai traversées en grandissant, des personnes présentes dans ma vie, des choses qu’on a traversées ensemble, c’est une bonne présentation. Je suis juste un mec normal, je vis des choses normales, et c’est facile à raconter aux gens normaux aussi. Dans l’industrie du rap, on est arrivés à un point où tout le monde est hyper riche, ils ont les meilleurs designers, ils sont incroyablement célèbres, presque intouchables. J’essaye juste d’être plus humain que ça.

iHH : Tu as eu des musiciens dans ta famille aussi ?
Buddy : Mon père chante, il s’occupe de la chorale principale à l’église. Ma mère sait chanter mais elle ne chante pas souvent. Ma sœur aussi sait chanter mais elle ne chante pas non plus souvent. Tout le monde a une voix, mais tout le monde ne l’utilise pas.

iHH : Ils t’ont poussé à faire de la musique ?
Buddy : Oui, bien sûr. Même avant que je rap, ma mère me faisait toujours faire des activités à l’extérieur de Compton, pour être sûre que je n’allais pas me faire embarquer dans certaines choses.

iHH : Tu as déjà pensé à ce qui va arriver après l’album ?
Buddy : En ce moment j’essaye juste de m’habiller bien. Je sais ce que j’ai à faire, mais je veux être sûr d’être bien aussi.

iHH : Je t’ai parlé des endroits où tu as grandi. Mais dans ton album on ressent vraiment l’influence de la West Coast. Ça a été compliqué de mettre cette influence, pas seulement dans les paroles et la façon de rapper ou chanter, mais aussi dans la musique et les mélodies ?
Buddy : Non, j’ai beaucoup de chance parce que j’ai les meilleurs mecs pour faire mes prod°, qui le font très bien. Brody déchire, Mike & Keys aussi, Roofeeo aussi. Tout ce que j’avais à faire, c’était rapper ma chanson. C’est trop bien.

iHH : Tu parles aussi de femmes et d’amour dans l’album. Pourquoi ce thème prend une si grande place dans ton projet, et ta musique en générale ?
Buddy : Je parle beaucoup de femmes, parce qu’elles sont très importantes pour moi et pour tout le monde. À ce moment de ma vie, j’essaye de perfectionner mes interactions avec les femmes. Je pense que le meilleur moyen de faire ça est de se rappeler des moments où j’ai menti à des femmes, où j’ai manqué de respect à ma mère, ou à n’importe quelle autre femme, et de l’exprimer et accepter le fait que je ne suis pas parfait et que je pourrais être meilleur. C’est juste un premier pas vers une maturité supérieur. Parce qu’on doit bien traiter les femmes. J’essaye, moi.

iHH : Tu as beaucoup d’énergie sur scène. La scène est une grande partie du travail du musicien aujourd’hui.
Buddy : Oui, et je n’ai pas de groupe. Je pense que les personnes avec un groupe peuvent bouger moins, ou en faire moins parce que le groupe joue en live, et le rap par-dessus est plus un apport dynamique. Mais sur scène, il n’y a que Cedric, mon DJ, et moi qui rap. Il n’y a que moi pour remplir l’espace. Je dois donner de l’énergie au public pour en recevoir. C’est la base, tu dois donner pour recevoir.

iHH : En plus, tu sais danser aussi, donc il faut le montrer !
Buddy : Eh oui ! Si je ne donne pas d’énergie, comment je peux espérer que les autres m’en donnent ?

iHH : Tu préfères enregistrer ou être sur scène ?
Buddy : J’aime beaucoup enregistrer, parce que je peux plus fumer. Je peux fumer pendant que j’enregistre, mais je ne peux pas fumer pendant tout le concert, je serais fatigué, je raterais des trucs, le spliff serait foutu parce que je saute partout. C’est beaucoup plus drôle d’enregistrer parce que je peux fumer.

iHH : Beaucoup de gens misent sur toi en ce moment, et disent que ta notoriété devrait exploser d’ici peu. Cet album va contribuer à ça. Tu es prêt à franchir cette grande marche ?
Buddy : Mon but principal est de partager mon opinion, de dire ce que je pense, de dire aux gens la vérité, et de ne pas être un trou du cul quand je le fais. Parce que j’ai vu plein de personnes super connues être méchantes pour aucune raison. C’est bien d’avoir beaucoup d’attention, mais il faut l’utiliser dans un but positif, plutôt que négatif.

Pour écouter “Harlan & Alondra” de BUDDY, c’est ici : https://Buddy.lnk.to/HarlanAndAlondraIHHDC

© 2018 iHH Magazine