À 19 ans, Chiloo est plein d’ambition. Alors qu’il a déjà fédéré une belle communauté de fans, notamment grâce à ses freestyles sur Instagram, il se lance concrètement dans le monde de la musique avec la sortie, ce jeudi 7 mai à minuit, de son premier EP “Promesses à tenir”. Entretien.
Interview : Dorian Lacour
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J’ai commencé quand j’étais plus jeune, j’écrivais des petits poèmes, et le rap est entré dans ma vie quand je suis entré en seconde. J’ai redoublé ma seconde et aujourd’hui je suis en terminale, c’était il y a trois ans donc. Le rap me servait à dire des choses que je n’arrivais pas à exprimer autrement, j’ai trouvé dans l’écriture un vrai moyen d’expression. J’ai beaucoup écrit et je me suis dit que j’aimerai bien que quelqu’un d’autre écoute mes textes. Donc j’ai lancé le projet Chiloo il y a un an environ, j’ai commencé par les concours sur Instagram, c’était compliqué d’avoir de la visibilité mais j’ai pas lâché l’affaire. Puis un jour j’ai été reposté sur @lerapfrançais et @1minute2rap. Selim [son producteur – NDLR] et moi on se connaissait depuis pas mal de temps, on s’est associés et depuis on avance ensemble. Mais je ne fais pas que du rap, j’ai mes études aussi, le rap reste une envie de métier mais je veux garder une “sécurité” en faisant des études à-côté.
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J’étais un vrai cancre en seconde ! Quand j’ai commencé le rap ça m’a apporté une certaine rigueur, parce qu’envoyer un texte c’était l’écrire, le retravailler, faire des rimes riches, des assonances. En fait le rap m’a permis de me mettre plus sérieusement dans les cours.
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Alors en fait on est en licence avec le label “Tôt ou tard”. Ce n’est pas un accomplissement en soi, il y a encore beaucoup de chemin à faire. Une maison de disque m’a ouvert sa porte, j’en suis très fier, mais j’essaye encore de franchir cette porte. Pour faire une image, on peut dire que je suis au rez-de-chaussée et que j’essaye de gravir les échelons ! (rires)
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J’y avais pas pensé mais je trouve que c’est une super interprétation ! Pour moi la promesse à tenir c’est l’idée que j’exprime dans mon morceau [“Promesses à tenir” – NDLR] quand je dis “on a tous des problèmes, on a tous des promesses à tenir“. Quand j’écris mes morceaux, je parle de ce que j’ai vécu. J’aime bien que les gens puissent s’identifier, quand je dis je suis persuadé qu’on a tous nos problèmes, nos vies, on a tous nos moments où on est pas super bien, et on a tous des promesses à tenir. Il y a quelque chose à accomplir, je suis pas tout seul à les avoir ces problèmes, on est plein dans ce cas.
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J’écris sur les émotions que je peux ressentir à un moment donné. Quand tu écoutes tu te dis que tout n’est pas très beau dans ma vie. Quand j’écris “Vices” ou “Bipolaire” qui sont des textes sombres, c’est à une période donnée où je ne me sens pas très bien. J’essaye d’analyser la personne que je suis, par exemple dans “Laissez passer” il y a une petite lumière, une ambiance, un texte un peu plus léger. Ce qui m’inspire ce sont mes histoires passées, mon vécu qui n’a pas toujours été super joyeux.
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C’est tout à fait ça, il y a 10-15 ans je sais pas si j’y serai allé aussi librement, bon à cette période j’étais pas trop trop dans le rap non plus. Aujourd’hui le rap a évolué, il est universel, il est ouvert d’esprit, il y a des nouveaux gars qui prennent la parole sur ces sujets. J’adore citer Nekfeu qui dit “force à mes LGBT” dans “Menteur menteur“. Des gars prennent position, je n’ai pas honte de dire que je vais défendre la cause des femmes.
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C’est mon premier gros tournage, partir à l’étranger avec toute l’équipe, j’ai ressenti une certaine fierté. J’étais heureux de voir tout ce qu’on a fait, aujourd’hui on est en Espagne on tourne un superbe clip, c’est une sensation qui est folle. Ce texte est venu de ma tristesse, on travaille la prod. et on se retrouve à le tourner dans un endroit magnifique, c’est ça qui me rend super fier !
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Je pense, pour ma part, que la remise en question est essentielle, je ne pourrais pas vivre sans. Dans le milieu de la musique, si tu ne te remets jamais en question tu coules je pense. Il faut se dire “ok j’ai fait ça, est-ce-que c’est bien ?“. Pour ma part je pense que c’est important, après tout le monde ne le fait pas, chacun le vit comme il le sent.
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Il faut savoir que ma famille n’écoute pas de rap. J’ai un papa qui écoute du Stevie Wonder et une maman qui écoute de la variété française. Les artistes qui m’ont bercé c’était Francis Cabrel, Jacques Brel, Charles Aznavour. Il y a un artiste aussi qui s’appelle Martin Rappeneau, qui n’est pas super connu mais qui a une plume extraordinaire, et que j’écoutais quand j’était petit. En terme de rap, ce qui m’a bercé c’est la Sexion d’Assaut avec “L’École des points vitaux”, “L’Apogée”… je suis heureux de leur retour ! Après j’ai fait la rencontre de Booba et La Fouine à l’époque du clash. J’ai découvert tardivement les artistes que je kiffe le plus aujourd’hui, notamment Nekfeu que j’ai découvert avec “Feu”, je ne connaissais pas du tout l’Entourage et tout ça. Aujourd’hui il y a Moha La Squale, PLK, Maes aussi, cette nouvelle vague que j’aime énormément.
