Texte : Sébastien Muzi et Maude Jonvaux
Photos : Maude Jonvaux
Le très prolifique Georgio était de passage au Luxembourg pour présenter son album « XX5 ». On a adoré le retrouver à la Rockhal et on vous explique pourquoi il faut courir le voir.
Après 2 albums acclamés par la critique, Georgio nous présente cette année « XX5 », sorti en novembre 2018 sur le label Panenka. Sur la pochette, le jeune rappeur est allongé dans une piscine de boules colorées au dessous d’une tombe. En guise d’épitaphe en latin « Georgio XX5. Ma jeunesse a disparu, la suite n’en sera que meilleure ». C’est donc sur un album plus adulte que l’on retrouvait le – pourtant – jeune rappeur pour sa première date au Luxembourg.
Georgio ne nous a pas déçu, exposant sa musique aux multiples facettes durant un concert de plus d’une heure et demie. Généreux avec son public, le rappeur parisien n’a pas faiblit, offrant un show complet. Sur scène, il est accompagné de son plus fidèle beatmaker A Little Rooster, ainsi que son backer de toujours Sanka. Pour la première fois sur une tournée, il est accompagné par le batteur Florian Gouello.
La scénographie est soignée, pensée par Mathieu Delaporte (ingénieur light), qui signe ici un décor sobre et minimaliste, tout en finesse. Les lumières appuient l’univers varié du rappeur et donnent un rendu esthétique en habillant la scène.
Au début du concert, le rappeur enchaine quelques morceaux de son nouvel album (« Hier », « Miroir », « J’roule ») avant de prendre la parole. Ce qu’on apprécie chez Georgio c’est sa spontanéité et son naturel. Jamais il ne surjoue et semble prendre un véritable plaisir à fouler le Club de la Rockhal. Sa démarche est sincère et il le communique aisément avec son public.
Georgio, généreux et sincère
Lors d’une interlude, toute la spontanéité de Georgio ressort. Lui qui aime partager avec ses fans, n’hésite pas à remonter en loge, laissant son public et ses musiciens pantois, le temps de récupérer son téléphone rempli d’exclusivités qu’il ne peut s’empêcher de déclamer a cappella. Un bœuf musical s’improvise sur scène avec la complicité de la foule, ravie. C’est tellement spontané qu’on ne peut s’empêcher de trouver ça génial.
Quelques morceaux de l’album Héra viennent réjouir les aficionados, comme « Brûle », « Svetlana et Maïakovski », « L’or de sa vapeur rouge », et le superbe story telling de « La vue du sang ». Georgio n’en oublie pas pour autant les sensations des premiers émois avec le puissant « Appel à la révolte » issu de son premier album studio « Bleu Noir ».
D’autres singles tels que « J’en sais rien » fonctionnent et font bouger la foule. Sanka se charge de faire monter la pression en donnant des consignes au public. Même si la salle n’est pas comble, l’ambiance est au partage et à la bonne humeur, à croire que l’énergie déployée sur scène est virale ! On aurait pu rester encore longtemps à écouter tant l’aura de ce genre de concert dénote dans le paysage rap et nous fait du bien.
Une setlist généreuse qui vient rappeler que Georgio est un artiste complet, alliant à lui seul plusieurs univers. Autant capable de toucher du doigt la chanson française, le punk que le rap français, Georgio surprend et étonne par son aisance et sa sensibilité musicale. On aurait presque vu une guitare pour accompagner certains morceaux et remplacer les pistes, notamment sur le titre « Héra », mais on ne lui en veut pas ! Rappelons qu’il n’a que 26 ans et une belle carrière à venir…
Sur « Ici Bas », Georgio déclame, rugit son texte, se laissant envahir par l’émotion, on dirait du Brel jusque dans sa gestuelle. C’est aussi authentique que c’est beau à voir, merci !