Affiches de concert, flyers, autocollants… Et si ces artefacts trop souvent considérés comme des objets secondaires relevaient bien plus que du simple outil de communication éphémère ? C’est ce que s’attarde à démontrer de manière implacable l’exposition Graffizm à la Maison Folie de Wazemmes à Lille (jusqu’au 2 juillet). Au-delà de son aspect purement historique, l’expo nous montre également comment l’art du graffiti au travers de ses oeuvres a impacté durablement la société, notamment le graphisme et la communication actuelle.
“La mémoire se perd. Si nous, les acteurs de ce mouvement, on ne raconte pas cette histoire, qui le fera ?”. Ces mots prononcés par IshamOne, commisssaire de l’expo et figure reconnue dans le milieu du graffiti à l’échelle internationale (il bosse régulièrement pour Live Nation, a réalisé des pochettes d’album pour Mickaël Jackson, Rocca, Big Red ou Manu Key et collabore à Linear labs, le label d’Adrian Younge) sont lourdes de sens. Lui qui a découvert le hip hop à travers le graff à la fin des années 80 dans sa ville de Maubeuge veut aujourd’hui faire valoir ce patrimoine graphique afin de restituer aux plus jeunes (et aux autres) cette mémoire trop peut exploitée. En trois volets, l’expo met tout le monde d’accord sur la légitimité de cette entreprise.
1 ère partie : la Cornell Hip Hop Collection
La prestigieuse université new-yorkaise possède une des plus belles collections de flyers et affiches de concerts des premières block parties. Souvent réalisées à la main, ces archives (comment les appeler autrement) sont d’une valeur historique indéniable. Leur côté artisanal, presque naïf leur donne une dimension encore plus grande.
2 ème partie : NOWADAYZ
Certainement la partie la plus jouissive pour les fans de hip-hop (rap et graff). Des dizaines d’affiches de concerts réalisées par des artistes originaires des Hauts-de-France et de Belgique, reconnus à l’échelle nationale voir internationale : 123klan, Shake 971, Isham One, Felix, Kylab, Jaek el Diabl, DeeMo, CNN crew, Ben Eddie… On se balade à travers les posters comme un enfant dans un magasin de bonbons, entre curiosité, découverte et émerveillement. La différence de styles est juste bluffante et part dans toutes les directions.
CREATE YOUR DATE
C’est la carte blanche laissé aux artistes. Créer de toute pièce l’affiche du concert de leur rêve. Et ça donne des trucs plutôt réussis.
Bonus
En plus de proposer un atelier au sein même de l’expo pour créer toi-même ton affiche, Graffizm abrite quelques curiosités qu’il mérite de souligner. Idée géniale dans une expo sur les affiches, celles de recréer une chambre d’ado par exemple. Effet garanti !
On peut également apprécier les objets de comm’ totalement originaux comme des pochettes de cartes à collectionner ou une boîte de (faux) Smacks à découper et monter soi-même !
Seules oeuvres sans lien direct avec le mouvement hip hop, des reproductions des Black Panthers, parmi les premiers à s’approprier l’art graphique comme vecteur de leur lutte et à se forger une identité visuelle via leurs affiches.
Graffizm, jusqu’au 2 juillet à la Maison Folie de Wazemmes, 70 rue des Sarrazins, Lille.