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Ol Zico et Swift Guad se sortent du “Terrain Miné” !

Alors que le rap français vit une énième vie, le duo Swift Guad et Ol Zico conserve son fusil sur l’épaule et envoie un album entièrement mis en musique par Mani Deïz, pour un résultat explosif ! Nous avons rencontré les deux rappeurs… et zoomé sur Ol Zico !

Interview : La Rédaction

iHH : Ol Zico, après ton album avec Warlock, tu as longtemps été absent, qu’est-ce qui t’a remis dans le bain du rap français?

Ol Zico : Je me suis remis dans le bain après “La Poignée de Punchlines” en 2016. J’ai dû faire un long break d’une dizaine d’années parce que je n’imaginais pas le rap sans Warlock, le mec de mon groupe [ndt : Bazané]. Il était plus centré sur les lives , les End of the Weak etc… Je me suis concentré sur ma vie alors que c’était le moment où on aurait vraiment pu faire quelque chose de bien. On était sollicité par des mecs qui ont fini disque d’or, mais on ne s’en rendait pas compte à l’époque. J’avais un manque et je devenais aigri quand je parlais de rap. J’ai remis le couvert pour “Martyrs Modernes” avec Pejmaxx, Nefaste et Mani Deïz.

IHH : Ce projet à 3 avec Mani Deïz est-ce une suite au projet Notre Dame qui ne comptait que Swift et toi ? Et d’ailleurs, qu’est-ce qui vous lie toi et Swift, si ce n’est le rap?

OZ : Swift et moi quand on parle rap on est sur la même longueur d’ondes. On est des passionnés de fou. Je ne connais personne d’autre que lui avec qui faire un projet comme celui-ci dans ces conditions. Je suis toujours choqué par son professionnalisme ! Je lui dis souvent. Je n’ai jamais vu un mec aller aussi vite que lui ! On est de l’époque des open-mics, des compétiteurs dans l’âme ! Il a des valeurs humaines qui ressemblent aux miennes aussi. Il est dans le partage et on a vécu tellement de trucs à l’époque aussi. On pourrait passer des soirées à parler nostalgie.

iHH : Swift, on te voit beaucoup, toujours pied au plancher, sorties de disques, dates de concerts, marques, et j’en oublie sûrement… qu’est-ce qui te motive à ce point ?

Swift Guad : C’est l’inspiration qui me motive, l’envie de faire des nouveaux projets en permanence. Pendant le confinement j’ai beaucoup écrit , du coup j’ai pas mal de projets sous le coude qui sont prêts et qui n’attendent plus qu’une date de sortie. Après il faut dire que j’ai la chance de bosser avec des personnes motivées et inspirées, ce qui fait que tout va plus vite et que le meilleur reste toujours à venir.

iHH : Ol Zico, comment tu cales Swift pour déclencher ce projet ? Par ailleurs, ce sont les prods de Mani Deïz qui vous font débuter un titre, ou vous avez une autre manière de commencer à travailler ? 

OZ : On a commencé par faire un morceau pour Mani, pour sa compil’… Puis deux, pour avoir le choix… Après je lui dit “Pfff, viens on fait un album, non”? Il appelle Mani en scred dans la minute et revient vers moi et me dit “Vas-y, c’est parti pour un album”.

iHH : Le projet ne compte que 10 titres… vous en avez gardé de côté ou alors ils ne vous convenaient pas ?

OZ : Un seul parce que le son n’était pas à la hauteur du thème !

iHH : Vous attaquez ce projet avec “Best Seller”, un titre plein d’ironie mais aussi très sombre… Ol Zico, tu attaques ton couplet avec “Aucun trophée soulevé” (qui fait écho à un “viser le top c’est niqué”, sur “La Flamme”), tu continues plus loin “ma rime elle frôle le génie”… tu rappes aussi à propos de l’Auto-Tune, on sent un règlement de comptes vis-à-vis du rap ou je me trompe ?

