Texte : Maude Jonvaux

YARD publiait il y a quelques jours un mini documentaire “DES VISAGES” signé Hugo Bembi, sur un sujet de société, pourtant très visible dans le rap game, mais peu traité dans les médias : la culture du face tattoo en France.

Ils sont partout sur les visages, s’arborant au coin des yeux ou sur le front, les joues ou le menton, les tatouages s’exposent et se revendiquent sur les peaux de nos rappeurs. Pourtant, ils n’ont rien d’anodin. Suicide social pour certains, revendication de la pleine liberté pour d’autres, ce choix singulier peut exprimer une philosophie de vie jusqu’au-boutiste comme un moment d’insouciance qui sera peut être regretté un jour.

Le réalisateur, Hugo Bembi, est parti à la rencontre de ces jeunes et moins jeunes personnes tatouées au visage. Se succèdent devant sa caméra Seth Gueko, le barlou préféré des français, le rappeur mélancolique Guizmo, mais aussi SidiSid, rappeur membre du groupe Butter Bullets, Youv Dee, et des femmes également comme l’artiste DJ Kendra Kistune ou Zoovie Kayuzoshi.

Si certains des artistes interviewés voient dans leurs tatouages de visage quelque chose de très personnel, symbole d’une liberté revendiquée (Guizmo en parle très bien), ou l’expression d’un art, d’autres y verront un caprice de jeunesse qui sera regretté, un manque d’intimité vis à vis de son propre corps, voire une provocation.4

Symbole fédérateur ou mode à suivre ?

Le tatouage au visage ne date évidemment pas d’hier. Les polynésiens, maoris et néozélandais (pour ne citer qu’eux) n’ont pas attendu l’avènement de 6ix9ine pour se tatouer le visage. Mais au centre de ce mini documentaire, il est bien question de la perception du face tattoo en France en 2019 par ceux qui les portent, ceux qui les font et ceux qui les voient, et c’est là que réside tout l’intérêt de la réflexion.

Finalement, une pratique vieille de plusieurs millénaires (on retrouve même des tatouages sur le célèbre Ötzi, l’homme des glaces dont la mort estimée remonte à 3500 av. J.-C.), se retrouve au cœur de grands débats sociologiques mêlant les mœurs et les valeurs de chacun. Alors que la tatouage a pu être un rite de passage à l’âge adulte pour certains peuples, un symbole fédérateur tribal pour d’autres, n’aurait-il pas la même finalité aujourd’hui ?

C’est la question que certains soulèvent. L’identification a un groupe ne serait elle pas au centre du face tattoo ? Pour SidiSid, « c’est presque une façon de percer […], de se tatouer le visage. Tu peux te tatouer le visage et dire : Je me tatoue le visage, du coup je suis obligé de réussir. » Le tatoueur Maxence Varlet évoque également des tatouages sur le visage omniprésents dans nos feeds instagram. « Pour être cool, il me faut un tatouage sur la tête » conclue t’il, évoquant l’influence de ce bombardement d’images sur les jeunes.

Pour 8Ruki, tout est une question de choix, « la vie est trop courte », carpe diem et liberté sont mis en avant. Kendra Kistune rappelle que pour elle il n’est question avant tout que d’amour et de se sentir bien dans sa peau. Autant de points de vues possibles que ceux d’une jeunesse diverse et variée, amoureuse du tatouage, qui s’exprime sur le sujet.

Sans parti pris, vous adorerez découvrir ce documentaire disponible sur ce lien.