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La poésie vigie d’Edgar Sekloka

Figure cardinale de la scène alternative, le rappeur, chanteur, compositeur et auteur français publie sur les réseaux sociaux “Ça arrive parfois souvent“, premier single de son prochain album “À l’atelier des âmes debout”.

Texte : FARA C. /// Photos : © Hashka

Le natif de Paris aux racines béninoises et camerounaises n’a pas son verbe dans la poche. Sensible, acérée, sa critique sociale aime jouer avec les mots. “Dans nos smartphones y a l’oreille des RG qui a emménagé / Airbnb, notre vie privée devient leur maison partagée”, profère-t-il d’une voix projetée à travers un mégaphone de manif, dans le clip de « Ça arrive parfois souvent ». L’inventif Hashka, créateur visuel et fidèle collaborateur d’Edgar, a signé la réalisation de la vidéo. Le morceau invite la chanteuse et percussionniste Natascha Rogers. La quête de cette artiste, hollandaise par sa mère et amérindienne par son père, l’a amenée à pratiquer les rythmes d’Afrique, de Cuba et d’ailleurs. Ici, c’est une batucada qui s’acoquine avec de l’électro et qui galvanise le texte. On découvrira l’album dans sa version scénique, lors de la tournée d’Edgar Sekloka et de son groupe, à partir du printemps 2024.

Vidéo, Edgar Sekloka, “Ça arrive parfois souvent” (avec Natascha Rogers) :

Succédant au captivant “Unpeude sucrr” (2021), l’album “À l’atelier des âmes debout”, qui sortira en février 2024, rend compte, avec singularité, de la démarche adoptée par Edgar Sekloka depuis plus de quinze ans, via ses concerts, ses publications et les ateliers qu’il encadre en France et à l’étranger : un art en chantier, en questionnement, à l’écoute des turbulences de son temps. A travers ses nombreux ateliers d’écriture, Edgar Sekloka exprime une préoccupation essentielle : la transmission.

Il est un artiste artisan, qui, sur l’établi de la patience, lime avec passion ses grooves et ses rimes. Pour reprendre un vocable de l’émérite jazzman Bernard Lubat, il est un “œuvrier”, un ouvrier qui fait œuvre. Et quelle œuvre ! Deux recueils de poésie et trois romans, un album signé Milk Coffee & Sugar (son fameux tandem slam avec Gaël Faye) et cinq opus discographiques à son nom défient formes et frontières.

Un veilleur aux semelles de vers

Pour ce nouvel album au riche arc-en-ciel musical (électro, hip-hop, jazz, pop, afro…), le leader s’entoure, comme toujours, d’artistes qui, à son instar, se reconnaissent en ces phrases d’Aimé Césaire : “Comme l’homme a besoin d’oxygène pour survivre, il a besoin d’art et de poésie (…). Par l’art, le monde réifié redevient le monde humain” (discours à Dakar, Premier Festival mondial des arts nègres, 1966).

Edgar Sekloka est le veilleur qui braque sa torche sur les proxos des algorithmes (dans “Google”), sur les sprinters du stream (“Tuer je”). Sa prosodie vigie scrute l’horizon brouillé par les mensonges des va-t-en-guerre et les modèles imposés (“C’est comme ça”), les injonctions sclérosantes (“Anonymie”)… Et, soleil à l’horizon, brille “Farfouri”, hymne allègre à l’enfance.

Sans manichéisme, Edgar Sekloka dissèque la complexité du monde et met en lumière les sources d’espoir. Ses semelles de vers nous propulsent dans une poésie qui palpite d’une interrogation et d’une utopie émancipatrices.

Informations pratiques :

Edgar Sekloka, “Ça arrive parfois souvent”, single publié le 20 octobre 2023.

Album “À l’atelier des âmes debout”, à paraître le 9 février 2024.

Tournée au printemps 2024

https://www.instagram.com/edgarsekloka/