OZ : Non, je parle de moi, de mon état d’esprit. Je n’ai rien fait de bien carré dans ce rap à la con. J’avais tout pour. Tu sais, dans la vie, j’essaie souvent de me remettre en question. Mon rap me ressemble, ça part dans tous les sens, je pioche mes punchs dans mon cerveau, je ne raye quasiment plus mes phases parce que je me rends compte que ce que j’aime le plus dans la musique c’est la spontanéité. Et le rap à thème me casse de plus en plus les bonbons. Ça ne parle plus aux jeunes. La phase par rapport à l’Auto-Tune, c’est pour dire “C’est bon, réveillez-vous ! Ne trouvez pas d’excuses à vos échecs, c’est souvent nous le problème”.

iHH : Je voulais absolument parler d'”Himalaya”, tant pour sa prod’ que pour les lyrics… Tu dis “Y’a plus de code, plus de limite, plus de fairplay. J’ai grandi dans des labyrinthes aux issues fermées”, c’est le constat que tu fais de la société ? Et pourtant tu dis juste après “le bonheur j’vais l’ché-cher”…

OZ : Le peu que j’ai dans ma vie, j’ai dû galérer pour l’avoir. Ma famille, mes enfants, mon permis, ma caisse, mon taf… TOUT ! Et “y’a plus de code” parce qu’on se fait tous les même constats de vieux cons. On ne se reconnaît pas dans ces nouveaux jeunes qui s’insultent leurs mères en rigolant.


iHH : “Les bons conseils c’est comme le rap, mon frérot, ça s’écoute fort”. Tu trouves qu’il y a un laisser-aller, tant dans le regard des plus jeunes que dans le rap français?

OZ : Je ne sais pas, il y a aussi et surtout un laisser-aller chez les plus matures, ceux qui sont censés connaître un peu mieux la vie nous répètent à longueur de journée de nous méfier des autres. Cette phase veut dire “Écoute les anciens qui te veulent du bien…. Tes parents, tes frères et sœurs, ton sang”.

iHH : “ParaÎt qu’il écrit bien on veut le feat d’Éric Zemmour”… quand bien même on sent l’ironie, je voudrais revenir sur cette rime, au moment où il se veut présidentiable

OZ : C’est marrant. Il maîtrise trop bien le français. Les codes du rap sont différents, je l’imagine bien poser un son boom-bap. Et je suis sûr que s’il essayait, il se rendrait compte de la difficulté à écrire en respectant les multisyllabes, le rythme, le sens.

iHH : “Tout donné à la street, j’l’ai quittée quand elle m’a pris le bec” (“Tremblement de Terre”), va dans le même sens que certains lyrics de “Best seller” : vous reprochez à une partie des rappeurs de faire l’apologie de quelque chose qu’ils ne vivent pas forcément mais qu’ils glorifient à longueur de lyrics ?

OZ : Moi je ne vis plus le quartier mais j’ai des séquelles à vie : mon accent, mes codes, mon état d’esprit au quotidien. Je ne cherche pas à dénigrer les autres, chacun son truc. Je rappe les principes de mon époque. Chacun ses patins. Je ne donnerais jamais à manger à ma famille avec l’argent du shit, de la coke ou en faisant son apologie.


iHH : Le projet est très sombre, très rappé (même si Swift se plaît de plus en plus à chantonner) dans un game qui met en avant les “chanteurs” du rap français, vous aviez des attentes avant de sortir ? Si ce n’est de plier les instrus de Mani Deïz.

OZ : Le côté musical du projet, c’était un peu la ligne directrice du projet. Un nouveau boom-bap, se faire plaisir et kiffer entre potes.

iHH : Ol Zico, tu te fais de plus en plus présent, c’est pour annoncer un solo à venir ?

OZ : Un solo très prochainement. Prévu pour décembre. Hâte de vous faire découvrir. Les gens qui ont kiffé “Terrain Miné” vont, je pense, surkiffer mon album. C’est la même ligne directrice très musicale et kickée en même temps.,

Vous pouvez écouter “Terrain Miné” de Swift Guad, Ol Zico et Mani Deïz juste ici :