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J’aimerai bien oui ! Je pense que ces mecs-là ont réussi à se différencier. Quand tu écoutes Nekfeu ou PNL tu les reconnais directement. Quand tu écoutes Chiloo à la radio, je voudrais que tu me reconnaisses directement aussi ! (rires)
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Tu es absolument dans le vrai, c’est exactement ça. Le rap est intervenu à un moment de ma vie où les personnes que je fréquentais me faisaient du mal et je ne pensais plus à elles quand j’étais focalisé sur le rap. Ça m’a fait passer à autre chose, prendre du recul. En écoutant du rap j’ai développé un amour inconditionnel pour ce genre musical.
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C’est Pierre Michelet et Arnaud Krivaneck, les deux gars avec qui je bosse depuis le début, ils font partie de l’équipe. On a plein de manières différentes de fonctionner, ils m’envoient des prods et je leur demande de les retravailler, de les développer, de faire quelque chose d’un peu différent. Ils sont archi-polyvalents, ils savent tout faire, ils peuvent faire des trucs hyper sombres et des trucs hyper joyeux comme “Laissez passer” par exemple.
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J’ai beaucoup écouté Stromae, et très récemment j’ai réécouté “Racine carrée“. C’est vrai que dans le rythme et tout, il y a une ambiance un peu similaire. Oui on peut dire qu’il a été une de mes influences.
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Bien sûr ! Le “ça” représente les pulsions qu’on peut avoir, souvent de l’ordre sexuel mais ça peut être plus large, ce sont des envies soudaines, incontrôlées. Le “surmoi”, selon Freud, est censé contrôler le “ça” pour donner le “moi”. Quand j’écris ce texte, j’ai l’impression que les pulsions qui me traversent sont des envies, c’est dans cette idée que je dis que “le ça a pris la place du surmoi”. Il y a des choses que j’ai fait par pulsion et que je regrette.
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Ouais, j’suis le seul à participer ! (rires) Et ma prof aime beaucoup ce que je fais. Je sais pas comment ça s’est su, mais mes profs le savent et j’ai pas mal de soutien de leur part, et ça c’est assez fou. Je me suis jamais fait rembarrer parce que je parle de mon projet musical. La prof de philo parfois elle vient me voir et me dit “ah j’ai bien aimé ce son“, c’est assez marrant. Mais oui j’aime bien la philo, je suis pas un mordu non plus mais je trouve qu’il y a des choses très intéressantes, les analyses de Freud ou d’Heidegger par exemple.
iHH
C’est une super question, on peut dire que oui je suis un “rappeur à textes“, même si je ne sais pas si je suis suffisamment développé dans ma carrière par me considérer comme tel. Peut-être que dans quelques mois l’envie me prendra d’écrire des textes un peu plus légers, mais pour le moment c’est vrai que mon rap est “à textes” si on peut dire ça comme ça !
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Sur le premier EP on a pas mal parlé et on souhaitait vraiment développer l’image Chiloo, que je me développe en premier, que je me fasse une petite place. Un feat sur cinq sons c’était, à notre sens, pas la meilleure des choses à faire. Après, je suis très ouvert sur les collaborations futures, je cherche à me développer d’abord mais j’adore le contact humain, dans l’avenir je pense qu’on peut s’attendre à des collaborations, ça va dépendre de pas mal de choses mais on a envie de collaborer avec d’autres artistes.
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Alors on a fait la cover avec mon directeur artistique Célestin Soum [qui réalise aussi les clips de Chiloo – NDLR]. Sur la cover il y a une lampe, on peut se dire “mais qu’est-ce-qu’elle fout là ?” (rires). La lampe en fait elle fait référence à mes premiers clips, sur “Conte de faits” et sur le freestyle “100k abonnés”, il y a toujours une lampe qui traîne quelque part. Ça représente un côté mélancolique, parce que globalement cet EP est mélancolique, la lampe c’est une belle référence pour les personnes qui ont regardé “Conte de faits” ou le freestyle “100k“. Le fait d’être allongé sur une bâche c’est peut-être aussi une référence au clip de “Promesses à tenir“, tu peux interpréter ça comme tu veux en fait.
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Je sais pas trop, on a essayé de faire un gros clin d’œil, on a commencé comme ça, avec les freestyles. On les appelait les “freestyles lampes” avec l’équipe tu vois ! Les gens comprendront le clin d’oeil, mais je pense qu’on essaiera quand même d’autres choses pour les prochains projets !
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On réfléchit vachement à l’après, j’ai hâte de voir comment va prendre l’EP, s’il prend bien on pourra partir sur un album, sinon peut-être un deuxième EP. Pour l’instant le mood c’est écriture, écriture, écriture, se faire plaisir, tenter des choses, on avance beaucoup comme ça. Et bien sûr il y a les études à côté, avec le confinement c’est plus relax, mais il faut quand même assumer.
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Ça c’est l’objectif, bien sûr ! J’ai très hâte d’aller le défendre, ça a été beaucoup de travail et on a envie d’avoir le retour du public. Puis même, je n’ai pas fait beaucoup de concerts donc je veux en apprendre plus, j’ai envie de me développer. J’ai envie d’y aller bien préparé, savoir à quel moment je dois faire ci ou ça, on va se préparer cet été, on va essayer de faire quelque chose de bien.